Quatrain -un bout de poème- (màj)

Chapitre 1 : Début de la demi-pension (LA rencontre).

Ayant déménagé et étant de retour en Picardie après plusieurs années en Normandie, je décide de continuer à monter (j'avais repris après mes études).

Un peu nostalgique de mon centre équestre normand, je visite les clubs du coin sans grande conviction: au-delà des tarifs différents, je crains de ne pas retrouver un enseignement et une ambiance qui me plaisent ...
et je suis de plus en plus tentée par une DP qui me permettrait de nouer réellement une relation avec un cheval...


En épluchant les annonces sur LBC, je tombe sur une DP qui pourrait me convenir: travail à pied (spectacle) et monte, avec encadrement par la propriétaire une semaine sur deux.
Je la contacte et nous sommes sur la même longueur d'onde: priorité au cheval, encadrement régulier pour ne pas faire de "bêtises" avec, vision du cheval commune...

Je commence donc ma DP sur un entier, trotteur réformé des courses. Je n'ai pas particulièrement d'atomes crochus avec lui, mais c'est l'occasion de travailler d'une façon différente de la monte "club" et d'aborder le travail à pied... même si je me sens un peu bancale dessus, je me dis que ça va s'arranger...

Au cours de la 3ème semaine et alors que j'arrive pour une séance en solo, je vois arriver un nouveau cheval de réforme qui me tape dans l’œil .
Il est beau (sisiii, à peine sorti des courses, c'est une gravure), un brin impressionnant et vivant, mais respectueux ... enfin, pas des clôtures qui finiront à terre le soir-même quand il se décide à rejoindre l'entier, la proprio ayant pensé les brancher un peu plus tard . Il se retrouve donc au pré avec l'entier qui jouera le chef avec lui pendant les mois suivants.


(photo prise la semaine de son arrivée)

La semaine suivante, la propriétaire me propose de le monter en me rassurant avec un "je l'ai monté 20 minutes, il est pas vicieux, juste un peu vif, ne t'inquiète pas". Sans être rassurée à 100%, je craque et je tente ma chance (n'ayant monté que des chevaux d'club j'avais bien conscience de la différence avec un Loulou qui courrait quelques semaines plus tôt) .

La séance se passe bien. Le loulou est effectivement "vif" (toujours au taquet), ne sait pas faire un cercle, a du mal à rester au pas (et c'est un pas de récup' donc ça pulse aussi ), ne répond pas au poids du corps, sur-réagit aux jambes... et pourtant pour moi c'est un régal parce qu'il n'est pas vicieux pour un sou et que je "trouve ma place" dessus facilement.

Décidément, il me plait ce loulou ... et l'accord est tellement plus net avec lui qu'avec l'autre trottou que sa propriétaire me propose de passer en DP dessus ... je n'hésite pas une seconde !


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thea29 Merci

Chapitre 2 : La demi-pension se poursuit ( la réforme est en cours ... et je m'attache).


Nous voilà donc partis pour une demi-pension où nous apprenons tous les deux, avec des hauts et des bas...

Le premier mois je le monte une fois ou deux/semaine, dans un grand pré, le sien en fait ... on est à la roots (pas d'install') mais c'est sympa et ça me donne l'occasion de voir qu'il n'est vraiment pas vicieux puisqu'il respecte les demandes dans l'ensemble , y compris quand le de voisin fait exprès de tirer au fusil tout près quand il voit qu'on monte dans le pré... à part quelques bonds de surprise, pas de volonté de virer.

Il panique un peu par moment quand il ne comprends pas ce qu'on lui demande... mais s'applique tellement qu'il ressort ce qu'il apprend en boucle, à plus ou moins bon escient (un tour complet en reculant n'était pas le but initial de l'exercice le jour où on a voulu lui demander 2 pas en arrière)...

A pied j'apprends et lui découvre totalement ... le résultat est un peu particulier: j'ai du mal à me placer correctement pour mes demandes et lui réagit de façon plus ou moins décalées (parfois pas, parfois trop)...
Il reste assez froid aux demandes à pied et manifestement ce n'est pas sa grande tasse de thé, mais comme il n'en a jamais fait avant ce n'est pas étonnant et je persévère : longe, mobilisation des hanches, reculé ... ce n'est pas parfait mais on essaie.

à l'automne les chevaux sont rentrés en box/paddock et on continue le travail dans une "carrière" en terre battue triangulaire... c'est plus que perturbant pour moi (la forme en triangle... une horreur pour prendre ses repères) et pour lui (dès que le terrain glisse un peu son manque d'équilibre devient criant).

Entre-temps une cavalière débutante l'essaie et le résultat est catastrophique: il est tellement monté en pression qu'il lui faudra 10 jours pour redevenir "calme" sous la selle... un peu à fleur de peau le Loulou .

(Oui, là comme ça on ne dirait pas, mais la gestion du stress a été un travail de longue haleine)

Deux autres filles le travaillent une fois par semaine en plus de moi et on commence à avancer ... même s'il y a du boulot.

Se replonger dans les photos et retrouver ses pec' de sortie de course ... et cette habitude de tout mettre devant ...


C'est aussi l'occasion de quelques moments sympas : Quatrain prends gout aux carottes et en recherche volontiers, même monté, sait-on jamais ...



Et son amour de la boue le pousse à d'intenses séances de thalassothérapie maison.


"Devine qui va brosser quatrain ce soir" devient un grand classique

Je commençais à m'attacher gentiment à ce drôle de père, pas méchant mais vite sous pression, plein de bonne volonté... les quelques vannes sur le thème "mais siii, on sait bien que Quatrain c'est le cheval de Louise" me perturbaient un peu ... d'autant que je devenais un brin jalouse (intérieurement) avec ses autres cavalières...

Et en même temps je refusais de trop m'y attacher : parce qu'à l'époque je prévoyais de partir travailler à l'étranger l'année suivante ... et que j'avais conscience qu'un cheval c'est du temps (beaucoup), de l'argent (correctement) et qu'une mauvaise expérience familiale passée (dont je vous fait grâce) me faisait freiner des quatre fers.

Mais ça c'était avant. Avant le choc (teaser de folie )

Chapitre 3 : Le choc.


Un samedi en fin de matinée, je prends mon téléphone et je m'aperçois que j'ai été appelée par la proprio de Quatrain.

Une douzaine de fois. En quelques minutes.

J'écoute le répondeur en filant à la voiture, parce que c'est tout sauf normal.

