"equitation de tradition française"

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M_eve

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 08h58

Salut à tous,

Dans le cadre de mon métier de journaliste, je m'intéresse à l'équitation française ou, comme on l'appelle à l'Unesco où elle est classée : "l'équitation de tradition française".
Il n'est pas difficile de trouver des infos sur son histoire, les grands maîtres, ou même le Cadre noir auquel on l'associe souvent. Par contre, c'est plus compliqué de percevoir aujourd'hui ce qu'elle est pour le "grand public".

Je m'adresse donc à vous avec ces quelques questions pour ouvrir la discussion :
- Pour vous, c'est quoi l'Equitation française ?
- En tant que cavalier français, avez-vous le sentiment d'appartenir à cette Equitation française ? Vous sentez-vous "proche" d'elle ?
- Connaissez-vous et vous intéressez-vous grands maîtres du passé comme Baucher, La Guérinière, L'Hotte ? Pourquoi?

J'ai hâte de vous lire

Damysos

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 09h04

Je suis cavalière espagnole, je ne sais pas si ça peut te donner un coup de main sur comment est perçue est la française dans une autre pays !

Liteulorce

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 09h52

Et bien à l'heure d'internet, des mooc et des distributions de diplômes à la pelle à neige, je pense que les airs de grande école, l'apprentissage long et lent où l'on remet son ouvrage sur le travail jour aprés jour ça fait parti du folklore, bientôt ,si ce n'est déjà le cas, ce seront des notions comme le big foot. Tout le monde en à entendu parlé mais peut osent encore dire l'avoir vu.

Sarahfrskt

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 10h23

Bonjour,

Je prends depuis quelques mois des cours avec un instructeur de L`Ecole de Légèreté, formé par P. Karl et qui enseigne l`équitation de tradition française. Ça a été une sacrée remise en question de tout ce que j`avais appris en 10 ans de club (on arrête de parler d`incurvation, de cessions à la jambe, etc)

L`instructeur avec lequel je prends des cours est hyper calé en bio mécanique, et l`équitation qu`il enseigne en découle. Expliqué comme ça, un exercice prend tout son sens : le cheval fonctionne comme ceci, on chercher à obtenir ... donc on lui demande comme cela. Et les résultats sont là, avec des chevaux sereins. J`ai énormément de choses à apprendre d`une personne comme lui !

Pour ma part, comprendre comment fonctionne le cheval et ainsi savoir comme le " dresser ", m`intéresse beaucoup. Mais je ne sais pas/pense pas que la grande majorité des cavaliers soit intéressée par ce travail (sans vouloir faire de clichés, bien entendu), comme cela a été évoqué dans un message juste au dessus

Corleone

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 18h31


Citation :
- Pour vous, c'est quoi l'Equitation française ?

Au sens de l'UNESCO, je l'ignore.
A mon sens personnel, je dirais des traditions qui se transmettent de générations en générations depuis des siècles, qui partent d'écuyers qui ont mis en place des méthodes de travail et dressage qui ont fait leurs preuves à l'époque, et que d'autres écuyers ont fait évoluer.
Les écuyers étant évidemment français, et proposant des méthodes différentes que les voisins européens.

L'équitation française suit donc ces traditions, et font évoluer les méthodes en gardant toutefois un même fil conducteur, une même vision du cheval.

Je dirai que cette vision est celle du cheval et de toutes ses "composantes" : on vient réfléchir à chaque parties du cheval, on vient travailler un exercice parce ce que tel mouvement incide sur telle partie du corps du coprs, et va donc provoquer telle action. C'est du respect de ce qu'est le cheval, et non une coërcition.
On travaille AVEC le cheval.

J'ignore si cela est spécifique à la France, car je ne connais pas ce que font les voisins, sinon via des articles où les personnes expriment clairement que ce qui est mis en avant est une manière de travailler de Tel ou Tel pays.


Et cette description est vraiment très personnelle, d'autres vont peut-être dire que je me trompe totalement.


Citation :
- En tant que cavalier français, avez-vous le sentiment d'appartenir à cette Equitation française ? Vous sentez-vous "proche" d'elle ?

