| | Il est nécessaire dans l’appréciation du Cheval Arabe de faire abstraction du modèle classique du cheval de selle selon le manuel d’hippologie ou d’équitation. Ce modèle, équilibré assurément, convenait pour apprécier nos chevaux de cavalerie - quand la cavalerie existait encore - nos chevaux de selle, hacks, porteurs, de fabrication occidentale et qui variaient suivant les époques et aussi… les modes.
Le Pur Sang Arabe est un cheval pas comme les autres, l’expression vulgaire sans doute exprime tout de même qu’il s’agit d’un individu d’une personnalité à caractère. La beauté est faite d’harmonie et l’harmonie est une somme de qualités qui se complètent en se juxtaposant. Le Pur Sang Arabe est un tout d’harmonie.
La TETE n’est que distinction dans une brachycéphalie accentuée, expression vive, pas particulièrement petite en raison du développement du front et du crâne, légèrement triangulaire vue de face (tête de vipère). Le frontal très large entre les yeux est plat et les arcades sourcilières hautes et proéminentes ; le crâne est à deux lobes globuleux, souvent caché par les crins du toupet. C’est pour les arabes le « Djebeh ». Au dessous du front, les sus-naseaux s’incurvent en une courbe concave jusqu’à leur extrémité inférieure, ce qui donne à cette tête ce profil particulier.
- L’os de la joue est vigoureusement découpé en un vaste disque cependant déclive vers le maxillaire inférieur dégageant ainsi la courbe de la gorge, il est net et sec avec ses fibres apparentes. Le maxillaire inférieur est droit ou un peu convexe inférieurement, exempt de boursouflure, se terminant par cette petite bouche aux lèvres fermes, bridées mais très extensibles.
- Le menton bien dessiné porte une pointe saillante en sa partie inférieure, elle est l’ornement de cette partie de la jolie tête. Sous l’influence de quelque impression ou pendant l’action vive, cette pointe s’efface, rentre, la bouche prend alors un aspect dédaigneux.
- Les dents sont petites et ne prennent pas avec l’âge un allongement excessif, ne rendent pas le museau conique comme dans d’autres races, de même que les rides verticales des lèvres dans la vieillesse ne sont jamais très marquées. L’arabe reste frais et jeune.
- L’œil de l’arabe est gros et rond, limpide et brillant, exorbité, toujours foncé et se mouvant constamment dans son orbite de grande dimension. Il est très beau, beau à l’égal de celui de la gazelle, de la femme orientale, de la chamelle ou du sloughi, tous enfants des grands déserts ! Toutefois, ce globe n’est pas seul à donner tant de flamme, tant d’expression à cette figure, y concourent également les rictus, les mouvements de fibres et de paupières qui accompagnent chaque impression du cheval reçue : s’écartant de gauche ou de droite d’en bas ou d’en haut, découvrant une petite partie de la conjonctive, la partie supérieure dans la peur ou l’effroi, l’antéro-supérieur dans la surprise, la curiosité, celle supérieure dans la colère ; dans la quiétude et le plaisir de la caresse, l’expression est toute placide, le globe est encadré.
- Les oreilles tout comme le reste de son individu sont spéciales. Hautes et parfaitement portées, assez éloignées l’une de l’autre à la base par suite du développement crânien, elles se rapprochent vers le sommet, les pointes étant convergentes presque au point de se rejoindre, la conque est tournée vers l’intérieur et tout cela est d’une grande beauté. D’une très grande mobilité, elles s’aplatissent sur la nuque dans la peur ou la colère au point de devenir presque invisibles, se redressant en avant dès la première impression de confiance ou de satisfaction. « Il voit par les oreilles » disent les poètes cavaliers arabes.
L’ENCOLURE, la gorge, la nuque, le col : cet ensemble aussi n’appartient qu’à lui ; la pureté de sang n’est nulle part aussi affirmée que dans cet assemblage.
- L’atlas : cet énorme première vertèbre cervicale est longue et sa position normale est horizontale alors que les suivantes descendent de plus en plus brusquement vers l’épaule.
- La gorge extrêmement nette suit la même direction, bien galbée, faisant un arc dont la concavité est inférieure. Cette admirable particularité d’une très grande beauté se nomme le « Mitbeh » si apprécié des orientaux. Cette conformation fait partie du modèle arabe et est constante chez lui. Elle donne à la tête une mobilité et une maniabilité sans pareille à l’emploi.
