Tannages cuir, quelles différences?

 Répondre au sujet
Auteur
11395 vues - 4 réponses - 0 j'aime - 0 abonné

Isa33

Apprenti
  

Trust : 10  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 387
Tannages cuir, quelles différences?
Posté le 09/01/2011 à 11h52

Bonjour à tous,

voilà, quand je lis des descriptifs de selles et autres éléments en cuir, je vois "tannage végétal" ou "anniline" (pas sûre de l'orthographe). Quelles sont les différences entre ces deux méthodes? Y en a-t-il une meilleure que l'autre?
Toutes les explications sur la préparation d'un cuir seront les bienvenues.

Merci d'avance pour vos réponses

Zenliberty

Membre ELITE Argent
  

Trust : 41  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 8639
0 j'aime    
Tannages cuir, quelles différences?
Posté le 09/01/2011 à 12h40

Ca m'intéresse aussi

Isa33

Apprenti
  

Trust : 10  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 387
0 j'aime    
Tannages cuir, quelles différences?
Posté le 10/01/2011 à 12h18

Up!

Zizouille

Novice

Trust : -  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 0
0 j'aime    
Tannages cuir, quelles différences?
Posté le 10/01/2011 à 20h39

Un petit texte que j'avais mis de côté il y a peu (écrit par un professionnel du tannage) :

Le cuir est utilisé depuis la nuit des temps car aucune matière ne rivalise en possibilités : se couvrir, se protéger du vent, des flèches ennemies ou des animaux sauvages, s'habiller, écrire, ranger, décorer . . . autant d'applications qui partent toutes d'une même source : une peau animale !

La peau est souple ou ferme selon son origine animale, mais aussi et surtout son mode de tannage. On comprend aisément que les types de cuir peuvent varier énormément. Le présent article ne traite que du cuir d'ameublement, par souci de clarté.

Les peaux brutes sont salées au sortir des abattoirs, afin de les conserver le temps de les acheminer vers la tannerie. Là les peux sont réhydratées par lavages successifs, puis écharnées, chaulées, épilées . . . C'est le travail de rivière, toutes opérations, faites à grandes eaux, qui visent à préparer les peaux au tannage proprement dit. A ce stade, les peaux ont perdu leurs poils et résidus de chair ou de graisse, elles sont lourdes et gorgées d'eau, on les dit "en tripes" (car leur aspect rappelle celui de viscères). Elles sont ensuite 'confites' avant de passer au stade du tannage.

Le cuir d'ameublement est principalement d'origine bovine, les autres origines (porc, chèvre, mouton, cheval . . .) ne sont que très rarement représentées. Ces peaux sont tannées selon deux méthodes principales : le tannage au végétal (écorce de chêne, mimosa, quebracho, etc....) où les substances tannantes sont d'origine . . . végétale ! Ensuite le tannage aux sels de chrome, technique plus moderne. Mais ces modes de tannage peuvent se combiner: un tannage au végétal incomplet, puis un tannage chrome ou un tannage dit synthétique (agents de synthèse, d'origine non végétale et sans chrome). Dans ce domaine chaque tannerie dispose de ses propres méthodes, afin de différencier les cuirs les uns des autres ou simplement pour conférer au cuir des propriétés spécifiques.

Le tannage végétal est long, donc coûteux, il confère au cuir une grande fermeté, c'est le cuir des besaces de nos grand-père. Le tannage chrome est rapide, il laisse une grande souplesse au cuir, les cuirs à tannage combinés sont semi-rigides, ils possèdent un peu les deux caractéristiques à la fois. La majorité des canapés de production classique sont recouverts de cuir tannage chrome. A ce stade, les peaux sont dites en "wet blue" car leur aspect est luisant, comme une peau de chamois trempée, mais de teinte gris-bleuté, ceci est dû aux sels de chrome. Les cuirs tannés au végétal, sont de couleur ocre clair.

Nous allons suivre ci-dessous les étapes majeures de la finition du cuir (sans entrer trop avant dans la technique), afin de mettre en avant les grands types de cuirs d'ameublement actuellement sur le marché. Il y a de nombreuses techniques qui donnent un cuir particulier dont nous ne parleront pas ici, encore par souci de clarté.

Après tannage, il faut encore donner au cuir un aspect esthétique agréable, corriger ou atténuer des défauts de surface, et lui donner une certaine stabilité mécanique ou esthétique, le cuir tannage végétal naturel est de teinte ocre très clair, le cuir tannage chrome est gris-bleuté (on dit en Wet-blue), comme vu ci-avant, il faut maintenant lui donner une teinte particulière. Le cuir est coloré à l'aide d'aniline dans toute sa masse (mais attention: la masse n'ayant pas la même structure partout, la teinte varie selon la structure, ceci est visible quand on examine la tranche).

