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« rênes balançantes », « gogue canter » ?
Posté le 30/07/2021 à 19h59
couagga
Posté le 30/07/2021 à 19h59
moncoeurm
Pour le cavalier, la maitrise de l'assiette et du dos lui confère une puissance d'action importante. Il n'est pas utile d'agir sur les rênes pour faire tourner un cheval, modifier ses allures et le faire transitionner, on peut même modifier son attitude sans agir sur les rênes.
Je vais te citer un cas que je trouve extrême.
Une de mes juments refusait catégoriquement le contact à la main. Rétive, angoissée. à pied comme montée. Même en longe (je ne longe pas sur le mors) elle était absente de tout contact.
Quand je l'ai récupéré, elle ne marchait pas au pas, juste du trot chaotique ponctué de stops inquiets, évidemment, impossible de se déplacer dans la totalité de la carrière, de suivre la piste, de faire un simple tracé rond régulier.
Derrière la main, derrière les jambes.
Son manque de travail, son passif s'ajoutant à un environnement nouveau perturbant. A peine je prenais les rênes, sans même les ajuster qu'elle avait le menton dans le poitrail ou les naseaux au dessus des yeux ! Dans ces cas là, il ne reste que l'assiette et le dos, les barrières de la carrière te garantisse de rester sur place et tu utilises ta voix, des caresses pour apaiser et ton assiette et ton dos pour donner des indications d'allures et de direction. ça tombe bien ce sont quand même les fondements de l'équitation. Pour le coup, les artifices sont inutiles et il ne reste que la vérité de ce qu'on maitrise techniquement ou pas.
Oliveira disait, grosso modo, que les mains étaient secondaires en équitation. Elles viennent seulement poser le point final de confirmation de ce que l'assiette et de dos initient. La position précède l'action et l'action commence à l'assiette et dans le dos. Et bien, je remercie une bonne partie de mes enseignants de m'avoir appris tout ça, donc à monter avec mon assiette et mon dos avant d'utiliser mes mains et mes jambes.
Il faut faire tourner les chevaux avec ses épaules avant d'imaginer agir avec les mains. Il faut les ralentir à l'assiette et au dos avant de fermer les doigts sur les rênes. Il faut les impulser avec l'assiette avant d'agir avec les jambes. il faut les orienter avec son nombril avant d'utiliser les rênes...
Et avec un cheval qui craint la main plus que jamais. La main se tient loin devant et attend que le cheval se décontracte suffisamment pour choisir lui-même de s'étendre un peu, il en sera chaleureusement récompensé, même s'il ne le fait qu'une fraction de seconde. Puis peu à peu, il va comprendre que les choses sont différentes, il prendra confiance et ses tentatives seront plus nombreuses, plus durables... La main se tient prête à accueillir la bouche avec douceur, moelleux. Jamais elle ne va à la bouche, elle l'attend sagement.
Le tact de la main c'est aussi un travail de toute une vie, comme celui de la position. Ce que j'ai obtenu avec ma jument rétive il y a quelques années, je n'aurais jamais été capable de le faire au bout de 10 ans d'équitation, ni même 20 ans. Et ce que j'arrive à faire aujourd'hui est encore largement améliorable. Ma jument sensible, autrefois rétive, me le rappelle à chaque fois que je la monte mais elle ne fuit plus ni la main ni les jambes.