Elle s'appelait ciboulette

Bonsoir,

Ce soir, j'ai le cœur un peu lourd comme tous les soirs depuis trois mois et demi et j'ai envie d'écrire. Ce post n'aura probablement pas d’intérêt mis à part me soulager et vous partager un petit bout de notre histoire car j'en ressent le besoin. Ce sera probablement brouillon et fouilli, je m'en excuse d'avance.

Durant l'été 2015, je vois passer une annonce sur Facebook : Une urgence pour deux shetland de 32 et 35 ans qui risquent l'abattoir. C'est rigolo parce qu'avec le recul, je peux affirmer que le coup de foudre à été immédiat dès cette annonce et c'était décidé : je vais sauver ces ponettes, je vais aller les chercher!
Je suis donc partie dans le nord chercher mes nouvelles protégés : Ciboulette pie noir 35 ans et Orphée alezane 32 ans.



Elles ont passé leur vie entière ensemble dans le même club, encore montées jusque là pour les baby poneys. La direction à changé et décidé de se séparer de tous les vieux soit la majorité de leur cavalerie. Elles ont été récupérées par dépit par une famille qui récupérait une autre ponette, ne restant plus qu'Orphée et Ciboulette et ayant eu des sous entendus du club qu'elles partiraient au premier venus, ils n'ont pas eu le coeur de les laisser la et sont repartis avec les trois ponettes avec pour objectif de replacer les deux pour une belle retraite. Ils m'expliquent que dans leur coin, les pensions sont très cher (150€ / shetland pour un pré vierge) et qu'ils s'étaient donné un mois pour les placer sans quoi elles devraient être euthanasiées.
Je me rappel encore comme si c'était hier la dame qui m'a dit : "Je vous préviens, c'est pas un cadeau! Vous allez souffrir". Ce à quoi j'ai répondu "Je sais, je me suis préparée. Je sais qu'elles peuvent partir demain comme dans 6 mois, dans 1 an...".



Et notre histoire a commencée comme ça... Nous avons pris la route jusqu'au pré où elles sont restées jusqu'en octobre. Dès leur arrivé avec la canicule nous les avons tondus, puis fait venir le dentiste notamment pour orphée à qui il ne restait plus qu'une dent devant mais de plus de 7cm qui l’empêchait de fermer la bouche et manger correctement. Son état s'est malheureusement dégradé et elle s'est éteinte le 22 octobre 2015, une semaine après être revenues à la maison où elle se trouvaient en liberté totale.
Ça a été un vrai coup dur pour Ciboulette qui avait vécu sa vie avec, et pour moi malgré son mauvais caractère. J'ai été le lendemain adopter une ponette de 27 ans en association réformée de club pour vite remonter le moral à Ciboulette mais Caline s'est révélée encore très en forme et attirée par les chevaux.



Toujours en liberté, nous avons passé nos journées ensemble, toujours derrière moi. Lorsque je faisait les boxes, elle allait dans chaque vérifier le bon paillage de chacun, vérifier que les mangeoires soient bien vides...
Elle rentrait dans la maison, savait parfaitement où se trouvait le pain dur. Elle était même rentrée une fois en pleine nuit et retourné la poubelle... Et oui, Ciboulette savait ouvrir les portes comme une chef!



Un autre copain de + de 25 ans est arrivé en décembre 2015, avec qui elle a été très fusionnelle. Elle passait les journées d'été dans la cabane et attendait que ça se rafraichisse pour sortir. Malgré ses 36 ans, elle venait encore parfois au trot chercher ses grains, elle se roulait et se relevait facilement tous les jours. Et son copain s'en est allé à l'automne d'une tumeur...



Son dernier copain est arrivé en hiver 2016, un jeune de 7 ans, qui a tout de suite pris Ciboulette sous son aile et décidé de la protéger. En avril 2017, Ciboulette à fait un AVC : persuadée qu'il fallait lui dire adieu, le vétérinaire à décidé de garder espoir et il avait raison. Elle n'en a gardé aucunes séquelles (du moins, c'est ce que je pensais) et s'est remis sur pieds de façon incroyable.
Notre petite vie à continué mais avec le recul je me rend compte qu'elle s'est éloignée petit à petit, elle préférait dormir en plein soleil sur sa dalle plutôt que me suivre dans le paillage, elle ne se couchait plus comme avant.

Bien décidée à affronter 2018 ensemble et ses 38 ans, malheureusement la vie en a décidé autrement.
Elle s'est envolée le 22 novembre 2017 après une supposée entérotoxémie, malgré les traitements de choc mis en place par le vétérinaire cela n'aura pas suffit et j'ai préféré l'aider à partir dignement tant qu'il en était encore temps car son système neurologique commençait à être affecté.
Cette décision a été facile à la fois car c'était une évidence j'avais toujours dis qu'il était inconcevable de la laisser souffrir et que je voulais qu'elle parte dignement, mais aussi si soudaine, si dure. J'aurai aimé pouvoir avoir plus de temps pour m'y préparer plutôt que 2 heures où tout a basculé.

Ciboulette, tu étais mon amie, et je te pleure encore, en ce moment même. Tu as marquée ma vie, il y avait un lien unique que je ne saurai retrouver avec n'importe quel équidé et pourtant il n'en manque pas à la maison. Le coup de foudre à été immédiat dès l'annonce, et n'a fait que s'amplifier au fil de ces 2 ans et demi. ça a été intense, et idyllique. Et je le referai 1000x si je pouvais.

Je savais en la prenant qu'elle partirai, je savais qu'elle était vieille et allait partir dans un futur proche. Et pourtant, la douleur est toujours aussi vive, indescriptible face à la perte de ses copains...
Ciboulette, tout le monde la connaissait à l'écurie même les gens qui n'y connaissait rien aux chevaux comme la famille, tout le monde connaissait son nom et avait une attention pour elle. Parce que Cibou, elle accueillait tout le monde qui arrivait avec son hennissement bien à elle. Elle a fait pleurer beaucoup de monde à son départ dans la famille, même des gens totalement extérieur au cheval.
Elle me manque terriblement, et j'ai l'impression que la douleur ne s’atténuera jamais...

Si un jour vous avez l'occasion de recueillir un vieux cheval, jetez vous à corps perdu dans cette expérience si enrichissante. Ils ont tant à offrir, et j'ai tant appris avec elle.

Pour Ciboulette...