Sur la route les mots tournent en boucle : Tapé au paddock, en état de choc, vétérinaire en route, cheval en train de partir, venir lui dire aurevoir....


J'arrive en même temps que le véto qui bondit de sa voiture armé d'une seringue (oui ça fait film d'action, mais sur le moment c'était une urgence et il ne traine pas dans ces cas-là, super-véto). Je le suis dans un état second et je retrouve Quatrain couché dans son box.

Une injection immédiate, pose de cathéter, différents produits passent dans la perf.
Je tiens la tubulure et je reste collée au loulou.
Il somnole un peu mais au bout de quelques (longues) minutes, le véto annonce qu'il est sorti d'affaire "pour le moment".

J'apprends que mon champion s'est fait passer à tabac au paddock par un autre cheval (un demi-trait plutôt zen habituellement) et a totalement paniqué (il a même essayé de grimper à un mur pour s'échapper... son surnom de zéro neurones quand il stresse se confirme ).
Séparé de l'autre cheval il a fait un malaise en arrivant au box. Baisse de toutes les constantes vitales... sans les injections à temps il y passait.

Au bout d'un moment il semble s'intéresser au box d'à côté et, avec l'accord du véto, on lui ramène un peu du foin qui était en train d'être distribué (il ne perd jamais le nord ).

Il finit par se relever en vacillant un peu. Ses muqueuses sont moins pales.

C'est là que commence la deuxième consultation : vérifier qu'il n'y a pas eu de fracture ou de dégâts vitaux autres. Super-véto étant également ostéo, il checke l'ensemble.

Le cauchemar s'arrête quand il annonce qu'il est couvert de bleus, mais sans dommages irréparables.

Il nous prévient: hématomes, fatigue... il est tout à fait possible qu'il mette très longtemps à se remettre de ce choc (perte d'état, coup au moral...) même s'il aura l'air mieux.

Il se déplacera d'ailleurs comme un petit vieux arthritique pendant les semaines qui suivront, avançant péniblement un pied après l'autre ... mais il est vivant et c'est là l'essentiel à mes yeux.


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Bon, c'est pas un bug de fofow qui va m'empêcher de réécrire ce chapitre, mais j'avoue que je vous l'ai fait en un peu plus résumé (et c'est sans doute pas plus mal, ça vous évite un loooong pavé ).

Une pensée toute particulière pour celle qui a perdu sa belle hier. Toutes mes pensées t'accompagnent en ces moments difficiles.

Chapitre 4 : La convalescence


Après le choc vont suivre plusieurs semaines de convalescence.
Je viens le voir presque tous les jours pour le faire marcher, nous passerons de longs moments à errer dans la nuit lorsque je viens le retrouver après mon travail.

Quatrain est "éteint" . Il n'avait jamais été un cheval hyper-expressif à mes yeux (encore que ses coups de stress étaient bien visibles), mais il l'est encore moins. La fatigue est présente et il semble avoir perdu son "jus" ...

Progressivement je prends l'habitude de poser la longe sur son encolure lorsque nous marchons et je m'habitue à ces moments silencieux, à deux.

Plusieurs semaines se passent et il est temps de reprendre en selle. L'idée est de ne pas le laisser trop se démuscler, même si la perte commence à se voir.
Quatrain est très raide alors nous reprenons tout doucement. Je n'ai plus le même cheval sous la selle et le travail est adapté (séances très courtes, retour sur les bases, balades courtes...).

Au bout de quelques semaines, il y a un léger mieux et sa propriétaire me propose un soir de le prendre plus souvent dans la semaine : les autres cavalières sont parties et il a besoin de bosser.

Je suis sur un petit nuage et je décide de profiter pleinement de ces moments à deux. J’échafaude un mini-programme (TAP,balade,plat, TAP...), commence à modifier mon emploi du temps pour être plus présente...

À l'époque je n'ai toujours pas pour projet de l'acheter (je fais très bien l'autruche ) et il n'est pas à vendre.

Mais c'était sans compter sur ma poisse (toute relative) et mon agilité légendaire (ou pas) .

(la suite au prochain chapitre)

Chapitre 5 : Fracture.

(nb: petit racontage de vie personnelle, ayant un impact sur la suite ^^ )

Quelques jours après la proposition de sa propriétaire (monter un peu plus) et ayant découvert depuis peu un art martial passionnant (mais pour lequel ma capacité à me vautrer comme une crêpe n'était PAS une qualité), j'ai donc eu l'excellente idée de me casser la clavicule.

La visite aux urgences était rapide, la nuit qui a suivi était longue. J'ai pu à mon tour expérimenter les joies de se déplacer en mode "tortue arthritique".

Mon seul baume au cœur (et au mental) a été d'entendre la propriétaire de Quatrain me rassurer et m'annoncer qu'elle me réservait sa dp dès que je serai à nouveau sur pied.

J'ai donc passé trois premières (longues) semaines à attendre que l'os ressoude en me reposant un max et en tournant en rond chez moi. Oui, parce que j'étais persuadée que 3 semaines/1 mois et hop, de retour à cheval et sur les tatamis .
Entre temps j'ai réussi à aller voir le loulou quelques fois en squattant les voitures de tous ceux qui avaient la gentillesse de m'emmener le voir.

Arrive la visite de contrôle. L'orthopédiste refuse de me rendre mes radios après m'avoir annoncé que "ça n'a pas ressoudé mais ça viendra, de toute façon vous avez encore 15 jours d'arrêt... un rdv dans 15 jours? Non, ce n'est pas nécessaire" Il a eu d'autres phrases malheureuses qui m'ont poussé à assiéger successivement son bureau et le secrétariat médical, récupérer mes radios et filer voir des professionnels compétents.
La fracture est déplacée (et pas qu'un peu).
Quelques jours et trois médecins/spécialistes plus tard je suis donc opérée "en urgence mais avec un mois de retard", avec pose de plaque+vis.

Je passe quelques semaines difficiles moralement: Quasiment plus de douleurs une fois les 24 heures post-op passées, mais je craque de devoir rester bloquée encore pour plusieurs mois.

Quatrain me manque, mon taff me manque, le tatami aussi (oui, je suis toujours aussi fondue, en mode "je suis tombée, je dois remonter en selle" version tatami ).

