L'élevage de sport est-il en danger ?

 Répondre au sujet
Page(s) : 1 2 3 4 5 6
Auteur
6699 vues - 80 réponses - 5 j'aime - 26 abonnés

Lunaloveisgood

Expert
   

Trust : 282  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 771
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 06/03/2021 à 18h47

Attention pavé !

Derrière ce titre volontairement polémique, j'aimerais discuter aujourd'hui d'un sujet un peu sensible mis en lumière dans le dernier dossier "élevage" de l'Eperon (n°388).
Je l'ai, en effet, trouvé extrêmement pertinent et, c'est d'ailleurs la première fois, que je vois retranscrit mes craintes noir sur blanc dans un magazine spécialisé avec une telle audience.

Je vous recopie ici l'introduction, un extrait et la conclusion du journaliste. Je pourrais, éventuellement, transmettre l'article complet (avec tous les chiffres de l'enquête) en mp à ceux que cela pourrait intéresser afin que l'on puisse tous débattre du sujet en partant des mêmes bases.

Introduction :
" Peut-être est-ce un sujet tabou qu'il est difficile d'aborder. Il y a une sorte d'omerta internationale sur le nombre élevé de saillies effectuées par certains étalons depuis des décennies. Personne ne communique sur le sujet. Ni les principaux étalonniers européens, ni les stud-books, ni la Work breeding federation of sport horses (WBFSH) ne semblent vouloir partager cette information. Il serait pourtant assez simple, et très instructif, de publier officiellement le nombre de juments saillies par chaque étalon dans le monde, chaque année. La WBFSH devrait s'en charger. Mais il semble que tout un système serait remis en cause si l'ensemble des éleveurs européens se rendait compte que seuls les étalons qui saillissent énormément dès leurs débuts peuvent un jour figurer dans le haut des classement mondiaux. Pour illustrer cette enquête, nous prendrons quelques exemples significatifs d'étalons âgés ayant un succès au niveau européen.

L'étalonnage est devenu un marché très concurrentiel au niveau international et il est difficile de s'y faire une place si l'on n'a pas l'entregent pour collaborer avec les plus importants étalonniers européens, ou si l'on n'a pas les moyens financiers d'acheter des étalons performers de haut niveau ou d'anciennes vedettes. Depuis que le studbook Selle Français est "ouvert" et que la plupart des étalons vedettes en Europe sont accessibles aux éleveurs français, l'offre est plus vaste, plus internationale qu'autrefois. En est-elle meilleure pour autant ?"

Extrait :
" Outre le fait que ce système de saillie à outrance amène beaucoup trop de produits d'un même étalon sur le marché, il y a aussi un problème, plus grave et à plus long terme, qui se pose sur le plan de sélection du cheval de sport : la diminution du cheptel d'étalons utilisés et réellement testés sur descendance par rapport à la multitude d'étalons approuvés dans le monde et, donc, la réduction de la diversité génétique. C'est sans doute le problème le plus préoccupant. Car, non seulement les étalons à la mode produisent beaucoup plus de fils étalons à leur tour à la mode, mais ils produisent également énormément de filles qui deviennent poulinières et laissent également leur empreinte génétique.
Hélas, quand les éleveurs et les instances qui sont censés les gouverner - les stud-books et la WBFSH- en prendront réellement conscience, il sera trop tard. On ne pourra plus revenir en arrière une fois que la diversité génétique aura disparu ou sera réduite à quelques courants de sang d'étalons à la mode, eux-mêmes issus de lignées identiques. Une peau de chagrin. "

Conclusion :
"Autrefois les stud-books européens faisaient appel aux étalons Pur-sang ou Anglo-Arabe - voire Trakehner en Allemagne - pour apporter, entre autres, de la diversité génétique. Cette époque est révolue et l'utilisation de ces étalons est devenue anecdotique car il n'y a plus de reproducteurs de ces races ayant les performances sportives à haut niveau, critères que tout le monde recherche de nos jours.
On s'aperçoit que les grandes lignées mâles provenaient des meilleures étalons de croisement, notamment Pur-sang tels Orange Peel, Furioso, Rantzau, Ultimate, Ladykiller, dont descendent la plupart des meilleurs étalons actuels.
Mais cet apport de "sang" et de gènes nouveaux n'existant plus en Europe, le travail de sélection se fait sur un pool restreint à moins de dix lignées mâles en Europe. Plus les étalons aux origines à la mode vont saillir, moins nous aurons de chance de voir émerger un nouvel étalon avec un pédigrée relativement en "outcross".
B.L.C, L'éperon, n°388.


