Association du Mois - Juin 2014 : Handi Equi Compet Interview Eric Estrier, Président

Par   |   Le 06 Mai 2014

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Handi Equi Compet, Association CHEVALANNONCE du mois de Juin 2014
Pour lancer notre rubrique, nous avons choisi Handi Equi’ Compet. Créée en 2007, Handi Equi' Compet est une association de loi 1901 qui a pour objectif de promouvoir, de développer et d’encadrer l’équitation handisport en compétition en France.
Eric Estrier, président de l’association depuis sa création, répond à nos questions.

Thème 1 : Présentation

CA : Comment Handi Equi’ Compet a vu le jour ? Comment l’idée est née ?

EE : C’est une histoire qui a commencé en 2006 – 2007. Tout est venu de relations que j’ai tissé avec différentes personnes. Tout d’abord, avec Gérard Ménéroud qui était le directeur général adjoint de CNP Assurances et qui était à l’époque aussi Président du Centre équestre de Buzenval à Reuil-Malmaison. Je travaillais à l’époque dans une grande entreprise de services informatiques et CNP Assurances était notre client, c’est comme cela que nous avons sympathisé. Est venue une autre personne, Patricia Nadoux, qui travaille dans l’association aujourd’hui et qui était directrice du club de Buzenval. Puis se sont ajoutés quelques cavaliers dont Patrick Siegwald, cavalier handisport qui est maintenant handigolfeur (il a perdu un bras suite à un accident de moto). On a aussi fait la connaissance de José Letartre, cavalier émérite double amputé de naissance sous le genou, qui fait partie de l’équipe de France Para-équestre. C’est un cavalier qui fait des choses extraordinaires, il pratique notamment le saut d’obstacle.

José Letartre, cavalier Handi Sport multi-médaillé

José qui était déjà dans l’équipe de France, s’est retrouvé sans cheval. J’ai eu l’opportunité à ce moment là d’acheter et de mettre à la disposition de José un cheval (Gibraltar) que Gérard a hébergé au club gratuitement.
José et Gibraltar ont pu faire quelques beaux résultats, le couple fonctionnait bien. On s’est finalement tous retrouvé à les accompagner aux championnats du Monde à Hartpury en Angleterre en août 2007 avec l’équipe de France. Nous étions sur un campus pendant cinq jours totalement immergés dans l’ambiance de la compétition paralympique et entourés de nombreux handicapés. C’était très émouvant et impressionnant.

Nous avons pris conscience que ces personnes faisaient des choses extraordinaires mais que malheureusement, on ne parlait pas assez d’eux. Eric Estrier, Président d'Handi Equi Compet

On a comparé l’équipe de France et les autres équipes présentes. Nous avons réalisé qu’il y avait un gros problème... nous étions loin derrière à la fois en résultats, en moyens, en équipements et qualité des chevaux.

Une association pour aider le monde du handisport équestre

Après discussion avec les membres de la FFE, nous avons décidé avec Gérard de créer une association pour aider le monde du handisport équestre à se développer. Nous souhaitions aider à aller plus loin dans la compétition pour gagner des places dans les compétitions internationales et aider à intégrer de nouveaux cavaliers qui veulent faire de la compétition para-équestre.
L’idée a commencé comme ça et notamment grâce à Gérard et CNP Assurances, à l’origine de la première mise de fonds. En effet, CNP Assurances a été notre premier mécène.

Officiellement Handi Equi’ Compet a été créée en début 2008.

Eric Estrier, Président de Handi Equi’ Compet

Eric Estrier, Président de Handi Equi’ Compet
CA : Quelles sont vos actions principales ?

EE : Notre objectif principal est d’aider les cavaliers handicapés à accéder à la compétition. Les moyens que nous mettons en œuvre pour y parvenir sont divers.
Nous faisons de la détection, de l’intégration de nouveaux cavaliers et les aidons à accéder à la compétition. Cela consiste à être à l’écoute de cavaliers en situation de handicap et qui ne savent pas que la compétition leur est accessible.

Notre rôle est de les informer, de les encadrer et de les évaluer.Eric Estrier, Président d'Handi Equi Compet


Globalement on gère deux disciplines que sont le para-dressage et le para-cso. Nous avons trois domaines d’actions :
  • détecter et évaluer les cavaliers
  • les faire progresser avec des stages et en les accompagnant sur les compétitions
  • les amener à haut niveau et soutenir les équipes de haut niveau jusqu’en équipe de France pour le dressage et au niveau national pour le para-cso

CA : Comment accompagnez-vous les cavaliers handicapés ? Que leur proposez-vous ?