Les nouvelles du côté du loulou ne sont pas très bonnes non plus: un peu de perte d'état, un moral qui ne remonte pas et quelques clowneries des cavalières qui le montent d'une façon qui ne lui réussit pas... je ronge mon frein.
Sa propriétaire a d'autres chevaux à gérer, elle limite les dégâts en donnant des instructions précises pour le monter mais elle me dit régulièrement qu'elle espère me voir revenir, vite.

C'est là que mon manque de bol s'est progressivement transformé.
Parce qu'à force de me sentir frustrée, de voir le boulot fait s'effondrer, de ne pas pouvoir agir, une idée a fait son chemin.
Une idée qui s'insinuait et s'imposait.
Une discussion après l'autre, l'idée a fait plus que son chemin...

Un mois de convalescence plus tard, je négocie avec mon chir' et j'ai l'autorisation de reprendre le travail à pied (ok, je ne lui avais pas vraiment demandé... on a surtout négocié sur le fait de monter ) et j'obtiens le feu vert pour grimper dessus un mois plus tard, avec cette logique qui me convenait bien : "le risque, c'est les chutes... En même temps, vous pouvez chuter de l'autre côté ou vous casser autre chose, alors bon....".

Peu de temps avant la reprise du travail à pied, Loulou à la bonne idée de ... s'arracher un bout de langue. Un beau bout = super-véto le retour.
Décidément, quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre.
Je lui amène des carottes rappées et on a l'air fins tous les deux, moi en attelle et lui qui mâche de travers



Et l'idée commence à prendre plus que forme ...

Chapitre 6 : La décision

Je reprends donc à pied, avec de la longe. Je suis (un peu) handicapée à gauche, je garde d'ailleurs mon attelle sur moi pour les premières longes afin de me souvenir de ne pas en faire trop ... et pour palier la fatigue (ne reproduisez pas ce genre d'idée chez vous, avec du recul ce n'était pas sage du tout ).

Loulou est systématiquement monté par les autres cavalières (relativement à l'envers) et il est en train de perdre de l'état.
En dehors de ses tentatives de récupération de la direction en longe (il me fait tourner en bourrique une ou deux fois...), il se montre franchement cool, ne me bouscule pas et n'abuse pas... je suis toujours aussi accro, si ce n'est plus .


reprise des longes...

De longues discussions avec sa propriétaire nous ont fait devenir amies.
Ces messages subliminaux (ou pas ) sur le fait qu'elle trouve qu'on s'accorde bien prennent une autre forme le jour où en réponse à ma question (Compte-t-elle toujours garder Quatrain?), elle me répond qu'elle est prête à le vendre.

Mais seulement si c'est moi qui l'achète.

Chamboulement dans ma tête et dans mon cœur.

Je liste toutes les bonnes (ou mauvaises) raisons de ne pas acheter un cheval. Expériences passées (sans avoir été propriétaire, j'ai vu de beaux loupés), budget, temps, but initial (vous avais-je déjà dit que je rêvais d'un rustique -type henson-, passe-partout, pas trop grand, pour faire du trec?) ... il y en a.

Je m'aperçois pourtant que cela a peu d'importance... tout est gérable, c'est une question de choix.

J'ai conscience que ma frustration joue son rôle et je met une dernière barrière : Je m'engagerai à l'acheter une fois que je l'aurai remonté.

Finalement, je craquerai une semaine avant de poser mes fesses dessus, après l'avoir vu monté à l'envers pendant une heure (je ne jette pas la pierre à sa cavalière du moment, cela a été le dernier électrochoc nécessaire).

On se met d'accord: sa propriétaire souhaite le garder quelques mois encore et je veux préparer correctement son arrivée (choix de la pension, questions multiples avec ou sans réponses, choix du matériel... il me faut un peu de temps: c'est mon premier et je veux bien faire).

On officialise donc ma réservation et on fixe une date : 4 mois de préparation à son arrivée officielle dans ma vie commencent.

Chapitre 7: La demi-pension se poursuit... et je prépare l'achat.

Au cours de semaines qui suivent, je remonte donc mon futur cheval.
La sensation d'être "à ma place" revient dès la première fois et si je galère un peu (manque de muscles, petites douleurs et fatigue s'ajoutant à un loulou qui a pris le pli de s'appuyer sur le mors), nous reprenons vite nos habitudes (dans un premier temps: pas de main pour moi = pas de tractage pour lui).

Entre-temps ma coach est revenue à une méthode différente et nous apprenons d'autres choses, avec beaucoup de temps passé sur les bases (ce qui me plait bien) et une approche qui me plait beaucoup.

15 jours après ma reprise je vérifie l'adage de mon chir'
Une séance de saut est prévue, mais reprenant depuis peu, je dois bosser sur le plat pendant que les autres chevaux sauteront.
Je détends donc au pas, commence un petit trot, fait un large cercle et ... me voilà par terre.
Loulou est deux mètres derrière moi et me regarde avec autant de surprise que le magnifique plot rouge vif qui vient d'être déplacé de quelques mètres pour la mise en place du parcours. Sait-on jamais, il aurait pu lui sauter dessus ce machin, alors il a préféré faire marche arrière (version reculé-express).
Coup de bol, je suis tombée... de l'autre côté. Mis à part des fesses douloureuses, je m'en tire à bon compte.
J'aurai l'occasion de me faire surprendre une fois de plus quelques mois plus tard (mais pour le coup il avait bien fait de reculer: mes genoux n'auraient pas passé l'entrée de la barrière trop petite ).

Je découvrirai au détour d'une balade la vitesse et la puissance d'un trotteur sur une ligne droite.
Partie avec une autre cavalière sur l'idée de le lancer au galop entre deux champs pour mettre en route le galop (qu'il n'avait plus fait depuis que le travail à l'envers lui avait tué le dos), il en a conclu que je voulais qu'il accélère et ... ... le trot de course, ça décoiffe . Tellement que l'autre cheval a mis plusieurs minutes à nous rejoindre quand j'ai enfin réussi à l'arrêter.

Je profite du passage d'une photographe que j'admire beaucoup pour faire quelques photos avec le Loulou... l'occasion de le découvrir plus expressif devant l'appareil qu'en temps habituel et de porter un autre regard sur lui.



Quatrain alterne entre des moments où il est plus "fit" et d'autres où il reprend un peu, selon le travail et son lieu de vie ... on le ramène rapidement au box après une première mise au pré qui ne lui a pas réussi du tout... il y retournera plus tard avec un résultat moins catastrophique.

