Ma première poulinière PRE est très consanguine. Elle est le résultat d'un croisement père/fille.
(ce qui est drôle c'est que je m'en suis prise plein la gueule quand j'ai commencé à faire naître mes premiers poulains avec elle et mon étalon (qui n'avait aucun ancêtre commun, on est clairement sur du "remixage" sur de l'inbreeding fort, ce qui est conseillé dans ce type de cas), alors que l'éleveur qui avait utilisé la jument auparavant + l'éleveuse qui utilise, encore aujourd'hui, son propre frère (mêmes parents), n'ont jamais reçu la moindre critique.... bref...la magie des RS)
C'est une jument sur laquelle j'avais craqué à l'époque, et qui est ma "vieille chouchoute", mais clairement ça n'est pas une jument qui vieillit bien. Elle a été produite pour reproduire précisément les points forts de son père, et elle le faisait: avant main exceptionnelle, encolure très impressionnante, et musculature au top. Mais avec ce pack est aussi venu le reste: allures basiques, mental compliqué (et encore, elle c'est une jument, son frère c'est pire), longue et bas jointée, dentition bof.
Aujourd'hui, à l'aube de ses 23 ans, elle est en train de devenir l'ombre d'elle-même. Elle a de gros écarts entre des dents, qui lui font stocker le foin, rendant difficile la mastication, elle a des postérieurs dont on se demande comment ils peuvent supporter son poids, jarrets droits comme un i et boulets proches du sol.
Bref, bien évidemment, dans ces conditions, il est parfaitement inenvisageable de la faire reproduire.
pourtant, au cours de sa carrière, elle a produit 11 poulains, en léguant à chaque fois les points forts de son père, et heureusement sans léguer ses propres points faibles (ce qui m'a permis très rapidement de savoir à quel point mon étalon produisait du poulain très gentil avec de supers allures).
Un juge m'a même demandé avant hier pourquoi je "m'emmerdais" à la garder en vie.... j'ai répondu que chez moi, les chevaux ne sont pas juste des ventres et que je l'ai acquise pour le meilleur et pour le pire...même si je sais que le meilleur est loin derrière nous, tant qu'elle garde la forme et à peu près le moral (elle est passée bonne dernière dans la hiérarchie ça lui a fait un coup).
A contrario, j'ai sa demi soeur, même père, mère très différente, non consanguine, elle. Elle vieillit beaucoup mieux, alors qu'elle n'a que 2 ans de moins. Elle est belle, ronde, a aussi des problèmes dentaires mais bien moins impressionnants et au niveau des membres elle est bcp plus robuste.
Bref, tout ça pour dire que l'inbreeding, ça dépend vraiment de qui on sélectionne comme parents. et pour moi, c'est une solution à court terme dans une préservation de race rare, car de toute façon il n'est pas recommandé de le faire au delà d'une génération, donc on est obligé d'aller chercher de la diversité génétique à la génération juste en dessous. On gagne donc assez peu, à l'échelle d'une race. C'est juste si un éleveur veut absolument préserver SA lignée que ça peut avoir un intérêt. Limité, si j'en crois les exemples que j'ai à la maison