De quoi meurent les vieux chevaux

Personnellement, comme tartine88 je ne juge pas les gens qui n'en sont pas capables.

J'ai accompagné deux amies qui ont dû faire piquer leur chaton. L'une est restée, l'autre a préféré sortir. Ce n'était pas une question d'amour ou d'implication, les deux ont tout fait pour tenter de sauver leur chaton. C'est une personne qui peut être très forte pour certaines choses, et très fragile pour d'autres. A ce moment là, dans cette période là, elle n'était tout simplement pas capable d'y assister.
Surement, le fait que sa compagne ait pu elle, rester jusque au bout, a sans doute aidé à sa décision (le chaton n'était pas "seul"), je ne sais pas ce qu'elle aurait fait si elles n'avaient pas été deux par exemple.

Bref, il y a des cons, et parfois il y a juste des gens font de leur mieux avec leurs moyens du moment.

Je suis rarement aussi raide que toi, tam89, mais là j'avoue te suivre complètement ... tout comme un parent se doit d'accompagner son enfant dans les moments difficiles, je trouve que c'est aussi un devoir en tant que proprio vis-à-vis de son animal. Oui, c'est hyper dur, je revois encore mon chat hurler dans mes bras quelques minutes avant de mourir (naturellement), mais les laisser sans leur humain de référence, c'est terrible pour eux je pense ...
Bien entendu, personne ici n'évoquent les impossibilités physiques style ton chat vient de se taper par une voiture alors que tu es en déplacement à 300km et qu'il faut abréger ses souffrances dans les 10mn.

Personnellement sur le fait de rester ou non pour l'euthanasie je suis partagée. Mes animaux c'est évident je reste jusqu'au bout, j'ai un vrai besoin de les caresser et d'être avec jusqu'à ce qu'ils ne soient plus (et même après, une fois on a discuté 5 min après l'euthanasie d'un chat et ces 5 min j'ai caressée mon chat même si'il n'était plus). C'est une chose que je fais aussi avec les animaux des autres, j'ai vue plusieurs grands chiens et un vieux cheval être endormis, je me sentais de devoir les papouiller jusqu'à la fin, le cheval je m'en occupais comme si c'était le miens donc mon comportement à été logique mais un des chiens, c'était une carne, méchante au possible et qui m'a mordu un nombre pas possible de fois, ben je l'ai quand même accompagnée, papouillée et elle a rendu son dernier souffle dans mes bras.
Beaucoup de mes proches ne supportent pas ça et partent avant l'injection fatale, dans un sens je comprend car c'est un moment extrêmement dur mais dans un autre je ne comprend vraiment pas comment on peut laisser son compagnon sur la table du véto, même en lui disant au revoir avant.

Je dirais que c'est du ressenti de chacun
(Edit : Et oui quand on ne peut pas être physiquement là à la fin de la vie de son compagnon on va être d'accord que c'est bien différent)

J'avoue que je ne savais pas qu'on pouvait rester juste pour la piqûre qui endort et partir après. J'avoue que cette option me plaît assez dans la mesure où on est là jusqu'à ce qu'ils soient conscients et on se préserve de la mort.

Mais tartine88 personnellement, je ne juge pas, je dis juste que pour ma part je n'envisage pas de ne pas être présente, que cela est propre à chacun.
Ceux que je juge ce sont ceux qui invoquent l'euthanasie au moindre souci parce que le cheval est vieux.

Pour ma part, je ne conçois pas de ne pas être là, c'est mon choix et j'ai expliqué pourquoi. Mais j'insiste, vraiment : chacun est libre.
Je suis hypersensible, hyper-émotive et hyper-empathique à un stade handicapant dans ma vie de tous les jours Et en ce qui me concerne, c'est cela qui justement m'invite à rester avec mes animaux car je ressens leur détresse et je ne peux pas imaginer les laisser sans repère et sans réconfort dans ces moments. C'est ma façon de voir les choses dans ces moments si délicats. ça été extrêmement dur pour moi à vivre, à chaque seconde j'ai failli perdre pied et ça reste des souvenirs traumatiques mais malgré cela, ce choix que j'ai fait d'être présente est celui qui me fait être en accord avec moi-même et mon rapport à mes animaux, et je sais intimement que tout autre choix m'aurait été insupportable et plus traumatique encore.
C'est tellement personnel ces questions de le rapport à la mort et aux défunts. Il n'est donc pas question pour moi de juger ceux qui font différemment tant que c'est dans le respect de l'animal.


C'est aussi pour cela que je pense qu'anticiper peut être un fil d'Ariane dans la traversée de ces épreuves, quelles que soient les décisions prises, et permettre de ne pas avoir de regrets et de ruminations ensuite ou du moins les limiter.. j'aurais du faire ceci, j'aurais du faire cela,... si j'avais su...