Je prépare aussi son arrivée avec le choix d'une première selle d'occasion (et le reste du matériel), la récupération de numéros de téléphone utiles (véto, dentiste...)...

Je visite une dizaine de pensions des environs correspondant à mes prix/mes choix (box+pré vu le yoyo du poids) et je jette finalement mon dévolu sur une pension dans le centre équestre de quand-j'étais-petite.
J'ai confiance en la gérante pour le soin aux chevaux (au vu des frayeurs précédentes c'est nécessaire), l'ambiance est cool et l'écurie est à moins de 15 minutes de chez moi... J'y suis d'ailleurs encore aujourd'hui

Petit à petit, tout se met en place et je passe mon été à peaufiner les derniers détails, à me poser 3000 questions existentielles et à profiter un max des moments à deux...

Chapitre 8 : Achat et arrivée à la pension.

L'été s'est écoulé . Quelques jours avant sa fin, arrive enfin le moment....

Quatrain a été ramené du pré la veille.

J'arrive tôt le matin, je le prépare au transport (et réussi un magnifique fail en inversant les guêtres ).

Mon amie sort avec ses papiers, me les tends en me disant "ça y est, il est à toi" et ... je deviens une madeleine.

Émotion.

Quelques minutes plus tard je monte Quatrain dans le van sans me poser de questions et il ne s'en pose pas.
Le trajet se fait rapidement (oui, histoire de bien couper le cordon je l'ai installé à 10 minutes de son ancienne proprio ) et à part une légère difficulté à enclencher la marche arrière à l'arrivée, quelques encouragements et Loulou est dans sa nouvelle maison.

Je passe une bonne heure à errer dans le centre et à lui faire des papouilles.

Je ne réalise pas vraiment en fait.
J'ai passé des mois à me dire qu'il n'était "que" ma demi-pension, puis des mois à me répéter qu'il n'était pas encore à moi, que je ne ferai mes choix qu'une fois ce jour là arrivé... et je ne sais plus quoi faire.

Je rentre chez moi chercher une nouvelle ration de carottes et avaler un sandwich puis je reviens errer dans le centre, Quatrain en longe que je trimbale partout derrière moi comme un grand chien ... (avec du recul je devais avoir l'air un brin frappadingue ).

Quatrain rencontre mon ancien chouchou... un trottou lui aussi!

Je le vois un peu stressé, je ne suis pas moi-même très sereine (euphémisme), mais heureusement la propriétaire des lieux (ma mono de quand-j'étais-petite à quand-j'étais-ado) me met à l'aise et supporte mes questions existentielles du moment.

Comme elle me le formule avec tact, il est "un peu fit ", en dehors du stress normal d'un changement de lieu (elle m'indique avoir l'habitude des chevaux qui ont l'air d'avoir "perdu X kilos" à l'arrivée et qui les "récupèrent" en se calmant en quelques jours) .
Effectivement il perdu progressivement de l'état depuis plusieurs mois... s'était assez insidieux, pas catastrophique (loin de là) mais pas idéal non plus ('faut dire que je les aime avec un petit bidou et des rondeurs alors j'étais un brin frustrée ^^ ) et son ancienne proprio avait contrebalancé au maximum la perte, mais maintenant c'est mon tour de m'y coller... sauf que je suis loin d'être au point sur les calculs de rations.
On réfléchit donc ensemble aux doses en fonction de ce qu'il avait précédemment et je laisse carte blanche à la propriétaire des lieux (ses chevaux sont en parfait état et je la connais assez pour savoir qu'il sera soigné aux petits oignons) tout en amenant des compléments pour l'aider à remonter la pente.
Je ne mettrai pas de photo spécifiques à cette question: selon l'orientation, le soleil, il a l'air très maigre ou pas du tout, d'un jour sur l'autre,d'une heure à l'autre .... la réalité se trouvait sans doute au milieu.

Pour la mise au paddock/pré elle me propose de le mettre deux jours plus tard (et en ma présence) avec un autre hongre,un peu plus âgé mais punchy, très cool tant qu'on ne l'enquiquine pas (un peu le même profil que Quatrain en fait). Elle l'a bien ciblé et cela se passe très bien, les voilà "copains de pré" pour plusieurs mois.


Ils s'entendent bien


Je ne réalise pas totalement qu'il est à moi... je mettrai des mois à me sentir pleinement "propriétaire". Mais je suis bien entourée et accompagnée et le chemin se fera à notre rythme

Chapitre 9 : Propriétaire(s).

Avec mon arrivée à la pension, c'est une nouvelle façon de me positionner que je découvre.

C'est à moi de choisir... pour tout . J'ai plusieurs milliers de questions sans réponses fixes... et je m'efforce de faire des choix en faisant au mieux en fonction de ce que je sais, de ce que j'apprends et en fonction de mon cheval...
L'arrivée de l'automne m'apportera d'ailleurs 36000 questions sur le choix des couvertures -> en mettre (ou pas)?, à quel moment?, seulement la nuit? ... youhouuu ... je vous laisse imaginer mes prises de tête existentielles.

Je me retrouve en lieu connu : malgré 10 ans d'absence je connais les lieux et une bonne partie de la cavalerie, mais en connaissant très peu de personnes... c'est assez particulier comme sensation.


Je rencontre les autres propriétaires... qui sont très sympas et c'est cool.

Je découvre aussi le principe des "conseils gratuits" . Ce truc me sidère au début puisque j'y avais toujours échappé : les seuls conseils qui m'étaient donnés en tant que "cavalière de club" c'étaient ceux de ma/mon moniteur et par la suite ceux de l'ancienne proprio de mon Loulou. Parfois quelques amies de confiance (et qui montaient bien mieux que moi) me donnaient un ou deux conseils en passant, mais rien de plus.

Mais être proprio c'est (aussi) tomber (parfois) sur des personnes qui ont 36000 réponses toutes faites et leur vision de ce qui doit être fait sur ton cheval (d'autant plus si tu viens de l'avoir)...

C'est ainsi qu'au bout de deux jours, une autre proprio me conseille de lui mettre des RA au bout de deux phrases d'échanges... rien de mieux pour me mettre en confiance (on ne se connait pas depuis 5 minutes, elle n'a jamais vu Loulou bosser, ni moi ... et au delà de ça je me méfie des enrênements plus cache-misères qu'utiles -hors contexte médical-). Les conseils suivants passeront par une oreille pour sortir par l'autre (et il y en aura... ) .