EE : En termes de moyens, nous apportons un soutien logistique, de l’organisation, en leur mettant à disposition des circuits de compétition qu’on organise sous l’égide de la FFE. On leur apporte des moyens financiers. C’est à dire qu’on les prend en charge « autant que faire se peut ». Nous finançons tous les cavaliers de l’association sur les concours qu’on anime.
Nous sommes devenu également organisateur de circuits nationaux de CSO, notamment un circuit en six étapes réparties dans toute la France dont la très belle étape de la Baule accueillie pendant le CSI 5*. L’objectif est d’offrir un circuit propre aux cavaliers handicapés. Et pour cela, nous finançons le déplacement et l’hébergement des cavaliers qui y participent. C’est une condition sine qua non pour développer la discipline car nombreux sont les cavaliers qui n’ont pas les moyens de participer à autant de compétitions.

Il y a aussi un objectif sympa pour les cavaliers c’est celui de participer à notre master para-cso au Salon du Cheval. En effet, les 6 meilleurs cavaliers durant le circuit seront sélectionnés pour y participer.

CA : Combien de cavaliers avez-vous dans l’association ?

EE : Nous avons actuellement 70 cavaliers membres dont une 50aine qui tourne régulièrement en compétition.

CA : Pourquoi la compétition ?

EE : Les cavaliers handicapés n’ont souvent pas les moyens de tourner beaucoup en concours. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui pensent ne pas pouvoir y accéder. Nous leur donnons les moyens de le faire autant sur le plan logistique que financier.
L’année dernière, on a reversé 150 000 euros pour aider les cavaliers à accéder à la compétition.

CA : Pourquoi n’y a t-il qu’une équipe de France para-dressage et pas de CSO ?

EE : Il y a en tout huit disciplines en équitation. Les disciplines principales sont le dressage et le saut d’obstacle. Seul le dressage est reconnu par la Fédération Internationale comme discipline Paralympique. Au contraire, le saut d’obstacle n’est pas reconnu en tant que tel. Cela s’explique parce qu’il n’y a pas assez de pays qui le pratique et aussi parce que la FEI considère que c’est dangereux. Par ailleurs, le processus pour reconnaître une nouvelle discipline paralympique est long et compliqué.

Nous souhaitons que cela évolue. Nous avons d’ailleurs rapidement créé la deuxième branche de l’association qu’est la discipline du para-cso. Elle a eu un succès assez rapide.
Handi Equi’ Compet tend à ce que le para-cso soit reconnu. Ça prendra du temps mais on va y arriver.

CA : Comment les cavaliers sont-ils dirigés vers une discipline plus qu’une autre ?

EE : On ne forme pas les cavaliers. Ceux qui viennent nous voir sont des cavaliers qui pratiquent déjà et qui ont envie d’accéder à la compétition. C’est eux qui choisissent leur discipline et leur niveau, selon les conseils qu’on leur donne lors des stages que nous organisons.

Equipe de France aux championnats d’Europe Para-dressage à Herning 2013.
Equipe de France aux championnats d’Europe Para-dressage à Herning.

Thème 2 : Equitation Handisport

CA : Existe t-il des chevaux dédiés aux handicapés ? Comment sont-ils sélectionnés ?

EE : Les chevaux sont les mêmes que pour un cavalier valide. Mais il y a des précautions à prendre. Tout dépend du niveau du cavalier et de son handicap.
Par exemple, pour un cavalier à qui il manque un avant-bras, son handicap se compense facilement par l’assiette, alors que pour un cavalier paraplégique qui est tenu sur son cheval par des bandes de scratch, ne pourra pas monter un cheval trop imprévisible. Mais au niveau des qualités physique du cheval, rien ne change.

CA : Existe t-il une réglementation qui classifie différentes catégories/niveaux ?

EE : La FEI a codifié une 40aine de handicaps en para-dressage.
Les cavaliers sont classifiés en 5 grades et ont le droit à des aides selon l’importance de leur handicap. Il reçoive une carte qu’il présente en concours pour justifier les dérogations qui leurs sont accordées. Par exemple, les cavaliers qui n’ont pas de jambe ont le droit à deux sticks en compétition. Les aveugles sont quant à eux accompagnés en dressage d’un crieur qui annonce de plus en plus fort à mesure que le cavalier s’approche des lettres de la carrière, ainsi il peut se repérer dans l’espace.

Pour l’obstacle, la FEI n’a pas reconnu cette discipline. Nous avons donc mis en place notre propre classification selon la hauteur de l’obstacle.

