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Mon petit recit
Posté le 20/11/2016 à 11h36
dmal
Posté le 20/11/2016 à 11h36
Je continue
Du coup, après de long mois au côtés de T, je commence à beaucoup m'attacher à sa tête d'ange. La fin de l'année scolaire approche doucement, et je réfléchis de plus en plus à le prendre en DP. Je pèse donc le pour et le contre, et pendant mes réflexions je me résonne, le centre est vraiment trop loin pour moi, enfin surtout pour mes parents. La route pour y accéder est dangereuse, et maman refuse de m'y accompagner en hiver, elle a peur d'avoir un accident. En plus de cela, le centre n'est pas forcément adapté pour les clients non propriétaires, nous sommes donc dans un manège avec peu de lumière, que l'on doit allumer qu'en cas "d'urgence", et qui fait un bruit terrible. Et nous allons dans la carrière qu'une fois par an, et encore. Malgré tout j'adore ce centre, et les gens là bas, mais simplement, en toute logique, y venir plusieurs fois par semaine n'a pas grand interêt.
Lors d'une séance de saut, avec T où tout allait bien, je dis en rigolant "On a tellement fait de progrès, faut nous mettre dans l'équipe de concours.", et voilà qu'L me répond "Justement, j'allai t'en parler, il y a un concours dans quelques semaines, j'aimerai bien que tu le fasses avec T, et si tu veux tu prends un autre cheval pour un deuxième tour pour te faire plaisir quand même". Ni une ni deux, je dis oui. Mais en rentrant ce soir là, le stress commence à monter. Un obstacle isolé, on gère (et encore..), un petit enchainement, on pseudo-gère, un enchaînement de 10 obstacles, en carrière, avec la musique et la pression de temps, on gère pas. Mais j'ai horreur d'abandonner, et d'ailleurs c'est même pas une option, au pire je tombe, et au mieux je réussi. Je, enfin nous.
J'en parle à mes parents, qui ne sont vraiment pas pour l'idée, mais ne m'arrêteront jamais dans ma passion, si je le sens c'est parti. Du coup les prochaines semaines, c'est je mange T, je bois T, je respire T et surtout je monte T aha. Et puis je réfléchis aussi à ma deuxième monture, j'ai le choix entre une jument que je n'apprécie pas des masses, et une que je n'ai jamais monté. On sait ce que l'on perd, pas ce que l'on gagne, bah du coup c'est décidé je prendrai celle que je ne connais pas.
Pas le temps de m'habituer à cette monture, je suis bien trop occupée à réviser les acquis avec T, bien tout vérifier, les obstacles aux deux mains, les tournants, la vitesses, le contrôle, les foulées, et la concentration ultime pour repérer le moindre signe de refus. Je peux vous dire que le cheval c'est bien un sport, et même mentalement!
La boule au ventre grossit de jour en jour, mais c'est vraiment tout ce que j'aime, c'est l'adrénaline, le challenge et la pression. Oui bon, je l'avoue que je ne faisais vraiment pas la fière ce certain dimanche matin. T me fatiguait déjà rien qu'au pansage, du coup j'étais bien contente d'aller à la reco, pour pouvoir me concentrer et me calmer. J'étais avec cette adorable dame, beaucoup plus âgé que nous, et qui parle avec un super accent, mais qui est franchement adorable. Elle était la à mon autre concours, et cette fois on a fait la reco ensembles, elle me donnait pleins de petits conseils, et j'avais la sensation de connaître mon parcours par coeur. Je vous avoues, que ca m'a retiré un poids, j'ai tendance à tout oublier quand le stresse monte, et j'aurai pas voulu faire le parcours a l'envers.
Enfin bref, le parcours est simple, c'est une club 3, pas la mer à boire, quelques petites difficultés, mais déjà si je rentre en piste correctement on s'estimera heureux. Je retrouve T, qui bouge dans tout les sens, et je commence à vraiment paniquer. Au passage je croise une autre jeune fille, elle le prend également, mais je passe première, donc en gros elle attends de voir mon passage pour abandonner ou non. Je dois monter dans la cours, et passer le long de la route pour rejoindre la partie propriétaire et aller détendre. Du coup je suis encerclée, ma monitrice, ma famille, les gens qui me souhaitent bonne chance etc.. Et puis ca permet d'obliger T à se tenir un minimum.
