agathe89
Je suis plus âgée
, j'ai été initié à l'équitation de tradition quand j'avais dix ans, sans même le savoir. Et en 40 ans de pratique par la suite, j'ai balayé large, je me suis donc égarée, puis j'ai retrouvé mon chemin. Parmi tous mes enseignants, mes mentors étaient inspirés par une équitation allant bien au-delà des frontières française.
Franchement si la tradition française aujourd'hui c'est le CN, ben non merci.
Alors je n'en suis pas.
L'équitation allemande traditionnelle a été très influencée par La Guérinière.
Si je compare aujourd'hui le CN à l'école espagnole de Vienne, franchement, je choisis sans hésiter l'école de Vienne.
Leur équitation que je trouve inspirante et incarnant bien plus pour moi l'héritage de La Guérinière.
Le problème c'est qu'on compare les pratiques en compétition pour parler des allemands, des hollandais, des français, des anglais. Mais l'équitation de compétition n'est pas du tout une équitation de tradition, ça n'a plus rien à voir. C'est une équitation sportive de compétition dont les critères de réussites n'ont pas énormément de points communs avec les critères de réussites de l'équitation de tradition.
Je te rassure, tu peux lire les anciens en bon français d'aujourd'hui
Baucher, La Guérinère et même Xénophon. Il y a des trucs qui font saigner les yeux, et certains termes sont à replacer dans le contexte de l'époque. Comme par exemple lorsqu'il est mentionné qu'il faut châtier le cheval ou détruire les résistances. Qu'aujourd'hui on nommerait "sanctionner" et "décontracter" mais il y a aussi des choses qui sont d'une modernité et d'un respect du cheval allant bien au delà de ce que les plus doux écuyers contemporains prônent. c'est parfois bluffant de compréhension du cheval, de biomécanique et d'éthologie des siècle avant que ces mots et cette science existent !
ça m'interpelle de se revendiquer de tradition française sans en avoir pris connaissance par soi-même un peu. Pour moi c'est important car chaque enseignant étant lui même un filtre dans ce qu'il comprend et retient de l'héritage, il faut arriver à prendre aussi l'info à la source, même si un encadrement m'apparait important. PK est un cas typique. Il est, à mon sens, ultra Bauchériste. Or la tradition française ne peut se réduire pour moi à Baucher qui est tout de même un genre de schisme de l'équitation française et la légèreté appartient énormément à la tradition portugaise et à Vienne.
Il y l'effet "téléphone arabe" aussi, ou passant de bouches à oreilles parfois le message à l'arrivée n'a plus grand chose à voir avec le message de départ. On en a les pires effets pervers dans les clubs avec les absurdes "baisse les talons", ou "écarte les genoux", ou encore "penche toi en arrière"...
Voilà pourquoi, pour moi et je dis bien pour moi, il n'existe plus vraiment une équitation de tradition
française mais une équitation de tradition et que cette dernière n'est pas représentée par l'équitation de compétition. Si les français ne sont pas sur les podiums en sports équestres c'est que notre élevage ne suit pas les traces des élevages des nations actuellement victorieuses. On n'a ni la production, ni les moyens d'acheter les chevaux de compétition formule 1. Le peu de bons chevaux français partent vite à l'étranger.
Plusieurs de mes enseignants, citaient les maîtres ou y faisaient référence à discrétion, nous incitant, nous les élèves, plus ou moins ouvertement, à nous y intéresser. Mes meilleurs enseignants étaient ceux qui ne se revendiquaient d'aucune école et m'invitaient à m'intéresser à toutes pour faire ma propre synthèse. Les maitres classiques mais aussi la biomécanique, la psychologie du cheval et son éthogramme.
Pour moi là réside la différence fondamentale entre celui qui forme des cavaliers exécutants et celui qui forme des cavaliers autonomes et formateurs de leurs chevaux. L'équitation de tradition forment des cavaliers autonomes et formateurs obligatoirement.