- Le col est porté verticalement, encolure « à la Syrien » ainsi on qualifie en France tout cheval « portant beau ». Elle n’est jamais chargée ni épaisse même chez l’étalon, ce signe est essentiel ! Tout cheval à encolure grosse ou fausse à tête collée à la nuque ne peut être considéré comme pur.
Le GARROT est élevé mais non tranchant, puissant et assez épais chez le mâle, bien placé, le massif du quartier d’épaule est très fort. Cette dernière est longue et large, très musclée en arrière et inclinée en avant. Les purs sangs arabes ayant un angle scapulo-huméral de 45° ne sont pas rares.
L’HUMERUS est long et vertical, bien enveloppé de muscles puissants, ce caractère très galopeur place l’antérieur très en avant. Cet ensemble permet de seller confortablement en arrière du massif de l’épaule sans jamais gêner ni blesser le cheval, il constitue l’étendue des rayons antérieurs.
Le DOS n’est pas particulièrement court et s’il semble parfois légèrement incurvé, bien que rigide, c’est à cause de la hauteur de la croupe.
Le REIN est court et puissamment musclé, relié harmonieusement à la croupe sans heurt, gros point de force de propulsion.
La CROUPE est haute : caractère favorable à la vitesse, longue et horizontale, elle ajoute encore à l’étendue du cheval, cette magnifique croupe est très éclatée non seulement à la pointe de la hanche mais à l’articulation coxo-fémorale et à l’ischion. La jument est remarquable par le développement du coxal.
La QUEUE grosse et courte est portée aussi orgueilleusement que l’encolure et la tête : haut et loin !
La CAGE THORACIQUE est très vaste, le sternum bombé, les côtes ogivales derrière l’épaule vont en s’arrondissant ensuite.
Relativement à la petite taille, la MEMBRURE est forte, solide ; le tour des canons antérieurs oscille de 20 à 21 cm. Si l’humérus est long et très musclé, le canon est fort, court et les tendons, brides et ligaments, très détachés et très consistants. Les paturons ne sont courts que relativement parce que puissants mais très élastiques, véritables ressorts.
Le PIED est parfait, gros et rond, bien couronné semblant bas en talon, mais ce n’est qu’une impression, la fourchette aux lacunes ouvertes est très épanouie et d’une densité unique.
Le JARRET est l’une des plus élégantes parties de ce cheval. Il est placé bas parce que la jambe est longue. Il est long et large de la face antérieure à la pointe postérieure. L’aplomb postérieur est droit, l’angle antérieur concave est à peine perceptible alors que par sa largeur l’angle postérieur convexe est accusé. Ainsi conformé, le membre postérieur est un propulseur de premier ordre qui n’use pas quelle que soit la sévérité du travail.
Les TEGUMENTS sont aussi fins que solides. A la belle saison, le poil est si fin qu’il semble n’être qu’une couleur. Certains sujets, des juments surtout, sont glabres de l’œil aux naseaux. La peau est noire bleue, signe spécifique et auquel ce cheval doit son nom « Koheilan ». Cela rappelle ce très bleu entourant l’œil et prolongeant la commissure latérale. Beaucoup de chevaux nobles ont ce trait marqué aux tempes, il est curieux de noter que le lévrier arabe en Afrique du Nord comme au Moyen Orient porte le même ornement.
Ceci énoncé, ce qui frappe avant tout chez le cheval arabe, c’est sa grande longueur générale, c’est l’étendue du terrain qu’il couvre. Si l’on détaille séparément chacune de ses parties, on est étonné de constater toutes mensurations prises, leur volume et leur surface qui sont ceux de chevaux beaucoup plus grands, tout comme son tour de canon.
Ce qui frappe peut être encore plus, c’est l’impression de Noblesse, de grand Sang, de Force, de Vigueur qui ne semble jamais contenue ni jamais calmée.
Dans la description détaillée de tels chevaux, les adjectifs : Noble – Splendide – Admirable – Pur, etc… viennent se répétant sous la plume, il est impossible d’en trouver d’aucun autre convenant mieux. Que l’on veuille bien m’en excuser !
C’est ainsi que le Noble Pur Sang Arabe est identifié avec la Beauté !
A cet « Elégantisme », le Créateur a tout donné ! Tout, sauf parfois cependant un cavalier… digne de lui.
Robert Mauvy
« Extraits de la Doctrine d'Elevage » |
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