L'entrée au manège pour la détente fût laborieuse, et la détente aussi. Poney très chaud, pas content d'être là. Je ne veux pas gêner, donc je saute deux obstacles et je me mets en piste intérieur pour le calmer. L doit partir juste après mes obstacles, mais exige qu'on l'appelle quand je passe. Je demande une cravache dans les tribunes, juste histoire de. Je sors du manège aussi vite que j'y suis rentrée, et j'attends patiemment mon tour dehors. Ma famille en profite pour faire séance photo, mais autant vous dire que j'étais en état de stress absolu donc pas au top photogéniquement parlant :P.
La cavalière avant moi entre en piste, je demande qu'on aille chercher L, le temps qu'elle arrive, je pense que ce sera mon tour. Bizarrement j'ai l'impression que le tour de la cavalière d'avant a duré en tout et pour tout 10 sec. :'). Les gradins qui étaient bien vides se remplissent d'un seul coup, bah oui, tout le monde veut me voir tomber. C'est pas méchant, j'me doutais bien, mais ca met la pression, et en plus j'ai pas envie que T chauffe. Au premières loges, ma maman, et le reste de ma famille, L, la seconde cavalière de T et mes coupains de mon cours. La porte s'ouvre, on me lance deux/trois "bonne chance" et un "si tu tombes c'est pas grave". La cavalière sort, et moi je rentre, je regarde L qui me fait un petit sourire pleins de stress. C'est pas facile pour elle non plus, c'est "de sa faute" si je tombe, car m'engager avec un poney pas forcément prêt... Et puis elle s'entend pas forcément bien avec la direction, du coup elle veut pas que ca lui retombe dessus, ce que je comprends, mais c'est tout benef' pour elle si on s'en sort bien!
Quitte à amuser la galerie, je décide de prendre mon temps, je suis pas là pour gagner, je suis la pour montrer que T sait faire (enfin même moi j'en suis pas si convaincue, j'avoue), du coup entrée au pas jusqu'aux juges que ca plaise ou non. Oui bon ok, je fais la maligne mais T en a décidé autrement, ce sera donc entrée au petit trot. J'aperçois du coin de l'oeil que ma maman donne l'appareil à une amie, elle tremble de trop je crois. :')
Je me présente, la voix toute tremblante et je me lance. Je répète le parcours dans ma tête, et je me souviens du "Tant que tu n'a pas passé la ligne de départ c'est bon" de L, du coup c'est petit tour de galop pour T histoire que j'ai le contrôle dès le début. J'avais prévue d'en faire deux, histoire qu'il comprenne bien que l'obstacle on le sautera quand je l'aurai décidé. (Un petit essai de contrôle aha :P)
Au final, on part au bout du premier tour, et la c'est parti, perdu pour perdu, autant que je lui fasse entièrement confiance. Du coup, je lui donne une confiance aveugle, il connait les terrains de concours, il sait que je suis pas là pour lui faire du mal, si c'est pas possible c'est pas possible.
Premier obstacle, on passe. Deuxième obstacle, on passe. J'entends les soupirs des gens dans les tribunes, chaque foulées est une remise en question. Est ce qu'on est vraiment prêts ? Et si je tombe ? Pas le temps d'y réfléchir, je suis lancée de toute façons. Il m'arrive t'entendre L me dire que tout va bien, pas trop vite, attention aux courbes, canalises le etc.. Mais très honnêtement je suis dans un état second, c'est beaucoup de stress mais également une énorme joie, obstacle 5, toujours pas tombée. La combinaison approche, j'y crois qu'a moitié, petit "aller" d'encouragement sur le premier, "c'est bien loulou" à la réception, et il y va tout seul sur le deuxième. 6a et 6b passés comme deux chefs. Mais c'est pas fini, encore quelques obstacles, le 8 que l'on passe miraculeusement alors que j'étais prête à tomber. Et enfin le 9, 10, 11 en ligne droite, c'est la dernière ligne droite. J'ai envie de crier victoire, mais je peux pas encore, faut rester concentrer, je le connais T, il va s'arrêter sur le dernier obstacle. J'ai soif de victoire, soif de réussir, pas pour le classement, mais pour lui, pour moi, et pour nous. Je sais que je partais en me disant que déjà si je passai le 1, je m'estimai heureuse, mais c'est pas vrai. J'ai envie de montrer qu'il est pas méchant, qu'il est pas ""vicieux"", qu'il y avait juste un problème quelque part, et qu'il en est capable. Mon état d'esprit change du tout au tout, je ne veux pas abandonner, ni me satisfaire d'un "tu auras essayé", je veux finir mon parcours, notre parcours.
