tillandthea
Attention gros pavé
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de tout détailler ainsi.
Ce que je peux te proposer, c’est de procéder autrement pour démarrer ta séance. La façon dont j’ai appris c’est au contraire de placer d’abord le cheval sur la ligne imaginaire du cercle sur laquelle on souhaite qu’il marche. De l’y placer en main, de lui demander de rester à l’arrêt, en restant à hauteur de son encolure. Lorsque le cheval est à l’arrêt, on se décale à hauteur de l’arrière de l’épaule en restant face à son corps (donc approximative au passage de sangle) et on recule doucement pas à pas pour s’éloigner du cheval, toujours le regard sur lui (en regardant son épaule) et rejoindre le centre du cercle imaginaire, sans aucune tension sur la longe (c’est comme avoir les rênes à la couture, la longe doit être au repos.
C’est la première leçon donnée au cheval dans le travail de la longe : accepter de rester immobile à la place où on l’a conduit. Lorsqu’on se positionne à l’arrière de l’épaule ou que l’on commence à reculer, au moindre mouvement du cheval (avance, recule, se tourne vers la longeuse,…) on revient immédiatement à l’épaule, on replace le cheval et on demande l’immobilité. On caresse le cheval immobile, on prend le temps de consolider la position immobile et le calme, d’en faire une situation apaisante et confortable pour le cheval.
C’est exactement le même principe que l’apprentissage du montoir. C’est utile pour faire comprendre au cheval qu’il n’a pas besoin d’anticiper le travail, qu’il peut/doit rester calme, tranquille, qu’il aura des indications claires pour chaque demande (car en envoyant le cheval sur un cercle depuis le centre il y a 3 commandes simultanées : avancer, suivre un cercle, s’écarter).
Alors qu’en plaçant le cheval d’abord et en lui demandant l’immobilité jusqu’à ce que le longueur se soit lui-même placé, il ne reste plus qu’à attendre et répondre à un seul ordre : en avant !.
Une autre chose que j’ai apprise aussi et que je pratique, est de toujours prévenir avant de donner un ordre. En tout cas, tant que le cheval n’est pas complétement aguerri dans ce travail de longe (c’est-à-dire attentif, serein, dans la compréhension parfaite des mots utilisés et des réponses à donner). Ainsi je fais toujours précéder mes ordres du nom du cheval et parfois même d’un « attention ». ça donne, : « Pompon…attention pour marcher….Marcher » l’ensemble est prononcé en 3 secondes, mais ainsi le cheval sait que je vais demander quelque chose (par son nom sur un ton interrogatif et le "attention" mot fort reconnaissable et prononcé sur un ton neutre) ce qui capte son attention entièrement vers moi, il sait ensuite ce que je vais demander (le fait de donner un première fois le mot sur un ton neutre lui donne l’opportunité de soigner sa réponse par son équilibre, la mobilisation de l’énergie requise, voir de la posture) et ensuite le mot/ordre est prononcé clairement avec un ton enthousiaste pour susciter l’envie et donner le feu vert de la réponse.
En fait cette méthode participe à mettre le cheval dans la réussite, éviter de le surprendre, de le mettre en défaut, de l’exciter inutilement, il s’agit de le responsabiliser dans sa prise de décision (il a le temps de s’organiser pour proposer une bonne et belle réponse). Et s’il est dans une bonne disposition mentale et physique il va même répondre à l’ordre à sa première prononciation, ce qui sera félicité avec encore plus de générosité (car ça signifie qu’il reste très attentif, en très bonne mobilisation d’équilibre et d’énergie) et prêt à toute demande.
Toute la partie de placement sur le cercle à l’arrêt et l’acceptation du déplacement de la longeuse a pour but de poser un cadre serein et précis. Tant que le cheval ne reste pas immobile en attente, on revient vers lui, on le replace… Il est inutile de le réprimander s’il bouge, même s’il bouge 20 fois… A chaque fois, impassiblement, on revient vers lui et on le replace avec calme et bienveillance, toujours de la même façon avec les mêmes mots. L’objectif est bien de transmettre le calme l’attention nécessaire. Donc il faut rester calme et répéter le placement autant de fois que nécessaire. En modifiant la façon de demander ou en réprimandant, on introduit des informations inutiles que le cheval va chercher à traiter, l’éloignant de l’objectif, on va aussi générer de l’excitation, de l’agacement et de la confusion.
Même si cette étape peut prendre beaucoup de temps la première fois qu’on l’aborde, le fait d’aller jusqu’au bout de l’objectif sera autant de temps gagné par la suite.
Pour favoriser la réussite, il n’est pas nécessaire de chercher tout de suite à avoir un grand cercle. Arriver à s’éloigner de 4 ou 5 pas est déjà bien suffisant si le cheval a du mal. Et une fois resté immobile 2 secondes à cette distance, alors on lui demande avec beaucoup de calme et de douceur de marcher. Il ne faut pas « précipiter » l’ordre ou le formuler avec véhémence. la tête de la longeuse doit être orienté comme si elle regardait derrière le cheval, car si on regarde la tête du cheval ou même son encolure et que le cheval est particulièrement sensible au langage corporel, cela agit sur lui comme une barrière virtuelle. Il faut donc toujours avoir l'idée de garder l'espace ouvert devant le cheval.
Et une fois le cheval enclenché au pas sur ce petit cercle, on peut tout de suite en augmenter progressivement le diamètre mais au moins, on reste dans la règle d’un ordre à la fois puisque le cheval est déjà sur un tracé courbe, déjà en marche, déjà à distance. Il ne reste qu’à augmenter la distance.
Voilà une façon de procéder. A toi de voir si elle peut t’inspirer et si tu la penses adaptable à ta situation.
Au début où je longeais, je longeais aussi sur le mors, j’envoyais aussi mes chevaux depuis le centre et je longeais certains en Colbert (parce ce que tout le monde faisait ça, parce que les proprios de ces chevaux faisaient comme ça…). Et puis j’ai pris un cours de longe avec quelqu’un qui maitrisait son sujet pour de vrai ! et puis j’ai appris à apprendre à un jeune cheval à être longé. Et maintenant je n’envoie plus les chevaux depuis le centre, je ne longe jamais sur un mors. C’est caveçon, licol ou muserolle de pluvinel, ce sont des outils pour longer. Le filet/mors est un outil pour monter. L’accrochage sur le mors a vraiment un effet délétère sur la bouche (même si "ça ne se voit/sent pas"). Quand le cheval est en filet et que je longe avant de monter, je place un outil à longer par-dessus et soit je retire les rênes, soit je les noues pour ne pas qu’elles gênent.
Si en plus ton cheval a un enrênement connecté au mors, les effets de l’enrênement et les effets de la longe sur le mors peuvent être complétement contradictoires ou se démultiplier.
Ça peut être une option pour toi, de rajouter un licol plat bien ajusté par-dessus le filet pour éviter de longer sur le mors.