Pour préfacer mon propos, je tiens à préciser une petit peu mon parcours. Je suis une cavalière amatrice au statut de particulier qui se passionne pour l'élevage (sans jamais avoir fait reproduire pour le moment).
J'ai été frappée, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, par la multitude des étalons proposés à la saillie et j'ai, comme beaucoup, été séduite par des étalons vus à l'époque uniquement via les GP du dimanche sur Equidia et les catalogues extrêmement soignés des étalonniers/marketteurs.
Je ne fais, depuis, que repousser mon projet de saillie par crainte de ne jamais en savoir assez, et, comme la généalogie reste un domaine qui m'apparaît éternellement vaste, je reste pour le moment dans un doute perpétuel, dans une quête inépuisable de l'étalon idéal pour ma jument. M'enfin ça c'est une autre histoire...
Je suis aussi un fervent défenseur du selle francais originel et du stud-book CSAN, donc, clairement absolument pas objective sur le sujet.

Voila mes questions aux éleveurs ou cavaliers passionnés. Je les ai orientées vers le Selle français car c'est la race que je connais le mieux et qui m'intéresse le plus mais tout le monde peut participer, bien entendu, pas de discrimination !

1) Partagez-vous les impressions du journaliste sur le rétrécissement du pool génétique et le monopole de quelques grosses structures d'étalonnage qui biaissent les chiffres et les classement de reproducteurs ?

2) Si oui, pensez-vous qu'un retour aux quotas de saillies soit une solution possible ou totalement utopique au vu de l'hégémonie du secteur privé dans le domaine et du désengagement du secteur public ?

3) Craignez-vous, dans un avenir plus ou moins proche, l'avènement d'un stud-book européen au détriment des spécificités nationales ou l'appelez-vous de vos voeux les plus chers ?

4) Trouvez-vous cet article trop alarmiste ou avez-vous déjà, parfois, des difficultés à préparer vos croisements sans constamment retrouver les mêmes chefs de race dans les papiers et donc de la consanguinité (hors démarches volontaires de linebreeding/inbreeding ) ?

5) Bien que le problème de la consanguinité et de la suprématie de certains étalons ne date pas de l'ouverture du stud-book SF, trouvez-vous que le problème s'aggrave aujourd'hui avec la disparition de précieuses lignées dites "outcross" et la sur-spécialisation des races constitutives du selle français dans leur propre domaine d'expertise (trotteur en course, anglo en complet, arabe en show/endurance etc.) ?

6) Enfin, si vous trouvez que le système actuel est problématique. Avez-vous des solutions/hypothèses à partager ici pour sortir d'une possible crise future due à un appauvrissement du patrimoine génétique ?


Personnellement, je suis très pessimiste. Les éleveurs suivent le marché car ils souhaitent pour la plupart - et c'est bien normal - vendre au sevrage pour rentrer dans leur frais et faire une plus-value nécessaire à toute entreprise pérenne.
Dès lors, il faut un papier alléchant avec, non seulement, une ligne maternelle apropriée mais aussi un étalon commercial.
Or, les étalons performant, comme leurs noms l'indiquent, sont "fabriqués" dans le but de briller en compétition à haut niveau et ne représentent pas les besoins de 90% des acheteurs qui, eux, sont amateurs.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que la plupart des cavaliers de sport amateurs cherchent un cheval polyvalent au caractère stable. Un cheval qui pardonne/tire-cul pour se faire plaisir le dimanche en concours. Ces cavaliers n'ont pas forcément la patience ou les compétences pour former des jeunes chevaux - je dis cela sans aucune malice et m'inclus dans le lot - . Or, un élevage qui proposerait des chevaux comme cela, bien nés et valorisés jusqu'à leurs 6 ans, ne rentreraient jamais dans ses frais car les prix du marché sont totalement tronqués.
D'ailleurs, dans le même numéro de l'Eperon, Serge Lecomte (candidat à sa réélection à la présidence de la FFE pour un sixième mandat) indique vouloir : " accroître le nombre de cavaliers. Plus on est nombreux, plus l'équitation est forte et reconnue, mieux les professionnels en vivent, plus on peut développer les activités. En transformant des piétons en cavaliers on crée des besoins en chevaux, en matériel et en équipement. Mon objectif sera d'atteindre un million de licenciés".
Je ne suis pas d'accord avec son postulat qui me semble manichéen à souhait. Bref, on en revient toujours au sujet de la démocratisation de l'équitation...