Heureusement je rencontrerais pas mal de personnes sympa dans le centre et l'ambiance est cool dans l'ensemble.


Je participerai à une séance de préparation à un concours (type trec) et ce sera l'occasion de tester un peu la confiance du loulou ... je met pied à terre pour un premier passage de bâche qui ne lui fera ni chaud ni froid, une haie de "bouteilles au bout d'un fil" passera tout aussi crème. Le même exercice se passera tout aussi bien monté (même si je me limiterai au pas pour une première fois ).


On essaie le trèfle en doublette ... nous au trot, les autres au galop.

Nous ferons nos premières sorties en forêt avec une demi-pensionnaire du centre puis avec une autre propriétaire et je suis ravie de retrouver des chemins connus.


Balades en forêt...

Chapitre 10 : Premier automne, premier hiver.

Loulou s'acclimate bien: la preuve, il a rapidement la "marque de l'oreiller" le matin. Si je ne le croise jamais allongé dans son box, j'ai la preuve qu'il ne s'en prive pas.



Quelques semaines après son arrivée, je panique: là, il a une bosse, non ? Sisiiiiii, là, sur l'encolure, non ?
Les copines de la DP qui sont passées nous faire un petit coucou sont perplexes. Par acquis de conscience je file chercher une selle, son filet (en courant comme une perdue dans le CE, normal).
Son ancienne proprio grimpe dessus, lui fait faire quelques tours et ... me confirme un soucis : Il n'arrive plus à étendre l'encolure.
L'ostéo passera trois jours plus tard et me confirmera un beau blocage des cervicales.
edit pour plus de clarté: le blocage n'avait strictement aucun rapport avec la bosse (laquelle correspond juste à sa morpho naturelle :p )
Une petite intervention de super-véto-ostéo, quelques jours de repos, et il n'y paraîtra plus.


Quatrain est aimé d'amour par une jolie baie.
Elle assiège son box et ne rate pas une occasion de le rejoindre quand on travaille dans la carrière.
Un superbe amour à sens unique: mon briseur de cœur ne répond pas à ses avances.


(et on se demande bien pourquoi)

L'automne étant beau et chaud, j'en ai profité pour me faire ce petit trip que j'avais depuis toute petite et un beau jour d'octobre j'ai planté 8 piquets dans le jardin, devant chez ma mère.
Je suis ensuite allée préparer mon Loulou, et hop, en route !
1H20 plus tard nous étions arrivés à destination.
Loulou était un brin stressé (lieu inconnu et pas de copaiiinnnns) mais l'herbe prenait la majeure partie de son attention.
Une petite pause d'une heure et demi-tour en direction de la pension.
J'en ai profité pour faire un crochet par un point de vue sympa en forêt, j'ai dû éviter les grands troncs fraîchement coupés et passer "à travers parcelle"... sans aucun soucis. Un brin de stress quand on passait dans les zones où ses membres se retrouvaient touchés par des branches ou des feuilles.

Avec un peu de recul, je crois qu'à l'époque je me posais vraiment moins de questions qu'aujourd'hui et que ça nous réussissait plutôt bien.


La fin de l'automne se déroule en douceur, avec un travail un peu allégé par un petit rhume, mais on continue tranquillement.



Quelques progrès à pied pendant l'hiver: le pas espagnol devient plus efficace, la valse est à peu près là, le genou se pose sur la révérence, les déplacements par aspi sont en place, il commence à revenir (au pas).
Quatrain me fait ses premiers "j'oublie tout avant que ça ne revienne" : pendant 3 semaines il ne sait plus lever les antérieurs.... sans trop insister, je travaille d'autres points et ... cela revient, en mieux, presque en automatique.
Il me fera ce genre d'oubli sélectif plusieurs fois par la suite.


Mon clown <3



PS: voilà la suite thea29, désolée pour le retard,j'avais pas mal de sommeil à rattraper ><'.

Chapitre 11 : Passage à pied.

Pendant l'hiver, petit passage de la dentiste, l'ATM est déplacé suite à une surdent mais il se remettra en place après quelques jours et étirements.
Re-passage ostéo quelques semaines plus tard pour des lombaires qui n'étaient pas à leur place.

L'hiver ne sera pas très froid ... et alors qu'il touche à sa fin je retourne me faire retirer ma plaque histoire d'avoir une clavicule "comme neuve" .

Cette fois-ci cela implique plusieurs mois pleins sans monter: elle sera un brin plus fragile pendant les premiers mois post-op et le chir' me recommande d'être sage.

Je met donc deux amies sur le coup et me prépare mentalement à de nombreuses semaines de travail à pied + covoiturage.

Je pique l'appareil photo de ma mère et me remet à utiliser mes logiciels favoris de retouche, histoire de m'occuper.

Premiers tests de fonds noirs pour me refaire la main ... il y a du boulot

L'opé se passe parfaitement bien, je retourne dès le lendemain faire des papouilles à mon Loulou. Motivée, je grimpe même dans un attelage pour une balade... mais au bout de 15 minutes je descend: ça "tire" un peu trop pour que ce soit sage.

Loulou se retrouve donc monté quelques fois par des amies. Il est beau, comme jamais et j'adore le voir bosser avec.

Monté par ma coach préférée, je fond

Sans être très complexée par la chose, j'ai conscience de ne pas avoir un niveau de folie et c'est toujours un plaisir de le voir bossé dans le bon sens, par des cavalières dont j'apprécie l'équitation.

Je prends plaisir à le travailler à pied en parallèle. On ne fait pas de progrès de folie, mais juste le fait d'être là, avec lui, me suffit.
Il s'éclate de plus en plus à partir au galop en liberté plutôt que dans son grand trot de trottou.


Joie de vivre au rendez-vous.

Je découvre aussi les longues rênes grâce à une autre propriétaire du club (celle qui a un génial cheval d'attelage), je me sens à nouveau totalement gauche, mais j 'aime bien et Quatrain, en dehors de quelques tests, se montre appliqué et à l'écoute (avec son passé en sulky il connait la musique bien mieux que moi).

J'aime tellement nos moments à pied que ne pas monter me pèsera beaucoup moins que prévu ... et que je dépasserai même un peu le délai de base.

La reprise sera un peu poussive : je suis moins à l'aise, la possibilité d'une chute ne me rassure pas après l'opé... j'ai du mal à quitter le plancher des vaches.
Comme il y a du travail à faire sur les bases, nous sommes partis pour un mois de pas et je me dis que cela va vite passer.