Je me lance sur cette ligne droite, pleine d'espoirs et avec beaucoup d'adrénaline, je me rajoute une pression supplémentaire, la pire de toute, la mienne. J'encourage T comme je peux, je le garde entre mes jambes, je fais attention à mes mains, trop de main il s'arrête, pas assez il s'arrête. On passe tout proche des spectateurs, et c'est comme un moment de silence, tous le monde attends de connaître le verdict. Si prêts du but, mais tout peut encore arriver.
On passe le 9, le sourire revient. On continu, sur le même rythme, la même cadence, la même osmose, on passe le 10. Moment de doute, on peut pas s'arrêter maintenant. Petit claquement de langue, je le pousse une dernière fois à la voix et avec les jambes et on passe fièrement la ligne d'arrivée.
Je lâche tout, T galope encore pendant quelques secondes, je le laisse faire. Je passe la porte sous les encouragements et les félicitations. Je pleurs, je sais pas vraiment pourquoi, c'est une accumulation de sensations, d'émotions. L me félicite, félicite T, et nous fait un gros câlins. Elle ne fait que nous dire qu'elle est fière, qu'on a été parfaits. J'entends les juges "Sans faute" et un temps qui me parait être très bien classé.
La pression redescends, petits comme grand on me parle, on me débrief sur mon parcours, on souligne mon courage, et puis ma famille viens me voir. Mon papa tiens T, et je descends, j'ai les jambes qui tremblent, je me sens pas bien du tout, je fais un petit malaise. Je suis rattrapée par la copine de ma maman, qui me porte jusqu'a une chaise, et m'amène du sucre. Le temps de reprendre mes esprits, je rejoins T, le félicite par tout les moyens possibles. Je reste avec lui un bon moment, avant qu'il ne se prépare pour son deuxième tour, et moi pour le mien. Je passe juste après lui d'ailleurs.
Les petites qui avaient l'habitude de le monter viennent me féliciter, et me disent que je devrai faire les championnats de France avec (:P).
Mon deuxième tour, qui été censé rattraper le premier, est beaucoup plus compliqué. La jument est molle, ne répond à rien, c'est catastrophique. Forcément on fait un sans faute, m'enfin c'est évident, déjà elle enjambe les obstacles et ensuite même moi à pieds j'aurai fait plus vite (:')). D'ailleurs, si on regarde la différence sur les photos, on voit qu'elle enjambe et ensuite on voit que les photos sur T sont flous parce que fallait prendre au bon moment alors qu'avec elle ma maman a eu tout le temps qu'elle voulait haha. D'ailleurs, ma maman a même adoré regardé, parce que pour une fois elle n'avait pas du tout peur pour moi.
Je suis restée un peu, mais pas longtemps après mon deuxième tours, j'étais vraiment fatigué et mon dos me faisait terriblement mal. Mais T a fini 2 fois sans fautes, et on est dans les premiers, je suis donc rentré avec mon cadeau et mon flot toujours dans ma chambre.
Après cet évènement, T a beaucoup changé, il est redevenu comme avant, et plus personne n'en avait peur. J'ai arrêté de le monter très rapidement, je me suis lassée de monter le "chouchou du centre", j'avais besoin de challenge et L l'a très vite compris. T a donc reprit sa petite vie de poney de G1/2, et s'est découvert une vraie passion pour le saut. L'a tout gagné le loulou, les filles, le succès, et mes câlins aussi souvent que possible. Du haut de ses 9/10 ans, il faisait bien l'homme devant toutes les petites filles qui le bouchonnait à longueur de journée. :P
J'espère que cet épisode rattrapera mon retard. J'ai beaucoup aimé le raconter, c'était vraiment un moment important pour moi à plusieurs niveaux. Et puis ca fait toujours plaisir de réussir là où d'autres ont échoués, même si je ne suis pas la fée clochette car il a refait un sans faute juste après moi :P Je pense juste qu'il est rentré dans l'âge où il a bien compris que, si il s'arrête devant l'obstacle, les cavaliers prennent peur, descendent et lui rentre au box. Pas folle la bête. Mais pour le coup, c'est un très bon poney de saut, il veut juste pas travailler si il en a l'occasion!