Édité par lunaloveisgood le 06-03-2021 à 23h35

Anemone47

Membre ELITE Or
  

Trust : 480  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 12972
8 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 10h14


lunaloveisgood a écrit le 06/03/2021 à 18h47:



3) Craignez-vous, dans un avenir plus ou moins proche, l'avènement d'un stud-book européen au détriment des spécificités nationales ou l'appelez-vous de vos voeux les plus chers ?




Pour répondre plus précisément à ta question : c'est déjà un fait que nous en sommes actuellement à élever majoritairement un métis type cheval de sport européen , c'est mot pour mot ce que m'expliquait en 2014 déjà , un juge national SF avec qui je discutais passionnément lors du repas , fort sympathique , d'une journée de concours d'élevage en Gironde ; comme il connaissait par ailleurs ma "façon " d'élever ( SFO par conviction ) il m'a encouragée à continuer dans ce sens .C'est d'ailleurs ce constat qui m'a poussée à m'engager dans la voie du CSAN , et c'est là que j'inscris dorénavant mes poulains "SFO ".
Pour autant, que cela engendre l'avènement d'un SB de cheval de sport européen , je ne sais pas , mais on peut s'interroger effectivement sur la légitimité d'un SB dès lors qu'il ne gère plus de spécificités par rapport aux autres SB ? Ce n'est plus qu'une guerre de commerce , à qui organisera le plus d'évènements promotionnels , assurant le plus de débouchés ? Tant qu'il y a l'existence de primes SHF : gains de concours et Pace , le SF reste attractif je pense mais sera-ce toujours le cas ?

Obsonine

Membre d'honneur
  

Trust : 232  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2306
0 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 16h40


alia1 a écrit le 06/03/2021 à 19h42:
Je vais juste répondre d'un point de vue strictement génétiques, effectivement la baisse du nombre de reproducteurs dans une population favorise énormément la dérive génétique, qui augmente le nombre d'allèles à l'état homozygote et donc augmente l'expression des allèles délétères...


Tout à fait. Ce dont tu parles, c'est la définition même de la consanguinité d'un point de vue biologique.

Juste une précision supplémentaire : tous les allèles tendent à la fixation, pas seulement les délétères mais aussi les allèles ayant un effet positif.

C'est d'ailleurs dans cet optique là que la consanguinité (inbreeding) a pu être utilisé comme outil à une certaine période.
Moins aujourd’hui (il me semble), ce qui n'est pas plus mal car ça demande une grande technicité et un suivi attentif de la descendance en s'assurant de ne faire reproduire que les individus "élites" et surtout pas les autres (aussi bien mâles que femelles). Or, avec l'accès facile à la reproduction pour les particuliers, difficile de s'assurer que "choupette-adorée-malgré-ses-défauts" ne reproduira jamais...

Obsonine

Membre d'honneur
  

Trust : 232  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2306
8 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 17h27


khymette a écrit le 06/03/2021 à 21h51:
J'avoue ne pas bien comprendre plusieurs points : les chefs de race c'est pas un concept nouveau. Pourquoi ça serait subitement grave ? D'autant plus que le brassage est européen maintenant donc très franchement je doute du risque de consanguinité. Les éleveurs canins se débrouillent dans des races à effectifs bien plus faibles ! Surtout que j'ai pas l'impression que ça soit si restreint que ça la variété des origines en réalité, quand je vois les chevaux de sport de mon écurie y'a de tout en papier.


Pour moi, le brassage européen n'est bénéfique que si on se place à très court terme (une petite poignée de génération tout au mieux).
Comme cela a déjà été souligné, ça contribue en fait à restreindre encore le nombre le lignées (mélange d'élites entre eux jusqu'à ne former qu'une seule lignée). Ce qui a pour conséquence non seulement d'homogénéiser le pool génétique au niveau européen mais aussi à éroder considérablement la diversité des pools nationaux qui subsistent.

C'est d'ailleurs exactement ce qui s'est passé avec les Prim'Holstein, pour lesquelles la réduction de la diversité génétique pose un réel problème au niveau MONDIAL avec des problèmes de santé et de fertilité qu'il est très difficile de résoudre avec le peu de diversité restante. Pour le dire autrement, de nombreux allèles favorables, jouant sur des caractères non sélectionnés à l'époque, ont été perdus avec l'érosion de la diversité génétique. Point sur lequel il est impossible de faire marche arrière.