Pour les cavaliers aveugles, on leur réserve le niveau 4 qui correspond à un 70 cm. Ils sont obligés de concourir dans cette épreuve là car une épreuve plus haute serait trop dangereuse. En effet, un cavalier aveugle saute derrière un autre cavalier valide, qui lui montre la direction. Il y a alors une nécessité de garder une certaine distance entre les deux chevaux et parfois le cheval de derrière se retrouve dans la croupe du premier. Malgré les codes de communication entre les deux cavaliers, si une barre tombe elle peut être projetée loin ce qui risque de faire tomber le cheval de derrière. On essaye donc d’éviter les accidents.

Laetitia Bernard, une jeune cavalière aveugle coachée par Michel Robert
CA : Quel rôle souhaitez-vous jouer dans l’évolution de l’équitation handisport ?

EE : Nous souhaiterions amener d’autres pays à s’intéresser à ce que l’on fait en para-cso, que eux aussi s’y mettent pour que la FEI reconnaisse cette discipline.
L’année prochaine on organise les championnats d’Europe de para-dressage à Deauville, c’est l’occasion de faire une étape cso pour que les autres pays, le public et la FEI se rendent compte de ce que c’est. Ce sera notre première action concrète dans ce sens.

On espère aussi accompagner de plus en plus de cavaliers.

CA : Serez-vous présents aux JEM ? Si oui, pour soutenir un cavalier en particulier ?

EE : Oui nous y serons pour soutenir l’Equipe de France.

Thème 3 : Soutenir Handi Equi Compet

CA : Quels sont vos principaux soutiens ? People ?

EE : Aujourd’hui, nous avons 5 partenaires majeurs : CNP Assurances, Malakoff Mederic, Unofi (Union notariale financière), La Banque BFM (Banque française mutualiste) filiale de la Société Générale et MF Prévoyance. Nous avons aussi un partenariat avec le magazine « Le Cheval », ainsi qu’avec la Garde Républicaine et le Cadre Noir de Saumur qui nous soutiennent notamment dans l’organisation de nos stages.
L’actrice et chanteuse Véronique Jannot nous soutient sur le concours de Deauville. C’est une personnalité très attachante et nous sommes fier de l’avoir comme marraine de cet événement.

Véronique Jannot
Véronique Jannot
CA : Comment peut-on vous soutenir ?

EE : Parlez de nous, c’est très important. Informez les cavaliers handicapés sur notre existence afin qu’on puisse les soutenir et les emmener plus loin dans leur pratique de l’équitation tout en étant encadrés.
Le soutien financier est aussi important, faire des dons. Nous avons été reconnu d’intérêt général ce qui nous permet d’émettre des reçus fiscaux, cela permet aux donateurs d’avoir par la suite des réductions d’impôts.

Cliquez ici pour faire un don à Handi Equi' Compet: FAIRE UN DON

Thème 4 : Le meilleure pour la fin

Eric Estrier et Léa Sanchez
Eric Estrier et Léa Sanchez
CA : Racontez nous une belle histoire

EE : Il y en a pleins et il y a aussi des histoires tristes… Mais j’aime bien l’histoire de la petite Léa qui fait partie du grade « infirme moteur cérébral », qui est le plus handicapant.
Léa, handicapée de naissance, vient d’avoir 14 ans et ça fait deux ans qu’elle est sur le circuit para-dressage et qu’elle rêve de concourir à l’international. Son handicap est terrible car au niveau de la tête tout marche très bien mais simplement le corps ne répond pas. C’est une jeune fille toute gentille et « mimi » qui s’est accrochée à sa passion. Elle a fait les championnats de France dressage à Jardy l’année dernière, mais elle ne pouvait pas concourir en internationaux car il faut avoir 14 ans. Dans cette attente, elle a continué de franchir les étapes. Elle a rencontré Nadège Bourdon, écuyère à Saumur qui lui met son cheval de gala à disposition et l’encadre dans son entraînement. Ils forment désormais un trio très solide ce qui lui a permis d’atteindre son rêve et de participer à son premier concours international à Deauville, le sourire jusqu’aux oreilles.
Maintenant, elle veut franchir la prochaine étape, celle d’avoir 16 ans et de participer à des échéances mondiales. C’est une jeune fille pleine de courage.

Association du mois - Juin 2014

Merci à Eric Estrier et à Aliénor de La Rochefoucauld pour leur participation.

Chevalannonce.com soutient Handi Equi’ Compet et lui remet le Flot de l’Association du mois de Juin

Pour plus d’informations sur Handi Equi’Compet : www.handiequicompet.fr


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