Je n'ai visé personne en particulier. Simplement en lisant le fil, plus ça avançait, plus les propos se sont durcit concernant les "abonnés absents" aux euthanasie. Et certains propos m'ont fait réagir. Parce que nous n'avons pas toutes et tous la même morale et que "l'obligation d'être présent" ne l'est pas pour tout le monde et tout le monde n'est juste pas capable de voir son animal mourir devant ses yeux. Parce que faut quand même pas oublier que majorité des euthanasies découlent de la décision du propriétaire et au moment fatidique, c'est pas la force de l'amour qui frappe, c'est bien souvent la culpabilité, la peur de la mort, le doute, le rejet de la réalité. C'est en ça que je dis qu'émotionnellement, ça peut être délicat pour beaucoup à gérer, et que juger un proprio qui détourne le regard en étant physiquement absent, je trouve ça violent.

Cependant, je suis moi-même incapable d'imaginer ne pas être là. J'ai beaucoup vu Pâquerette dans mes cauchemars, dans sa petite cage métallique de la clinique, malade, souffrante, le regard à la recherche de mon chéri (qu'elle aimait tant!) et PAFF, la piqûre. Je la pleure encore, je me réveille encore en sursaut. Bah oui, pour moi c'est inconcevable et on a beau me dire "ça te fera pas revenir en arrière!" bah non, mais c'est ma façon de vivre les choses. Quand bien même je préfère ça, parce que je n'imagine pas faire attendre le véto (et Pâquerette) juste pour dire que j'étais là. Mais je m'en bouffe les doigts.

Pour Rina, la ponette du voisin, en colique +++, je me suis acharnée pour faire venir le véto. J'ai fait les premiers soins mais je devais aller bosser, bah chéri est resté avec elle, sa propriétaire également. A 16h elle était piquée, je suis rentrée à 22h du taff, j'ai appris la nouvelle j'étais écroulée, mais je la savais accompagnée jusqu'au bout et j'avais préalablement tout "mis en place" pour qu'elle soit à l'aise et qu'elle ne manque de rien alors que ce n'était pas la mienne. Il n'y aurait eu que moi, je ne serais pas allé travailler !

perso je considère qu'être capable ou pas, de supporter ou pas, n'est pas la question
ton animal va mourir tu dois être là et mettre tes problèmes de côté, pour lui, parce que c'est le devoir du propriétaire
c'est facile d'être là quand ça va bien et de l'abandonner au moment où il a le plus besoin de son maître...

elicendi Sauf que ça c'est ton avis et tu ne dois pas l'imposer à quiconque sous prétexte que tu as la capacité de. J'en reiviens à ce que je disais : les injonctions des uns et des autres qui portent un lourd jugement en pensant qu'on détient la vérité, la morale, ... ça me hérisse le poil !
Beaucoup de proprios ne jettent pas l'animal à la moindre contrainte, au contraire, beaucoup se battent pour et avec l'animal. Mais l'euthanasie, ça reste quand même une réalité propre à chacun de laquelle peut découler un énorme sentiment de culpabilité. Alors on en pense ce qu'on en veut, mais ce sentiment est parfois si fort que malgré les lourdes batailles vécues, l'euthanasie est peut être la goutte de trop à pouvoir supporter...

Citation :

tu dois être là et mettre tes problèmes de côté

Tu sais, ce genre de phrase, on me l'a sorti une fois. Et c'est à ce moment-même que j'ai compris que mes problèmes, personne n'en n'avait conscience, qu'absolument personne n'a su ni compris toutes les batailles endurées. Et on peut être là des années durant, à soutenir une personne, sans être capable lors de son dernier souffle, d'être présent. Je l'ai vécu mais avec une personne humaine. Bah on en pense ce qu'on en veut. Pendant des mois j'ai été là pour soutenir et accompagner, soigner et consoler. Mais au dernier moment non, j'ai pas été capable. Et pour le coup je ne m'en veux pas, parce que j'aurai été là AVANT !

Etre là pour l'euthanasie de l'animal sans jamais avoir soigné ou donné les moyens de survie à la bête, c'est là pour moi la vraie hypocrisie. Mais je peux comprendre que certains en soient là. La dernière présence pour se consoler de toute l'absence d'avant ...

En ce qui concerne la présence à l'euthanasie , j'ai toujours été là , pour les miens et j'ai aussi tenu ce " rôle " pour plusieurs chevaux de propriétaires qui ne voulaient pas s'en occuper eux-mêmes , je l'ai fait sans jugement ,tout le monde n'est pas capable de l'assumer

tartine88 si ça peut soulager ta conscience de penser que ceux qui assument leur présence jusqu'au bout le font juste parce qu'ils n'étaient pas là avant... Tant mieux pour toi. Sauf que c'est probablement rarement le cas.

elicendi ma conscience va bien et elle te remercie de t’en inquiéter. Simplement mes propos sont basés sur des observations de mes yeux, et des expériences.