Pendant des années, cela me passait au-dessus, car je montais en club lambda, et je pense sans suivre une école particulière.
Depuis que j'ai pu monter avec des instucteurs qui sont pour certains clairement dans la lignée "Tradition française" et que je cherche à travailler dans ce sens-là, je dirais que je m'en sens proche.

Je n'aime pas appartenir à une école en particulier, mais mon entourage me faisant travailler plutôt ainsi, je peux dire que je m'y rattache.


Citation :
- Connaissez-vous et vous intéressez-vous grands maîtres du passé comme Baucher, La Guérinière, L'Hotte ? Pourquoi?

Je connais évidemment, même si je suis très ignorante sur tous leurs travaux, et me content d'écouter mes instructeurs, ou lire les discussions passionanntes du forum.

Encore une fois, je n'aime pas m'enfermer dans une école, et me dire "bauchériste", "orgeixien" etc...

M_eve

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 19h59

damysos Oui c'est très intéressant !
Je ne veux pas trop dévoiler le fruit de mes "recherches" pour l'instant afin de ne pas influencer les réponses, mais il est clair qu'en tant que Français, on n'est pas toujours conscient de pratiquer une équitation "française". Du coup un regard ou une comparaison depuis l'étranger peut être très éclairant

C'est intéressant de lire vos réponses, qui sont toutes pertinentes à leur manière je trouve ! :)

Agathe89

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 21h19

m_eve alors merci beaucoup pour l'ouverture de ce post passionnant ! je viendrai lire régulièrement les commentaires des participants.

Alors, en ce qui me concerne j'ai une conception assez claire de ce qui oppose AUJOURD'HUI l'Ecole de tradition française, aux autres écoles européennes (allemande, hollandaise notamment).

Ces dernières performent au plus haut niveau mondial, mais "nous" (tradition française), on les rejette. Et on s'en fout un peu de ne jamais décrocher l'or aux JO.

Nous, les adeptes de l'école de tradition française, on n'admire pas Isabell Werth. Pas que la reprise finale aux championnats du monde ne soit pas très technique, mais quand on a vu la détente au paddock, on ne peut pas la trouver belle.

On rejette toute notion de contrainte, et on n'arrive pas à croire qu'une attitude ronde et basse puisse avoir un intérêt biomécanique. Même si on nous dit que si si, c'est le top physiquement pour nos chevaux.

Voilà, je pose ça là, ça va déjà déclencher pas mal de controverses, je reviendrai plus tard ! ;)

Couagga

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 21h54

Je me sens cavalière d'équitation de tradition classique, dont l'équitation de tradition française est une composante. Pour moi, ces notions de française, allemande, espagnole etc... sont ....obscures. J'en vois les influences mais elles ne se distinguent plus vraiment.

Côté français, La Guérinière fait partie de mes références inspirantes. Tout comme chez Baucher bien qu'avec plus de mesure. ET beaucoup d'autres, car ce qui est enrichissant pour moi, c'est plus comment les uns se sont succédé ou opposés aux autres. Le cadre noir m'apparait comme trop institutionnalisé et donc m'inspire une certaine rigidité mêlée aux contraintes d'une équitation de spectacle qui est incompatible avec l'équitation élevée au rang d'art équestre à mon sens. Mais comme avec tous les autres, s'y intéresser est enrichissant.
De nos jours et à mes yeux, l'équitation se partage plus entre l'art équestre (regroupant les recherches et aboutissement des équitations de tradition), l'équitation sportive (dans laquelle je mets toutes formes de compétitions et de courses), l'équitation distractive (le spectacle, le club, le cavalier du dimanche qui utilise mais ne forme pas) et à bien moindre échelle, l'équitation utilitaire (travail avec le cheval). Toutes ont des inspirations multinationales.

Les maîtres du "passé" sont loin de l'être. Leur héritage est juste incompatible avec la pratique équestre divertissante, démocratisée et consumériste d'aujourd'hui majoritairement enseignée et pratiquée. Pourtant, ils véhiculent des notions qui n'ont jamais cessé d'être d'actualités. Mais aujourd'hui quel enseignant de club a plongé dans cet héritage ? Quel enseignant le transmet à ses élèves-cavaliers ? Quel cavalier de club accepterait de lire La Guérinière, Xenophon, Müseler ou Oliveira ?

