Samedi dernier, à mon tour de faire ma rentrée équestre. Après 1 mois sans monter (depuis la féria) et 2 mois et demi sans poser mes fesses sur Ufano, je suis remontée à bloc, j'arrive aux écuries toute excitée et en mode guerrière !!
Je récupère le lou et prend tout mon temps pour son pansage comme à mon habitude. Lorsque je demande à Muriel quand est-ce que le manège sera libre pour que je puisse le longer (il y a désormais 3 reprises au lieu de 2 le samedi aprem), elle me rétorque : "Pourquoi tu veux le longer ?"
Euuuuuh bin parce que c'est ce que je fais depuis des mois à chaque fois que je le monte (sous son conseil à elle d'ailleurs). On en discute un peu : elle avance l'argument qu'Ufano a été super avec Enzo la fois d'avant sans avoir été longé, et que la séance de longe juste avant de monter a peut-être tendance à exciter le fauve plus qu'autre chose. J'hésite : elle a peut-être raison, et puis combien de fois il a eu fait l'andouille malgré la longe. Oui, mais... D'un coup je ne sais plus quoi en penser. Longe ou pas longe, il risque de faire l'andouille. Dans quel cas ce risque est-il le moindre ? Personne ne peut le prédire, pas même Muriel. "Je ne veux pas non plus te dire de ne pas le longer, je m'en voudrais après s'il te fait tomber". Bref, je dois prendre la décision seule... Allez, je tente !
Durant toute ma préparation, je suis abreuvée des éloges de Pauline et Charlyne sur la prestation d'Enzo la semaine précédente. J'essaye de le prendre de façon positive et de glaner quelques idées pour améliorer mon attitude (même si ça commence un peu à me barber... jalouse ? Peut-être un peu
).
Début de reprise, c'est parti !! Au pas, au trot, j'enchaîne les transitions, les figures, les changements de main, sur toute la surface de la carrière, sans jamais coller aux autres... Ufano n'a pas un instant pour réfléchir à la moindre bêtise, et ça fonctionne !! Il est aux ordres, il engage (Muriel me félicite), il est posé. Pourvu que ça dure !
"Quand vous voudrez, vous les galoperez". Aïe, un petit nœud s'insinue dans mon ventre. Non, non, non, on ne se laisse pas aller !
Allez c'est parti, on se cale sur un cercle dans l'angle de la carrière côté porte. Muriel demande aux autres de ne pas venir galoper trop près de nous. 2/3 tours au trot, Ufano est calé, aides en place... et je demande un départ au galop, face à l'angle bien sûr (et pas face au grand côté pour éviter de le tenter). Départ immédiat, 3 foulées cadencées.... quart de tour et le voilà lancé plein cul à travers toute la carrière !!! Je m'accroche comme je peux, calée dans les étriers, je tente désespérément de le ralentir, de le mettre en cercle... et comme d'habitude je n'ai plus aucun frein !!! Je prie, je serre les dents... ça ralentit, ça repart aussitôt... ça dure une éternité. Muriel qui me dit "d'arrêter de donner des jambes"... Sérieusement ? Je maîtrise rien, j'essaye juste de ne pas me ramasser !!
Ufano finit par se retrouver bloqué entre la clôture et la jument que monte Enzo, et repasse au pas une seconde... Je détache mon gilet (pitié qu'il ne reparte pas !) et saute à terre aussi vite que possible... Le cauchemar est fini, je ne sens plus mes jambes et mon cœur tambourine, j'ai la bouche sèche et le souffle court...
Muriel demande à Enzo de reprendre Ufano immédiatement, il me confie donc sa jument (une petite nouvelle appartenant à Séverine, la dame qui possède le petit Espagnol double psychique du mien). Je marche, j'essaye de redescendre... J'ai chaud, très chaud, trop chaud... Je suis perdue dans mes pensées et à 2 reprises la jument en profite pour... se coucher et tenter de se rouler ! Décidément, qu'est-ce qu'ils ont après mois ce jour-là ?!?? Son proprio la récupère, et je peux mieux observer Enzo... Il enchaîne les tours au galop dans un bon train, et même plusieurs obstacles isolés... Après quelques minutes, il me rend Ufano : trempé, essoufflé et totalement lessivé. Je me remet en selle pour la fin de la séance.
Ufano en a tellement plein les pattes qu'il trotte à peine. Tant pis, il l'a cherché ! Je n'ai plus aucune once de pitié pour lui. On franchit quelques barres à terre au trot en équilibre, il lève bien les pieds dans l'ensemble malgré la fatigue. Puis Muriel installe une petite croix à franchir au trot. "C'est comme tu le sens". Je sais que je n'avancerai jamais si j'en reste là, je fais donc quelques passages. Le fauve se tient à carreaux pour une fois. Je reste là-dessus tandis que Muriel installe un vertical à franchir au galop. Je ne veux pas non plus tenter le diable et j'ai eu ma dose d'émotions !!
Fin de reprise, pansage, douche, retour au paddock... sans carottes ! Oui, je suis fâchée. Cela ne s'arrange d'ailleurs pas quand Enzo trouve bon de me dire : "T'as pas mis assez de rythme au trot, du coup il a fait le con après". Je ne réponds pas. Je prends sa remarque comme une gifle. J'en ai marre, j'en veux à tout le monde, je les déteste, je déteste toutes leurs remarques perfides, je ne supporte plus qu'on me colle tout sur le dos alors que je donne tout, que je tente tout, que je risque "ma vie" à chaque séance. Comment ne pas baisser les bras ? La seule qui ne doute jamais qu'on y arrivera c'est Muriel. Mais même moi je ne suis plus sûre de rien. Bref je rentre chez moi la boule dans la gorge. Chéri rentre et me demande comment ça s'est passé : "J'ai encore failli tomber". Gros soupir, et il part vaquer à ses occupations. Il ne veut clairement pas en parler. J'ai BESOIN d'en parler. Je file à la douche, j'y reste un moment à laisser couler les larmes. Ce soir là, je vais mal. Et je ne vois plus le bout du tunnel...