Chapitre 12: Drôle de peau

Je reprends donc en douceur monté. Ayant repris quelques cours avec ma coach qui a une méthode bien spécifique, j'ai un peu de mal avec la reprise des cours avec ma mono (ce sont deux personnes différentes).
Je tente comme toujours le grand écart entre deux approches qui, si elles ont le même but, n'ont pas la même entrée. Je trouve de l'intérêt aux deux et décide de continuer mes allers-retours entre les deux.

Mais voilà qu'un autre soucis se met à prendre toute mon attention.

Regardez bien les dernières photos, rien ne vous choque? Mais si, là, du côté de l'apophyse zygomatique (j'ai toujours rêvé de placer ce mot dans un post, c'est fait ).

Je vous en remet une :



Oui, Loulou me fait un truc bizarre. Ce n'est pas tout à fait nouveau: il a toujours manqué un peu de poils de ce côté là.
Quand je l'avais en DP on avait même mis en place l'habitude de lui passer une éponge humide sur la tête après chaque séance pour limiter les dégâts, partant du principe que c'était surement la transpiration qui le dépoilait. Il y avait eu un mieux.

En arrivant à la pension et en en discutant avec la propriétaire des lieux, on avait décidé de mettre une crème "miracle" dessus, reconseillée par sa véto. Devant le peu de résultat et la composition (cortisone... ) , j'avais arrêté.
Puis j'ai eu la bonne idée de mettre dessus de l'aloe vera (cause toujours) et par la suite, la brillante idée (ne faites pas ça chez vous, en fait c'était une cata ) de lui appliquer une crème avec des huiles essentielles de tea tree et lavande, faite-maison .

Voilà le résultat au début du printemps :

(moche, non?)

C'est mochissime mais ça n'a pas l'air de perturber le gros Loulou qui ne semble pas avoir mal (tout au plus en a-t-il ras-le-bol que je l'enquiquine avec mes nettoyages et crémages quasi-quotidiens) et qui ne se gratte pas. La texture grisâtre est bizarre, un peu grasse et part en petits morceaux en emmenant les poils avec elle.


Quatrain n'en a rien à faire ... tant qu'il y a du sable pour se rouler, ce n'est pas trois poils en moins qui vont le perturber

Je me décide enfin à faire passer la véto exclusivement pour ça (à vrai dire elle était passée pour d'autres choses mais c'était moins choquant à l'époque et j'oubliais systématiquement d'en parler).
La véto n'a jamais vu ça, mais émet quelques hypothèses et me rappelle après quelques recherches. Elle pense être sur la bonne piste : Quatrain ferait donc ... un excès de sébum.

Elle me reconseille un shampoing avec un principe actif spécifique que je passe plusieurs heures à chercher désespérément et dont je ne trouve la trace qu'en Espagne... je me prépare à essayer d'en commander quand elle me dit qu'en fait elle a peut-être l'équivalent en boutique, à tester.
Elle me donne donc un super shampoo pour bestioles faisant des excès de sébum + des gouttes pour les oreilles (rapport aux champignons qui s'y trouvent).

Pendant quinze jours, je viens donc matin et soir pour shampouiner l'apophyse zygomatique (mot compte triple !) de mon cheval et lui mettre des gouttes dans les oreilles ... à grand renfort de carottes parce que les oreilles, ouh là làààààà, on peut y toucher, mais mettre des trucs dedans, non non et non !
En plus ça coule, c'est désagréable, beuuurk.
Les gouttes dans une main, la carotte dans l'autre, on finit par s'en sortir (mais les champipi sont revenus depuis ... à revoir donc).

Après 15jours/3semaines de traitement, il y a un net mieux: plus de "pellicules" grasses qui partent en morceaux entiers, tout au plus des mini-bouts.
Ce sera particulièrement efficace avec une crème ajoutée après le shampoo (le poil est plein de gras, mais il repousse), recommandée par une amie.
Je continuerai par la suite à raison d'une fois par jour puis deux fois par semaine.


Et au printemps, bien caché par les boutons d'or, les poils repoussent

Il faut d'ailleurs que je reprenne le traitement d'ici peu, l'hiver j'ai toujours du mal à lui passer de l'eau froide sur le museau... et je pensais tester une nouvelle crème avec quasi les mêmes principes actifs après le shampoing pour voir si cela fonctionne autant.

chapitre 13 : Balade ... en vrille.

[apparté on]
[i] Où est-ce que j'en étais? ah oui, là ...
J'ai été un peu prise par le travail, mais j'espère arriver enfin cette semaine à finir les quelques chapitres qui amènent à maintenant. Je crois que ce chapitre-là n'est pas mon préféré non plus parce que rétrospectivement il m'a plus marqué que bien d'autres... et que je n'en suis pas encore totalement sortie aujourd'hui. Mais on y bosse ^^ [/i]
[apparté off]

Je remonte donc depuis quelques temps, sans précipitation.

Avec d'autres proprios on décide de profiter de l'organisation d'une balade vtt/randonneurs à quelques kilomètres du centre pour faire le parcours à cheval.
Je ne suis pas spécialement inquiète: Quatrain est un peu plus vif en extérieur par moment mais cela reste gérable. On a fait quelques balades avec d'autres chevaux sans soucis même si j'ai préféré y aller moins vite pour ne pas le récupérer en vrac...
Nous sommes 7 à 8 chevaux, tous ne se connaissent pas, certains sont zen, d'autres moins.

Seulement le "un peu plus vif" se transforme à peine les portes du centre passées en "MAMANNNN, c'est QUOI ce truc FLUO qui fonce vers MOI? J'ai peur, je VEUX rentrer !"
(Oui, je n'avais absolument pas anticipé la peur des vélos fluos qui arrivent au loin par la plaine ... il avait fait des balades avec des vélos quand il était en réforme, sans sourciller...)
On a donc fait une bonne longueur en crabe, à moitié antérieurs sur le talus qui longe le pré et postérieurs en bas sur la route, à moitié en cheval à bascule... tout pour me rassurer.
Après avoir dit je ne sais pas combien de fois que j'allais rentrer au club, je me laisse persuader de continuer, "il va bien se calmer" ... effectivement, une fois en forêt (loin des horrrrrribles vélos fluos) c'est plus "calme".
On continue donc, Quatrain a des "coups de pression" par moment, mais je le cale à l'arrière avec des chevaux plutôt zen.
On parvient même à faire quelques chemins au trot, on croise des vélos et il fait comme s'il en avait vu toute sa vie et que j'avais rêvé tout à l'heure...