C'est un peu le même ratio que les centres commerciaux, grosses enseignes et autres franchises face à des petits artisans qualiteux que l'on connait de bouche à oreilles.
Les deux ensembles existent. Le premier est omniprésent et attractif, le second est plus discret, plus rare, il faut le chercher et y mettre le prix pour une qualité inégalée.

Édité par couagga le 21-05-2020 à 22h03



Agathe89

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 22h27

couagga


Citation :
Quel cavalier de club accepterait de lire La Guérinière, Xenophon, Müseler ou Oliveira ?


ouh là là respect !! J'ai essayé de lire Baucher, mais je suis pas à l'aise avec le vieux François littéraire

Très sincèrement, et même si les lectures de contemporains comme Oliveira sont sans doute bien plus abordables, je crois que les cavaliers et enseignants qui ont cette connaissance approfondie des apports des grands maîtres, sont exceptionnels.

Pour autant, pour les cavaliers plus tous jeunes comme moi, il est possible de faire la différence entre, notamment, l'école française, et les écoles allemandes et hollandaises (car je crois que c'est essentiellement là que se situe le débat aujourd'hui).

Pour faire extrêmement court et schématique :

quand j'ai appris à monter un peu sérieusement, il y a 25 ans, on m'a enseigné qu'une mise sur la main défectueuse était plus néfaste pour le cheval, que pas de mise sur la main du tout.

On m'a enseigné à me faire oublier lors de la détente, et de ne demander que très progressivement, à un cheval au physique correctement échauffé, l'effort du placer.

Après quelques années d'interruption de l'équitation "académique" (je montais en loisir pendant plusieurs années), je me suis remise à monter un peu sérieusement, avec des coachs un peu solides.

Ceux-là sont parfois d'influence allemande, parfois d'influence tradition française.

Pour les allemands, dès qu'on monte sur le cheval, il doit être rond et bas. Dès l'arrêt même.

Pour les français, la mise en main vient progressivement d'un travail correct, rythme, cadence, décontraction et rectitude.

Je ne parviens pas à adhérer à autre chose qu'à la 2eme option...

Édité par agathe89 le 21-05-2020 à 22h28



Agathe89

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 22h42

couagga


Citation :
Le cadre noir m'apparait comme trop institutionnalisé et donc m'inspire une certaine rigidité mêlée aux contraintes d'une équitation de spectacle

il y a une quinzaine d'années j'ai posé mes valises à Saumur, pour 2 ou 3 ans. et j'ai vraiment ressenti ça, en effet.
J'ai beaucoup sympathisé avec un écuyer de gala. Il me faisait monter parfois et c'était merveilleux.
Mais... l'envers du décor... Des chevaux qui ne connaissaient que le box, la selle du cavalier ou cet instrument de torture (ah pardon - marcheur).
Qui tiquaient TOUS, sans exception.
Parce qu'aller au paddock, même avec des guêtres coquées c'est pas concevable... Et si ils faisaient l'andouille et sortaient un suros ?
ça fait 12 ans que je suis partie. Les choses ont peut-être évolué là-dessus ? Je le souhaite en tous cas.

Sur l'approche de l'équitation, cela me convenait en revanche parfaitement, car cela correspondait à ce que mes instructeurs - tous passés par Saumur - m'avaient enseigné. Et cela me semblait parfaitement respectueux de l'harmonie physique du cheval. Même avec peu de connaissances de biomécanique, cela me semble parfaitement logique : on étire d'abord, on assouplit, avant de mettre à l'effort. L'approche allemande me parait beaucoup moins progressive.

Je monte mes chevaux depuis toujours comme ça, je n'ai jamais eu aucun souci de dos. En revanche, ces dernières années, des chevaux au dos bousillé qui n'ont été montés que soi-disant "ronds" (ou contraints ? saucissonnés?), j'en ai croisé quelques-uns.