En végétal, il s'est passé la même chose avec certaines espèces de grande culture, je pense notamment blé. Or, dans les variétés locales (qui sont aujourd'hui menacées) on peut trouver des ressources génétiques très intéressantes pour répondre aux problématiques auxquelles on fait face aujourd'hui : Résistance aux maladies pour favoriser la réduction des produits phyto, résistance à la sécheresse/au froid/à l’excès d'eau pour s'adapter au réchauffement climatique...

Les éleveurs/généticiens/sélectionneurs des espèces pour lesquelles l'érosion génétique est encore assez limitée ont tout intérêt à préserver des pools génétiques variés. Ce qui n'empêche pas de croiser certains individus de différents pools entre eux, à partir du moment où ça ne devient pas la norme

Argamelle

Membre ELITE Bronze
 

Trust : 1301  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 6847
0 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 17h37

A mon humble avis, la solution est à trouver dans les races de territoire

Les races élevées pour le sport sont devenues complètement inutilisables en loisir

Anemone47

Membre ELITE Or
  

Trust : 480  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 12972
3 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 18h07

argamelle c'est bien péremptoire comme affirmation...il y a pourtant des tas de SF ( ou autres ) encore tout à fait sympas, et qui conviennent à une utilisation de sport-loisirs
Mais j'avoue que je ne considère pas les races de territoires ( à moins que je n'ai pas compris ce que c'est ) comme l'avenir du cheval de sport ( sujet du post .

Argamelle

Membre ELITE Bronze
 

Trust : 1301  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 6847
2 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 18h20

anemone47

Oui, c'est vrai, pour le coup, c'est pas très mesuré comme propos


C'est l'amoureuse du castillonnais qui parle, Mea culpa

Anemone47

Membre ELITE Or
  

Trust : 480  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 12972
1 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 18h26

argamelle donc j'avais bien compris pour les races de territoires .

Anso.s

Membre d'honneur

Trust : 44  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 1250
1 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 20h26

argamelle
C'est d'ailleurs l'une des grandes forces du SF à la base, d'allier sport et loisirs !
Des chevaux suffisamment qualiteux pour être compétitifs et avec énormément de gentillesse et des caractères sympas pour se faire plaisir en loisirs .

Je ne sais pas si factuellement si ça se perd ou pas mais quand je vois les croisements et les agréments d'étalons jai peur que ça soit le cas, car niveau origines on privilégie le bling bling (origines de fou, chic, cheval qui vole au lieu de trotter et qui saute de fou) mais on oublie que le cheval qui a une locomotion de malade, bah un cavalier lambda va galerer à rester dessus ne serait ce qu'au trot (et je suis team cavalier lambda..)

Pcql

Membre VIP
 

Trust : 44  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 4422
5 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 20h43

anemone47 Pourtant, les "races de terroirs" croisées avec le PS (et aussi l'arabe, l'AA et le TF dans une moindre mesure), c'est ce qui a fait les demi-sang à la base du SF ;)

Ceci étant : je suis plutôt d'accord avec les autres : ce côté "cool, utilisable en loisir du SF" se perd. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne voit plus de SF de loisir hein, mais ils sont quand même de plus en plus compliqués à gérer.
Feu les HN proposaient des pages entières de "bons ouvriers" qui faisaient de braves chevaux capables de sauter 120, de faire du club ou de randonner. Et certains d'entre eux produisaient aussi des cracks (je pense à des étalons comme Uriel, Qredo de Paulstra, Muguet du manoir, ou plus près de nous : Fidelio du Thot etc.). Mais ce n'est pas en croisant une L'arc de triomphe * papillon rouge avec un Balloubet * Quidam de Revel qu'on va sortir du brave ouvrier de ce genre ;)

Édité par pcql le 09-03-2021 à 20h49



Crinsdorphee31

Membre ELITE Or
  

Trust : 1617  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 14273
0 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 20h47

pcql et de l'anglo...

Obsonine

Membre d'honneur
  

Trust : 232  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2306
2 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 09/03/2021 à 21h19

argamelle Ca se fait aussi en végétal.

Le truc c'est que pour obtenir du matériel "élite" en croisant avec ce qu'on appelle des "ressources génétiques" il faut plusieurs générations de back-cross (croisements successifs avec du matériel élite).

J'imagine difficilement les éleveurs de chevaux de sport "s'embêter" à produire 2-3 générations "moyennes" avant de pouvoir obtenir des produits satisfaisants sur le plan sportif

Surtout qu'il faudrait conserver plusieurs individus de chaque génération suffisamment longtemps pour déterminer lesquels ont conservé les allèles favorables pour les caractères ciblés...