Je reste tendue et lui aussi.

Sur une descente en bitume il précipite à nouveau, je le retiens pour éviter qu'il ne rentre dans les postérieurs du cheval de devant (qui supporte de moins en moins que Loulou le colle et commence à montrer des signes d'agacements), il se met en "crabe" et se fauche.

La chute est rapide, je sens à peine mon pied passer sous lui mais je reste en selle et il se relève aussitôt.
Les autres cavaliers m'assurent qu'il n'a rien, il ne boite pas ... on continue. Mais je suis de moins en moins bien.

Derrière, il veut passer devant pour aller à son rythme (ce que je faisais et qui fonctionnait bien sur d'autres balades), devant il chauffe avec les deux jeunes juments qui sont elles aussi bien excitées...
J'ai conscience qu'il chauffe trop, que ce n'est agréable pour personne, ni pour moi, ni pour lui (ni pour les autres cavaliers qui nous accompagnent - je ne les remercierai jamais assez de leur patience ce jour là-).

A quelques kilomètres de la fin on passe devant un poteau que je connais. Loulou dégouline de sueur (il a encore chauffé 200 mètres plus tôt), ça goutte de ses salières. Je décide enfin de m'écouter et d'arrêter les frais.
Je préviens les autres cavaliers et nous rentrons tous les deux, seuls.

Quatrain n'a aucune difficulté à quitter le groupe. J'ai presque l'impression qu'il est soulagé.
Moi je le suis, dès les premières foulées.
Je le laisse prendre son propre rythme au pas et au bout de 500 mètres, je descend pour continuer à pied. 45 minutes et 4 kilomètres environ plus tard, il commence enfin à trouver un rythme de respiration qui me rassure et j'arrive au centre où je le soigne avant un repos bien mérité.

Les autres cavaliers arriveront une demi-heure plus tard. Certains chevaux ont mal vécu la fin du parcours et je ne regrette pas mon retour solitaire.

Avec le recul je réalise le danger de la chute, le fait qu'on a beaucoup de choses à travailler pour qu'il ne monte plus en pression en extérieur de façon dangereuse...

Après cette balade quelques peu désastreuse je reprends un peu de travail sur le plat ... et ma monitrice me propose qu'on ressorte ensemble pour reprendre sur une expérience dans le calme.

On prend donc son trottou (celui du chapitre 8), le mien et on part faire une mini-balade ... qui se conclura par un retour-maison anticipé pour retravailler l'arrêt en manège suite à plusieurs dizaines de mètres en crabe avec un cheval qui m'embarque, en vrac, les feuilles ayant "bougé" au bout de la piste qui longe la grande jachère.
Que ma mono et son cheval soient devant ne l'a pas empêché de faire demi-tour.

Suite à cela je perds confiance en moi et en nous pour les sorties extérieures. J'ai l'impression de ne rien gérer correctement (même si objectivement ça aurait pu être bien pire) et je ne sortirai plus que rarement au cours de l'été, uniquement avec un cheval "plus-zen-tu-meurs" et une proprio adorable que cela ne gène pas de faire une balade essentiellement au pas.



Pour contrebalancer ces moments désagréables à cheval, j'ai quand même des trucs sympas quand je travaille à pied. C'est ce qu'il y a de génial avec ce cheval: souvent quand je patauge quelque part il me permet de trouver mon compte ailleurs.

La proprio du cheval-le-plus-cool-du-monde continue de m'apprendre quelques bases des longues rênes (version attelage) et mon cheval (qui sait lire et écrire, au moins version sulky) se laisse faire avec une réelle bonne volonté (et un brin de cabotinage pour souligner mes erreurs, mais sans méchanceté).

Chapitre 14 : le premier été, pieds & co

[i] Je reprends après un long moment d'absence.
On bouge à nouveau un peu avec Loulou alors je me motive à finir l'avant pour arriver enfin (encore quelques chapitres tout de même) à aujourd'hui et réussir à tenir un peu plus le compte de nos pas en arrière et en avant. [/i]

Après la balade donc, grande remise en question.

Je m'aperçois que les deux méthodes que j'apprécie (celle de coach et celle de ma mono) ne sont pas aussi compatibles que ce que j'espérais. L'une comme l'autre, à leur manière, me conseillent de choisir parce que les allers-retours entre les deux ne sont pas très efficaces (et perturbent quelque-peu mon cheval)... elles ont la grande gentillesse de ne pas chercher coûte que coûte à m'imposer "leur" méthode mais le temps où je jonglais entre les deux voit sa fin venir.
Je me décide, je vais voir ma mono et lui explique que j'ai besoin de me concentrer sur ce que me propose ma coach. C'est difficile de le lui dire parce que j'y suis très attachée amicalement (l'affectif me perdra) et que fondamentalement son fonctionnement me plait beaucoup, c'est juste que je ne m'y retrouve plus et que ça ne me semble pas convenir pour mon cheval. Elle accepte ma décision et nous convenons des règles à suivre lorsque coach interviendra.

Je m'attaque ensuite à la question des pieds...

(oui, même de loin on aperçoit l'évasement)

Quatrain est pied-nu depuis que je le connais, suivi par un maréchal 3/4 fois par an celui-ci ne voyant rien à faire entre-temps.
Je le graissais consciencieusement 2 à 3 fois par semaine.
Mais il avait une seime persistante (pas immense mais qui augmentait trèèèèès progressivement), des pieds qui s'évasaient tout aussi lentement... et lors de son dernier passage, à ma demande d'une solution pour régler ce soucis de seime j'avais eu l'occasion de découvrir le principe de "barrer une seime". Je n'étais pas là lors du passage du maréchal et j'ai cru qu'il s'était pris un coup de pied sur le sabot en découvrant le résultat (ne riez pas ><' ).
Je commence donc à me renseigner sur la gestion des pieds et en discutant avec une autre propriétaire j'apprends qu'elle fait passer une podologue pour sa jument.
Je décide de profiter de son passage à l'écurie la fois suivante.
Je n'ose pas lui poser trop de questions mais elle m'explique un peu mieux l'entretien à réaliser, d'autant plus que mon loulou avait des pourritures de fourchettes aux antérieurs (ce que j'ignorais totalement ...). Me voilà donc armée de hoof stuff, d'eau oxygénée, de vinaigre et de tea tree.
Sauf que le lendemain de son passage, j'ai un cheval raide de derrière comme jamais (j'ai vu pire depuis, mais pour un cheval hyper régulier jusque-là c'est très net) .
Ma coach qui vient justement pour une reprise du travail me dit qu'il est hors de question de le monter en l'état.
Je rappelle ma pareuse qui vient en urgence sur le week-end pour tenter d'améliorer la situation sans comprendre pourquoi la réaction est si violente puisqu'elle n'a pas fait un parage très invasif. Elle lui pose des perfect hoof wear aux postérieurs pour contrebalancer un peu sa sensibilité ... objectivement ça ne change pas grand chose (un peu moins sensible tout de même) et il manquera une ou deux gamelles sur le béton dans les jours qui suivront (ça glisse pire qu'un fer, c'est impressionnant).
On évoque l'ostéo parce c'est toute l'arrière-main qui est raide... ce que me confirmera quelques jours plus tard une autre propriétaire de la pension, ancienne ostéo (elle ne manipule plus), qui m'indique que mon cheval est bloqué à pas mal d'endroits.