Édité par agathe89 le 21-05-2020 à 22h42



Couagga

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"equitation de tradition française"
Posté le 21/05/2020 à 23h13

agathe89

Je suis plus âgée , j'ai été initié à l'équitation de tradition quand j'avais dix ans, sans même le savoir. Et en 40 ans de pratique par la suite, j'ai balayé large, je me suis donc égarée, puis j'ai retrouvé mon chemin. Parmi tous mes enseignants, mes mentors étaient inspirés par une équitation allant bien au-delà des frontières française.

Franchement si la tradition française aujourd'hui c'est le CN, ben non merci. Alors je n'en suis pas.
L'équitation allemande traditionnelle a été très influencée par La Guérinière.
Si je compare aujourd'hui le CN à l'école espagnole de Vienne, franchement, je choisis sans hésiter l'école de Vienne.
Leur équitation que je trouve inspirante et incarnant bien plus pour moi l'héritage de La Guérinière.

Le problème c'est qu'on compare les pratiques en compétition pour parler des allemands, des hollandais, des français, des anglais. Mais l'équitation de compétition n'est pas du tout une équitation de tradition, ça n'a plus rien à voir. C'est une équitation sportive de compétition dont les critères de réussites n'ont pas énormément de points communs avec les critères de réussites de l'équitation de tradition.

Je te rassure, tu peux lire les anciens en bon français d'aujourd'hui Baucher, La Guérinère et même Xénophon. Il y a des trucs qui font saigner les yeux, et certains termes sont à replacer dans le contexte de l'époque. Comme par exemple lorsqu'il est mentionné qu'il faut châtier le cheval ou détruire les résistances. Qu'aujourd'hui on nommerait "sanctionner" et "décontracter" mais il y a aussi des choses qui sont d'une modernité et d'un respect du cheval allant bien au delà de ce que les plus doux écuyers contemporains prônent. c'est parfois bluffant de compréhension du cheval, de biomécanique et d'éthologie des siècle avant que ces mots et cette science existent !

ça m'interpelle de se revendiquer de tradition française sans en avoir pris connaissance par soi-même un peu. Pour moi c'est important car chaque enseignant étant lui même un filtre dans ce qu'il comprend et retient de l'héritage, il faut arriver à prendre aussi l'info à la source, même si un encadrement m'apparait important. PK est un cas typique. Il est, à mon sens, ultra Bauchériste. Or la tradition française ne peut se réduire pour moi à Baucher qui est tout de même un genre de schisme de l'équitation française et la légèreté appartient énormément à la tradition portugaise et à Vienne.
Il y l'effet "téléphone arabe" aussi, ou passant de bouches à oreilles parfois le message à l'arrivée n'a plus grand chose à voir avec le message de départ. On en a les pires effets pervers dans les clubs avec les absurdes "baisse les talons", ou "écarte les genoux", ou encore "penche toi en arrière"...

Voilà pourquoi, pour moi et je dis bien pour moi, il n'existe plus vraiment une équitation de tradition française mais une équitation de tradition et que cette dernière n'est pas représentée par l'équitation de compétition. Si les français ne sont pas sur les podiums en sports équestres c'est que notre élevage ne suit pas les traces des élevages des nations actuellement victorieuses. On n'a ni la production, ni les moyens d'acheter les chevaux de compétition formule 1. Le peu de bons chevaux français partent vite à l'étranger.

Plusieurs de mes enseignants, citaient les maîtres ou y faisaient référence à discrétion, nous incitant, nous les élèves, plus ou moins ouvertement, à nous y intéresser. Mes meilleurs enseignants étaient ceux qui ne se revendiquaient d'aucune école et m'invitaient à m'intéresser à toutes pour faire ma propre synthèse. Les maitres classiques mais aussi la biomécanique, la psychologie du cheval et son éthogramme.

Pour moi là réside la différence fondamentale entre celui qui forme des cavaliers exécutants et celui qui forme des cavaliers autonomes et formateurs de leurs chevaux. L'équitation de tradition forment des cavaliers autonomes et formateurs obligatoirement.

