Citation :
Du coup le sans muserolle, dans ma tête, c'est plutôt un truc de cavalier hippie d'extérieur qui ne fait pas grand chose de précis (pardon hein, je m'inclus 10 fois dedans) en dressage, par exemple.
Ou alors vous avez des contre-exemples ?
Et des exemples plus précis de ce qu'il est possible de faire en dressage avec muserolle et qui est bien plus difficile voire hyper compliqué sans ?
Pardon pour mes questions, mais comme jusqu'à présent j'ai surtout lu du pour / contre dans ces pages avec des choses assez générales (genre "ça amène du frein" ou "ça bloque"), je suis toute piquée de curiosité.
Le « sans-muserole » c’est comme le « avec nose-band ». Il y a tout et son contraire. ce n’est pas forcément une question de difficulté mais plus de justesse et de culpabilité. C’est toujours désagréable de voir son cheval ouvrir grand la bouche, retourner sa tête et sortir toute sa langue, genre « AAAïïïïïïïïïïïïe, au secours, arrête ça tout de suiiiiiite ».
Pour moi, c’est surtout un bon coup de pied au c.l pour corriger mes aides ou ma demande. Donc, je mets ma fierté de côté, j’écoute mon cheval et je réfléchis à ma façon de faire pour l’améliorer. Si je mets une muserole mon cheval n’aura plus la possibilité que de dire « Aïe » et en plus, ça se verra à peine. Je peux même faire comme si je n’avais pas entendu si quelqu’un passe dans le coin à ce moment là. Et finalement, je ne saurais pas si c’est un vrai « Aïe » ou un « AAAïïïïïïïïïïïïe, au secours, arrête ça tout de suiiiiiite ».
Certains pensent qu’en retirant la muserole, ils pratiqueront une équitation de légèreté respectueuse du cheval. Mais tant qu’ils manquent la technique et le tact, c’est archi faux. Tout comme de monter rênes longues ou sans contact avec le mors, ou sans mors. Tout ça se résume à des apparences. La vérité est ailleurs comme disait l’autre.
La vérité est dans l’acquisition d’une bonne technique équestre : une position correcte, des aides correctes, des exercices adaptés, un travail construit en fonction des aptitudes et du potentiel du cheval. Si on a travaillé suffisamment pour appréhender ça intelligemment, je serais tenté de dire : peu importe les outils employés ou non employés car on ne devrait pas faire trop de bêtises.
Donc, c’est plus compliqué de montrer un cheval dans une attitude stable si tu te passes d’outils limitant le mouvement. C’est un peu une évidence. On a à faire à un être vivant réagissant à ses propres émotions et ses propres désirs. Plus on laisse de la liberté, plus on admet « l’imperfection ». Du moins dans son aspect visuel.
Limiter le mouvement du cheval créé l’illusion de la stabilité d’une attitude. Mais au final le cavalier ne sait toujours pas faire les choses lui-même. ..Si le recours à l'outil est pris comme la réponse à un problème.
On peut développer un frein puissant par la seule utilisation des aides naturelles avec un mors simple, sans user de force, mais en ayant une maitrise technique. Cela nécessite que le cavalier est un maitrise de son équilibre, une assiette profonde, très juste, un dos en place et tonique, un juste à propos dans sa position des mains et des résistances qu’il va envoyer au cheval, une juste sensation de la locomotion du cheval en l’instant. Avec ça tu peux assoir un cheval assez brutalement sur les hanches, sans te soucier de ses capacités, en 2 secondes. En cas d’urgence uniquement, bien entendu. Les qualités du cavalier dans ce cas extrême vous aussi le sauver pour encaisser le coup de frein à main que ça va produire et empêcher que ça vire au désordre total tellement c’est désagréable pour le cheval. Et puis si ce cavalier à du respect, il ne fait ça qu’en cas d’urgence absolue et il se confond en excuse après car ça lui fait mal au cœur. J’en parle parce que j’ai eu à le faire. Et j’avoue aussi ne pas estimer être capable de le faire sur n’importe quel cheval, j’ai bien conscience des limites de mes compétences et je déteste me faire peur.
Ça c’est pour répondre au fait que le frein c’est une question de technique. Et que le constat est toujours le même : ce qu’on ne sait pas faire avec la technique et bien soit on y travaille, soit on prend un outil qui le fait à notre place
Je ne sais pas si j’ai vraiment répondu à ta question.
Je peux essayer de résumer ainsi :
L’absence de muserole, ou de tout autre outil limitant, te met juste cruellement face à la réalité de tes compétences. Pour moi, l’intérêt est pédagogique. Ça demande de mettre son amour propre, son image, de côté, de revoir ses priorités.
La présence de muserole, ou de tout autre outil limitant, décharge plus ou moins le cavalier d’une certaine responsabilité technique.
Ce que tu obtiens grâce aux outils, c’est autant de connaissance équestre en moins. Enfin, dans le contexte dont on parle, où le recours à l’outil est justifié par un manque de frein, de direction, de stabilité, etc…
Ensuite, il y a les effets de mode, l’influence des « stars » de l’équitation que le commun des mortels imite en étant loin d ‘avoir leurs connaissances et leurs talents.
Et puis aussi les exigences des règlements de concours, même à petit niveau. On impose des résultats mais on autorise les rustines, cherchez l’erreur… c’est dommage. Il est évident que si les règlements imposaient une attitude juste en interdisant les artifices, il y aurait plus de travail à la maison et plus de vrais cavaliers sur les terrains.