Si la peau ainsi traitée est assez homogène en couleur et si sa surface n'est pas trop marquée (cicatrices, piqûres, vergetures, dermatoses . . .) alors elle reçoit une imprégnation d'huile ou de graisses, sa surface est ensuite cirée ou parfois siliconée, et rien d'autre. Ce cuir est extrêmement doux et chaud au toucher qui peut être gras ou poudreux selon la méthode utilisée pour sa finition (il en existe une grande quantité et ces méthodes sont jalousement gardées par les tanneurs). On nomme ce cuir : pleine fleur, pur aniline. Il se patine vite, il se tache assez facilement, il décolore vite en pleine lumière, mais son aspect et son confort sont uniques et inimitables, et bien que fragile ce cuir dispose d'une très bonne longévité, c'est un cuir de grand luxe. Il devient plus stable au fil du temps, si un entretien correct et adapté lui est régulièrement appliqué.

Les peaux dont la surface est de nuance trop aléatoire ou trop marquée pour rester "naturelle", reçoivent une couche protectrice extrêmement mince d'un mélange de pigments (matière colorante choisie de la teinte la plus proche de la coloration aniline déjà reçue) et de résines. Cette couche laisse les pores ouverts mais uniformise la teinte sans masquer la structure du cuir. Ces cuirs sont appelés "semi-aniline". C'est en général le cuir qui recouvre les sièges haut de gamme, surtout utilisé dans les années 70 à 90 (il est aujourd'hui détrôné par le cuir pigmenté moins cher). Très similaire au cuir pur aniline, son toucher est un peu moins sensuel et sa surface reste intacte, tandis que sa teinte est bien plus homogène. Moins sensible aux taches, il est plus facile à vivre, mais il a tendance à dessécher si on n'y prend garde. Il nécessite aussi un entretien régulier et adapté.

Le cuir pigmenté est réalisé de la même manière que ci-dessus, mais le film de surface est bien plus important, dans le but d'une part de masquer de plus grosses imperfections et d'augmenter la résistance à la lumière et à l'usure. L'art consiste ici à ne pas boucher complètement les pores, auquel cas le cuir ne respire plus et sa surface peut craqueler. Un bon cuir pigmenté doit être micro-poreux et laisser passer la vapeur d'eau, mais arrêter l'eau en phase liquide. Ce cuir est idéal pour un usage intensif et il est facile d'entretien car il se nettoie à l'eau savonneuse. Son toucher est plus froid que les précédents tandis que la structure reste quand même visible. Ils sont parfois foulonnés (pour un grain naturel accentué).

Mais à ce stade, sur 100 peaux: environ 7 sont pur aniline, 10 à 12 en semi-aniline et 20 sont pigmentées, il en reste à peu près 60 (ceci varie fortement d'une origine à l'autre, il y a plus de "belles peaux" au nord de l'Europe que dans le sud, donc les chiffres ici sont donnés à titre indicatifs). Ces peaux sont trop marquées que pour être finies de l'une ou l'autre des manières indiquées plus haut. Elle vont subir un "ponçage" de surface pour corriger les défauts. On ne peut plus parler dès lors de cuir "pleine fleur" puisque cette fleur est enlevée (du moins altérée), ces cuirs sont dits "corrigés". Après correction, ils sont enduits (donc pigmentés) fortement puis "imprimés" afin de restaurer une structure cuir à sa surface. On comprend vite que ces cuirs ont une surface extrêmement homogène partout: grain et couleur sont rigoureusement identiques du centre de la peau aux extrémités des pattes. Ces cuirs sont d'un toucher assez froid (bien que de nombreux progrès aient été réalisés ces dernières années) et ils sont presque étanches. Ils sont les cuirs les plus répandus sur nos canapés aujourd'hui. Leur prix est intéressant, mais leur durée de vie reste bien moins bonne que les cuirs pleine fleur.

Enfin, signalons la croûte de cuir. Celle-ci provient des couches profondes de la peau, qui brute dépasse les 20-30 mm d'épaisseur. La peau est donc 'tranchée' (dérayée) à l'épaisseur choisie (entre 10 et 25 /10e de mm), seule la partie supérieure (supportant à l'origine les poils de l'animal) est du cuir, les parties inférieures sont fibreuses sur les deux faces et l'une est enduite et imprimée comme les cuirs corrigés avec lesquels ils se confondent aisément à l'œil nu. Cette "croûte" ainsi préparée sur une face ne peut être vendue sous l'appellation cuir. Il existe une autre méthode de fabrication de la croûte: la croûte-transfert. Il s'agit de broyer les fibres qui sont amalgamés à une résine et laminés en couches minces. Est appliqué en surface, un film polyuréthanne avec l'aspect cuir. Le plus connu de cette gamme de produits est le Bay-cast, brevet déposé par Bayer. La croûte (surtout le Bay-Cast) est lourde et donne une fausse impression de robustesse. La durée de vie d'un siège en croûte est bien moindre qu'un siège en cuir véritable : la croûte supporte très mal la transpiration et les graisses (poil du chien, par ex)

