on dérive un peu mais a quoi reconnait on un manque de force de l arrière main?
dos trop long? manque d engagement ? autre?
voici un article hyper intéressant :
http://chevauxiberiquesmagazine.com/?p=6148
QUELQUES RÉFLEXIONS DE JAN BEMELMANS SUR LE PRE (1)
31 JANVIER 2017 "CHEVAUX IBÉRIQUES" MAGAZINE ÉQUESTRE EN LIGNE
« Le cheval de pure espagnole n’a rien à envier aux autres races centre-européennes. Le seul problème, c’est que nous devons travailler à la préparation de ces chevaux, encore mieux et encore davantage. C’est avant tout le travail de la base qui manque ».
Ces propos datent de quelques années, mais ils restent d’actualité en ce début d’année et à la veille de l’ouverture de la saison de concours. La saison 2016 n’a pas été très favorable au cheval de pure race espagnole. La relève tarde à se faire connaître. Beaucoup de cavaliers de dressage espagnols doutent aujourd’hui des aptitudes du PRE en compétition de haut niveau. Beaucoup d’entre eux misent sur le cheval de dressage centre-européen.
Fuego de Cardenas et Juan Manuel Muñoz, Jeux équestres mondiaux 2010. Photo: Sarah C. Shechner
Pourtant on devrait peut-être garder en mémoire le point de vue de Jan Bemelmans. L’ex-entraîneur de l’équipe espagnole de dressage – pendant 15 ans- et actuel entraîneur de l’équipe française depuis 2013, affirmait sa confiance dans l’avenir sportif du PRE, dans un entretien paru dans la revue Trofeo Doma Clásica, en janvier 2009.
Voici un résumé et une traduction de ses propos:
Il y a très peu de chevaux ibériques qui arrivent réellement à haut niveau et ce n’est pas leur faute. Le cheval PRE serait beaucoup plus compétitif si on parvenait à instaurer un système d’entraînement structuré suivi par la majorité des éleveurs et des cavaliers.
Les chevaux espagnols ont montré en plusieurs occasions qu’ils pouvaient parfaitement être des chevaux de sport. Depuis Atlanta où ils ont pour la première fois participé à des Jeux olympiques, ils ont toujours pu accéder en finale, que ce soit à Sydney, à Athènes, ou à Pékin (Hong Kong), même si là, les Espagnols n’ont pas pris le départ.
Réd: En 2012, à Londres, Juan Manuel Muñoz et Fuego de Cardenas terminaient 11es au classement individuel, Daniel Martin Dockx et Grandioso occupaient la 29e position. A Rio en 2016, aucun PRE n’est arrivé en finale. Seul Grandioso avait fait le voyage.
Jeux Olympiques 2016. José Daniel Martin Dockx et Grandioso, le seul PRE à avoir défendu les couleurs espagnoles à Rio. Grandioso a été mis à la retraite en fin d’année 2016, à 17 ans. Photo Pierre Costabadie
Ces résultats reflètent bien la qualité de ces chevaux. Ceux qui parlent de hasard lorsqu’ils évoquent les succès des chevaux ibériques ne sont pas de bonne foi. On ne peut pas expliquer par le hasard le fait que ces chevaux se sont retrouvés en finale olympique plusieurs fois de suite. C’est une démonstration de la qualité de ces chevaux.
Des excuses…
Dire que le PRE manque de force, qu’il ne possède pas les leviers adéquats, ni le cadre, est un excuse, un prétexte. Je pense que c’est faux. Le problème, pense Bemelmans, c’est que jusqu’à présent (en 2009), en Espagne, ni l’élevage, ni l’équitation ne se sont orientés vers le sport, vers le dressage. Alors qu’en Allemagne par exemple, on élève, on monte et on entraîne des chevaux en vue du dressage, et cela depuis une centaine d’années
Il y a en Espagne, beaucoup de bons chevaux, prédestinés au dressage classique, exactement comme dans les autres pays, au même titre que les hanovriens. Les chevaux espagnols n’ont rien à envier aux autres. L’unique problème que nous avons, c’est de travailler encore plus et encore mieux à la préparation de ces chevaux, et avant tout à la construction de la base. Très peu de chevaux arrivent à haut niveau. Ce n’est pas de leur faute. La cause en est une mauvaise préparation.