L'ostéo est donc appelée en urgence, mon super véto-ostéo étant en vacances. Il y avait effectivement beaucoup de blocages et elle remet entre-autre son garrot en évoquant un blocage ancré depuis longtemps. Le lendemain de son passage, Loulou est en forme et retrouvera vite ses allures habituelles.
Manifestement il compensait des blocages avec ses pieds et les avoir remis "droits" a révélé le soucis.

Entre-temps LA selle est arrivée, celle que j'avais choisi après une belle séance d'essai (où mon budget initial a explosé après avoir testé un modèle qui le dépassait) et une prise de mesure du dos pour qu'elle soit faite sur-mesure... l'attente ne m'a pas paru très longue puisqu'elle est tombée au moment où je ne le montais presque pas. Elle est belle, confortable (j'y suis mieux positionnée) et Loulou se déplace nettement mieux sous elle que sous les précédentes. Je ne regrette pas de manger des pâtes

La pareuse repassera en fin d'été, les PHW sont partis en morceaux en quelques semaines, les pourritures de fourchettes sont en voie de guérison (à grand coup de hoof stuff) et je n'aurai plus de soucis de raideur après ses interventions par la suite. Elle le suit toujours aujourd'hui (1 an et des poussières après) et j'adore son travail .

Comme on est en plein été la reprise sera très light sur les semaines qui suivront, balades en main et longues rênes en tête.
A la fin de l'été toutefois, Quatrain est à nouveau en forme.


On programme la reprise d'un travail un peu plus sérieux avec coach ... (la suite au prochain épisode).

Chapitre 15 : reprise du travail, catapultage...


On avait donc repris, à grand coup de mini-balades et de travail sur le plat après cette période un peu cata.

Reprise des cours avec coach qui m'annonce une nécessaire séance de mise en selle.
Quatrain avait bien repris du poil de la bête depuis quelques temps et ce jour là je le sentai particulièrement de bonne humeur, un brin vif sans être désagréable.
Evidemment, séance de mise en selle = moi en galère.
D'autant qu'on a travaillé l'équilibre au trot ... là vous pouvez me visualiser plus ou moins en perdition, tentant désespérément de retrouver un semblant de stabilité entre (et pendant) les exercices (pourtant encore peu retors) visant à améliorer ma position sur mon trottou qui accélère lentement mais surement.

Vous le voyez le trotteur qui accélère?
Qui prend (un peu) vite le virage de la largeur descendante (légère déclivité) de la carrière ?
Qui accélère encore un poil en arrivant au coin du bas et qui ... tombe dans le galop ?
Et sa cavalière (moi), ravie (oui, galoper ne nous arrive pas souvent vu à quoi ça ressemble: j'ai tendance à éviter le massacre), de s'écrier " wouéééé, il galope".

Visualisez-la donc quelques instants plus tard ... en pleine dégustation-express de sable.
Parce que passée ses 3/4 foulées en levant le dos (de joie d'après ma coach), il y a eu le virage suivant (celui du bout de la longueur) ... et la perte de cavalière grâce à l'énergie cinétique et à un semblant de virage à 180° qu'il affectionne habituellement quand il joue en liberté dans la carrière.

J'ai eu mal au dos (avec un bel hématome), mais j'ai regrimpé aussi sec, n'ayant pas assez mal sur le moment pour jeter l'éponge. Même si quelques tours de pas et de trot plus tard, histoire de dire que "c'est pas la fête", j'ai capitulé et je suis redescendue pendant que super-coach me le longeait histoire de "lui remettre les idées au clair, quelque part par là, du côté du respect".
S'en est suivi un coaching moral sur le thème : "va falloir serrer la vis", rapport aux levées de dos associées au galop ... irrespect intolérable pour super-coach.
Je trouvais ça assez drôle quand il le faisait en liberté dans la carrière (un cheval qui s'exprime, youhou, ça change), mais avec moi sur le dos ça l'était nettement moins.

Les séances suivantes (de longe le temps que je me remette) ont été instructives : plus de concentration de sa part, moins de laisser-aller de la mienne (oui, les deux vont ensemble, c'est assez logique) et l'occasion de mettre le doigt sur un gros manque d'équilibre à main droite (et de nets progrès à main gauche).
Il y a eu une longe catastrophe dans un pré suivie d'une excellente séance montée dans le même pré alors que je craignais le pire... à me rendre chèvre.



Le travail a repris ensuite (pendant un temps essentiellement au pas), entrecoupé par une boiterie un peu étrange . J'ai passé quelques jours persuadée au ses allers-retours avec glissade intégrée au paddock étaient responsable... au passage de la véto quelques jours plus tard, plus aucune trace de la boiterie ...
C'est ma pareuse qui mettra le doigt sur une sortie d'abcès quelques semaines plus tard.
Je passerai quelques jours armée d'argile et de couche bébé pour colmater le lieu de sortie de l'abcès près de la fourchette et éviter de laisser des saletés s'y installer.

L'ostéo viendra par la suite lui remettre le garrot et le bassin droit.

On poursuivra un travail monté avec pour but d'avoir plus d'engagement des postérieurs, ceux-ci ayant pris la fâcheuse habitude de traîner loin derrière... entre ça et la précipitation, il y aura du travail (travail toujours en cours un an plus tard ><') .

Quatrain s'éclatera de plus en plus à pied avec un peu plus d'expressivité .