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Psychologie/psychiatrie et barrière de la langue
Posté le 29/10/2016 à 09h48
Merci pour vos réponses.
Je suis éducatrice auprès de personnes qui demandent l'asile en France, et au delà des représentations actuelles, l'accès aux soins et particulièrement aux soins psy est extrêmement compliqué pour les non-francophones.
Je ne suis pas dans une grande ville donc aucun réseau d'interprétariat "direct", seul le réseau "Louis Guilloux", qui se trouve sur Rennes est spécialisé dans ce type de prestation mais c'est uniquement par téléphone, et beaucoup de soignants refusent de financer l'interprétariat. Nous n'avons pas non plus le budget pour, notre budget interprétariat se limite à la demande d'asile.
Le CMP (qui est déjà débordé, il faut le dire), refuse dans 99% des cas de prendre en charge les personnes que nous orientons. Parfois, il faut également qu'on se "batte" pour que les personnes sans aucune couverture santé puissent accéder aux urgences (psy ou pas d'ailleurs).
Bref, on est obligé-e-s de bidouiller avec les moyens du bord, en ce moment beaucoup d'arabophones et/ou des personnes qui ont des petites notions d'anglais : les médecins s'appuient sur nous, éducateur-trices pour faire interprète.
quiebro13 : oui du coup vous jouez avec les compétences des personnes de l'équipe... C'est ce qu'on fait également, on a tous des bases en anglais (bon du coup on parle franglais avec l'accent soudanais, ça paaaaaaasse ^^), on commence à parler quelques mots d'arabe... Mais c'est vrai que pour aller plus loin (description de symptômes, d'angoisses,...) on est vite limité-e-s! Et puis pour les personnes qui n'ont jamais été à l'école et qui parlent des langues "peu connues" (dari, pachto...) c'est très compliqué (même si, pareil, on apprend quelques mots aussi !)
anecdote : J'ai été formée à la LPC, mais ici également on est limité : les codes ne sont pas les mêmes en français et en anglais. Les analphabètes, j'en accompagne beaucoup aussi. Le problème se limite assez vite grâce aux cours de français, ils arrivent à décrypter certaines choses (chiffres, jours de la semaine,...) assez vite, donc ça aide pour les RDV. Mais pareil, pour les personnes venant de pays avec d'autres alphabets et dont la langue a d'autres sonorité que les nôtres, la difficulté à écrire des noms de personnes ou de ville,...
oubeule : exact. Après dans le cas de l'urgence psy (la personne se met en danger / met les autres en danger), comment vous gériez ? Concrètement dans le département il n'y a aucune structure telle que parcours d'exil. Et là, avec les mouvements des dernières semaines, on brode pour éviter les passages à l'acte violent, on temporise au max, mais il y a plusieurs personnes qui sont des bombes à retardement, avec des angoisses très massives mais qu'elles ne peuvent pas exprimer autant qu'elles le souhaiteraient.
Merci de vos réponses :)