José Antonio Garcia Mena et Norte Lovera. Un superbe palmarès aussi.
Trop de cavaliers n’utilisent pas une gymnastique adaptée à leur chevaux. Par conséquent ceux-ci n’arrivent pas à développer leur potentiel. Je me souviens par exemple d’une jument qui n’avait pas de pas, mais pour le reste, c’était un bon cheval. Elle est arrivée gagnante en Grand Prix. Elle a obtenu de bonnes notes pour le pas, parce que nous avons travaillé correctement cette allure. En Espagne, j’entends souvent dire que tel cheval n’a pas de pas, ou a un mauvais pas. Et la réaction, c’est de l’accepter plutôt que de travailler et de chercher une solution. Si le cheval a d’autres qualités pour le dressage, nous devrions essayer de pratiquer une gymnastique adéquate afin de développer le pas.
Entraîner un PRE
Pour moi, le plus important, c’est de créer l’aptitude physique et une montabilité de base afin de pouvoir présenter les chevaux de la meilleure manière possible dans ses trois allures de base. Les exercices, tous les chevaux espagnols les apprennent, ils n’ont aucun problème avec eux, les appuyers, le piaffer, le passage, les changements de pied, la majorité des PRE les apprennent facilement. Mais les ponctuations élevées s’obtiennent pour la réalisation de ces exercices, pour la qualité d’exécution de ces exercices et là, les allures de base jouent un grand rôle. Il faut donc travailler correctement afin que les allures de base permettent d’exécuter une reprise correcte et harmonieuse. C’est le principal problème en Espagne: on apprend trop d’exercices aux chevaux et on ne travaille pas assez les allures de base. Curieusement, beaucoup de cavaliers pensent que c’est ce qu’ils font, alors qu’ils sont très loin de s’approcher du minimum nécessaire. Nous parlons là d’années de routine et de travail.
Préparer un PRE ou cheval centre-européen, c’est exactement la même chose. Les deux ont quatre jambes, une croupe et une tête placées au même endroit. On ne parle pas d’un zèbre. Certains ont davantage de talents, d’autres moins, mais leur fonctionnement est identique. Pour moi, la préparation de tous les chevaux doit suivre l’Echelle de progression. Ensuite, chaque cheval a des problèmes spécifiques, qui ne dépendent pas de sa race. Enfin, chaque entraîneur a son propre système. Le mien se base sur la gymnastique qui crée les muscles adéquats, parce que sans musculature, on ne peut rien faire.
Jan Bemelmans a entraîné pendant 15 ans les cavaliers espagnols. Ici avec Claudio Castilla et Bobby Fernandez de Bobadilla, alors responsable du dressage à la Fédération équestre royale et cheffe de l’équipe espagnole.
Les chevaux doivent être montés en avant et vers le bas, ils doivent descendre leur encolure depuis le garrot à tout moment. Ils doivent s’étirer vers l’avant et vers le bas, en cherchant le filet et adoptant une position optimale d’étirement. L’énergie peut ainsi passer par le dos, depuis l’arrière-main vers l’avant-main. Plus on travaille dans cette position d’étirement, plus les allures de base seront productives. Le postérieur entre davantage sous la masse, reste plus longtemps sur le sol et de là vient la gymnastique correcte. C’est quelque chose que l’on peut vérifier rapidement, si le cheval monte le devant, il cesse de pousser derrière et il se raccourcit automatiquement dans son mouvement postérieur, tandis que, quand il descend son encolure, quand il l’étire vers l’avant et vers le bas, le postérieur avance. La même chose se passe dans les allongements au trot. Plus le cheval est placé haut, plus le postérieur se raccourcit. Il faut le laisser avancer vers l’avant, vers le bas, passer le dos, chercher le contact. Telle est la base. De là, nous développons tout le rassembler et l’élévation de l’avant. Quand on commence directement par le rassembler, en montant l’encolure, on néglige la base qui permet le développement musculaire.
Ce n’est pas facile d’expliquer le système en quelques mots. Depuis 10 ans j’entraîne des cavaliers espagnols. Rafael Soto, Jordi Domingo, Juan Manuel Muñoz sont quelques-uns parmi les nombreux cavaliers qui ont pu apprendre ce système d’entraînement et l’enseignent maintenant à d’autres en Espagne. Ch.O.