Concernant la présence je l'ai fait pour 1 seule de mes shets (et c'était celle d'un club officiellement, présente depuis moins d'1 ans chez moi), a noël.
Les autres soit je n'était pas là (dans un autre pays) soit pour l'une on ne m'as prévenu qu'après. En effet les gens ont pensé qu'il valait mieux que je garde souvenir de la jument debout et en forme. Je leur en ai beaucoup voulu, mais c'est tout simplement que chacun a une façons différente de voir la mort, ils ont pensé me protéger, et moi j'ai eu le sentiment d'être écartée et de ne pas l'avoir accompagnée.


Pour mes chats je n'ai été présente pour aucun : le premier venait de passé 2 ans de bataille, 2 ans a s'acharner parce qu'il y croyais. 3 jours avant j'ai prévenu mes parents que c'était finit, il ne voulait plus se battre. On a attendu que ma mère revienne de déplacement, programmer avec le véto pour qu'il vienne a la maison. On a passé la nuit dehors, a ses cotés, a se dire au revoir. C'était une nuit magique.
En parallèle j'avais mon hongre accidenté. Et 1 h avant que le véto arrive, le véto de mon hongre m'as dit qu'il arrivait, pour savoir si oui ou non mon hongre pourrai s'en sortir, remarcher un jour.
J'ai eu énormément de mal a partir, mais avec mon chat on s'était dit au revoir, et mes parents l'accompagnaient. Mon hongre il était tout seul, avec peut être l'avenir devant lui.
Je me suis rendue auprès de mon cheval, et n'ai pas été présente pour mon chat.

Le suivant je l'ai eu chez moi en appart 1 mois avant son décès, et il s'est dégradé très très vite, d'un coup, sans soucis de santé connu, cancer généralisé, il se gonflait de liquide. J'avais des cours, un emploi du temps surchargé, pas de présence en journée, et l'école s'en fichait bien. La seule clinique capable de s'en occupée était a 1h30. Ma mère est venue le chercher pour le ramener chez eux (où il avait toujours vécu), et il a été euthanasié 2 jours plus tard, elle était présente.

On pourrai dire que je suis lâche : je l'ai renvoyé chez mes parents au lieu de l'accompagner. Mais a un concrètement, moi je n'était pas présente de 7h a 21h, je passait plusieurs fois par jour, mais ne pouvait pas lui tenir compagnie, et surveiller sa santé h24. Ma mère travaillant a domicile pouvait elle, et ma cousine était chez eux également, il a donc eu une présence continue, lui qui réclamait le contact.
Et franchement mentalement moi ça n'allais pas du tout a cette époque, j'avais un cheval qui partait en colique tout le temps, ça ce passait très mal a l'école, a un moment si on ne veux pas se prendre un mur il faut connaitre ses limites (même si ma mère les connais mieux que moi ^^ )


L'accompagnement ça dépend des gens, de ce qu'ils peuvent, veulent. D'autant que les euthanasie sont en 2 étapes : on sédate avant d'injecter le produits pour arrêter le coeur. Ça peux être préférable pour certain d'accompagner jusqu'à la sédation, de voir l'animal s'endormir, et de ne pas rester pour la suite, qui peux être traumatisante, il arrive que les animaux convulsent.
Pour moi, pas de jugement a avoir, chacun fait ce qu'il peux, et chacun a un rapport différent avec la mort.

tam89


Cela a été pareil pour mon âne Cornille. Le c?ur ne voulait pas s'arrêter. 3 injections pour un cheval de trait. ça c'est dur à vivre, même si on sait que lui n'est plus conscient de ce qui se passe

cabochons

Oui j'ai trouvé ça super dur aussi, cette attente si longue, et savoir que le coeur ne s'arrête pas, c'est compliqué à vivre.

gitane85 Si si, c'est possible. Cet été nous avons malheureusement dû faire piquer notre très vieille chienne de famille. Nous étions tous les 4 mes parents, ma soeur et moi chez la véto. Elle a été absolument super, nous a tout expliqué de A à Z, nous a demandé ce que nous souhaitions faire (comme par exemple régler la paperasse avant pour nous éclipser après sans augmenter la douleur, ou l'inverse). Et elle a notamment demandé non pas si nous voulions rester tous les 4 mais si certains d'entre nous souhaitaient rester lors de l'endormissement, et idem pour l'injection létale. Elle nous a à chacun laissé le choix, en nous laissant longuement tous les 4 avec elle pour discuter sans elle et savoir ce que nous voulions faire, et l'appeler quand nous étions prêts.