Fedaia

Membre d'honneur

Trust : -  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 1345
9 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 10/03/2021 à 19h36

Juste pour info, le cheval arabe espagnol ne compte plus de chevaux asils depuis au moins 50 ans. Côté effectif, on doit être entre aux alentours de 100 naissances/an, dont la majorité sont orientés show (avec ce que ça implique comme problématique pour une utilisation sportive, notamment l'épaule droite et la ligne de dos rigide). Reste entre 20 à 30 naissances/an sur des lignées qui sont à l'origine de l'AA, du PFS, mais aussi du shagyah ou du trakehner par exemple.

Le problème se pose dans toutes les races "commerciales", il est aussi présent dans l'arabe. Il suffit de regarder le catalogue de l'ACA. Les jeunes chevaux présents sont les fils de ceux qui y étaient déjà, et plus de 80% ont Persik, Dormane ou Tidjani dans le pedigree, au moins 1 fois si ce n'est plusieurs. Là où ça devient encore plus drôle, c'est que l'éditorial encourage à ne pas utiliser d'autres étalons que ceux présents dans ce catalogue. Pour le coup heureusement que l'ACA n'a pas son mot à dire sur l'approbation des étalons arabes, sinon on irait encore plus vite droit dans le mur niveau consanguinité et spécialisation (antinomique pour le cheval arabe qui n'a jamais été un cheval de course, d'endurance ou de show, mais un cheval doué d'une extrême polyvalence avec un haut degré d'exigence). Alors même qu'il est très ancré sur l'endurance, discipline vivant majoritairement sur les achats du Moyen-Orient, qui ont diversifié leurs sources d'approvisionnement vers l'Afrique du Sud, le Maghreb, l'Australie et l'Amérique Latine, et souffre donc d'un déficit commercial aujourd'hui.

Je maîtrise moins le sujet de l'élevage des chevaux de sport, mais en arabe on parle beaucoup d'inbreeding, d'outcross, et ce sont des techniques d'éleveurs qui ont un intérêt, mais qui nécessite une connaissance très fine, déjà de sa jument, mais aussi de sa souche (et là aussi c'est problématique vu le déficit de communication sur les lignées maternelles). Normalement on ne croise pas une jument comme on en croise une autre. Aujourd'hui, peu se posent la question, ils vont choisir l'étalon le plus vendeur (qui n'est pas forcément le meilleur). En sachant en prime, qu'un crack peut ne pas transmettre ses qualités (cf Ourasi, dont la descendance n'a jamais révolutionné le monde du trot par exemple).

Bref, ce débat n'est pas spécifique au cheval de sport.

Pcql

Membre VIP
 

Trust : 44  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 4422
1 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 10/03/2021 à 21h33

fedaia Juste : Ourasi n'a pas révolutionné le monde du trot, essentiellement parce qu'il était stérile. De tête il a une trentaine de produits.

Fedaia

Membre d'honneur

Trust : -  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 1345
0 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 10/03/2021 à 23h10


pcql a écrit le 10/03/2021 à 21h33:
@fedaia Juste : Ourasi n'a pas révolutionné le monde du trot, essentiellement parce qu'il était stérile. De tête il a une trentaine de produits.


C'est vrai, mais c'est pareil pour les descendants de ses collatéraux. Aucun n'a réellement fait souche il me semble (pour le peu que je connaisse du trot)

Pcql

Membre VIP
 

Trust : 44  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 4422
0 j'aime    
L'élevage de sport est-il en danger ?
Posté le 10/03/2021 à 23h45

En fait si : son père Greyhound était très bien né et a bien gagné, avec "un record de vitesse ahurissant pour l'époque mais peu de tenue", dixit mes copains éleveurs. Malheureusement, il n'a pas "révolutionné le trot" puisqu'il est mort après 2 ou 3 années de monte (fracture du jarret si mes souvenirs sont bons).
Quand a sa mère, elle n'a pas de grandes origines et aucune performance, mais elle a produit Ourasie et sa demi-soeur Vourasie : 3 fois dans le tiercé du prix d'Amérique, c’est pas si pire comme poulinière ;)
De mémoire, Vourasie est morte à son premier poulinage. Un stérile et une morte : Fin de la lignée

Édité par pcql le 11-03-2021 à 00h03



Page(s) : 1 2 3 4 5 6
L'élevage de sport est-il en danger ?
 Répondre au sujet