En résumé, le cuir est complexe, et extrêmement diversifié, un siège pour la cuisine aura avantage à être en cuir corrigé, peu onéreux et lavable, un canapé pour les loisirs en famille sera idéalement en cuir pleine fleur pigmenté, des fauteuils de réception seront mis en valeur en cuir semi-aniline, voir pur aniline, les pièces de grande valeur ne seront jamais recouverts de cuir fleur corrigée. Mais ceci n'est pas une règle immuable, la véritable règle, pour un achat dont on sera pleinement satisfait, c'est que le cuir doit être choisi en fonction de l'usage d'abord, non en fonction de son prix ou de sa couleur.

Zizouille

Novice

Trust : -  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 0
0 j'aime    
Tannages cuir, quelles différences?
Posté le 10/01/2011 à 20h48

Un site apportant des éclaircissements plus simples pour les néophytes
http://peausserie-cuir-vachette-collet-vegetal-cuir-et-peaux.cuirs-cpl.com/cuirs.htm


Les différents tannages

Tannage végétal

Dans ce processus la peau est traitée avec des tannins végétaux extraits de l'écorce et du bois de certains arbres. Pendant des siècles, l'écorce du chêne a été utilisée comme source de tannin, mais aujourd'hui, le tannin de mimosa, extrait de l'écorce de différentes variétés de mimosa, est plus commun. Le tannage végétal est traditionnellement effectué dans des fosses : les peaux sont suspendues dans une série de fosses ou de cuves remplies d'une solution tannante qui devient de plus en plus forte jour après jour. Ce processus est lent et peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant que les peaux soient entièrement tannées. Cette méthode est à présent rarement utilisée dans la production du cuir d'ameublement. Des processus plus modernes contrôlés de manière plus scientifique sont empruntés, utilisant des foulons dans les étapes plus tardives du processus afin de l'accélérer.

Tannage minéral

Ce tannage est généralement effectué à l'aide de sulfate de chrome basique, un sel minéral qui pénètre très rapidement dans la peau, le processus de tannage est ainsi complété en vingt-quatre heures. Le cuir est alors d'un bleu canard léger/pale, et après les traitements appropriés deviendra un cuir souple moderne de haute qualité. D'autres tannages minéraux (ex: alun) sont également utilisés.

Le retannage

Les peaux sont maintenant dans la dernière étape de production. Un processus de foulonnage permet l'ajout de teintures, de fongicides chimiques, d'un agent de retannage, de liqueurs grasses qui donnent au produit fini une souplesse au toucher, et si nécessaire des produits ignifugeants.

Séchage

Les peaux sont tout d'abord séchées en essorant le surplus d'eau dans une grande essoreuse ou machine de mise à vent, et en étendant les peaux sur un cadre qui est ensuite passé dans un séchoir.

Les différents types de finitions

Pigmentation et vernissage

On applique des pigments sur la surface des peaux finies. On les enduit par rouleau ou par combinaison pour la première application, et au pistolétade par pulvérisation pour ajouter les couches de pigments suivantes. Une couche finale de vernis est appliquée afin de donner au fini une pellicule protectrice contre l'usure et les salissures.

Impression

On « imprime » parfois un grain sur la surface du cuir. Ceci crée un break plus uniforme (l'aspect naturel qui apparaît sur les plis de la peau) et permet de camoufler les cicatrices et les marques.

Lustrage

Les peaux sont placées dans de grands tambours rotatifs en inox. Au cours de ce processus les fibres naturelles commencent à se détendre et une souplesse au toucher (la poignée) est créée.

Le cuir pleine fleur est un cuir ayant conservé sa surface d'origine : la fleur. Partie noble du cuir, laissant apparaître les caractéristiques de la peau : grain naturel et rides.

Le cuir aniline est un cuir « pleine fleur » ayant reçu une mise en teinte au foulon à l'aniline sur lequel le finissage transparent est réalisé par un film protecteur très léger qui confère à la peau douceur et souplesse.

Le cuir fleur corrigée est un cuir ayant subi un léger ponçage de la fleur dans le but d'en homogénéiser la surface et de supprimer certaines marques trop prononcées.

Le cuir pigmenté se dit d'un cuir pleine fleur ou d'un cuir fleur corrigée sur lesquels le finissage opaque donne une surface plus régulière et une meilleure tenue à l'usage.
Tannages cuir, quelles différences?
 Répondre au sujet