Édité par couagga le 21-05-2020 à 23h44



Agathe89

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"equitation de tradition française"
Posté le 22/05/2020 à 09h51

couagga Ah oui je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Je fais en effet un raccourci trop rapide entre équitation de tradition et équitation de compétition !
Ce que j'ai appris, c'était effectivement essentiellement au travers de mes enseignants. Comme la fameuse maxime " demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup " qui m'a marquée tout au long de mon parcours à cheval ! On l'attribue par erreur à Oliveira, elle est bien de Baucher n'est-ce pas ? (tu dois le savoir mieux que moi !)

Je n'ai jamais pris le temps de me plonger dans toutes ces lectures, mais elles doivent en effet être passionnantes.

Aujourd'hui, il est vrai que j'ai tendance à écouter un monsieur comme le Colonel Carde, que j'ai croisé à Saumur sans vraiment le connaître. Je m'associe à sa désapprobation de ce qu'est devenue l'équitation de compétition... Et je crois qu'il y vise des pratiques issues de l'Allemagne ou de la Hollande, mais qu'on voit aussi en France ! Des chevaux à mille lieues de la légèreté, en rollkur même si c'est censé être interdit.

J'ai l'immense chance d'avoir sous la selle une Ferrari, dont je n'explore que 5% des capacités ! Je n'ai ni le niveau, ni le temps, ni la condition physique de la faire briller comme elle le pourrait ! Parfois on commence un peu à diagonaliser, je suis en extase tellement elle est belle sur 3 foulées
J'ai quand même une grande satisfaction : c'est une jument que je peux monter rênes longues aux trois allures, que je peux lancer au galop dans le champ en toute confiance. Ceux qui montent leur chevaux ronds et bas dès les 1eres secondes de la détente, ne peuvent pas s'aventurer à faire ça... !!!

Mundial

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"equitation de tradition française"
Posté le 22/05/2020 à 11h09

- Pour vous, c'est quoi l'Equitation française ?

j'adhère globalement à la définition qui a été retenue pour sa consécration en tant que que patrimoine immatériel par l'Unesco : L'équitation de tradition française est un art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l?homme et le cheval. Les principes et processus fondamentaux de l'éducation du cheval sont l?absence d?effets de force et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l'homme respectant le corps et l?humeur du cheval. La connaissance de l'animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d'esprit alliant compétence et respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices.
Les développements suivants évoquent la légèreté qui me paraît en effet être au coeur de l'équitation tradition française avec les mots de décontraction et d'impulsion.

J'aime aussi beaucoup dans cette définition la référence à l'art.

Il me semble que les cavaliers qui choisissent le chemin de l'équitation de tradition française sont des cavaliers qui voient plus, dans l'équitation, un art qu'un sport.

- En tant que cavalier français, avez-vous le sentiment d'appartenir à cette Equitation française ? Vous sentez-vous "proche" d'elle ?

Tout à fait ! Mais j'ai eu la chance très jeune de côtoyer des gens qui avaient été formés selon les préceptes de la belle équitation militaire telle qu'elle se pratiquait à Saumur avant que Saumur ne cède aux sirènes de la compétition et de l'équitation allemande. Toutefois, déjà à la fin des années 70, j'observais un décalage entre mes lectures, donc, la théorie et la pratique. A 17 ans, je suis, donc, partie au Portugal, chez Nuno Oliveira, redécouvrir ce que je ressentais comme étant ma tradition équestre. Et c'est là, pour la première fois de ma vie, que j'ai vu des chevaux montés dans une décontraction et une impulsion magistrales.

J'ai toujours vécu comme un paradoxe le fait d'avoir dû aller au Portugal pour plonger véritablement dans les racines de l'équitation de tradition française que ce soit dans sa composante la plus classique (autour des enseignements de La Guérinière) que sous l'angle de son influence bauchériste.

C'est l'équitation que je pratique depuis maintenant 40 ans en ayant le sentiment d'être dans une recherche perpétuelle pour progresser dans la finesse et dans l'efficacité de mes aides. Ceci pour rendre l'équitation plus agréable encore pour les chevaux je monte. Il me semble que le cheval doit finir sa leçon heureux, avec le sentiment d'avoir coopéré par sa propre volonté.
C'est une recherche sans fin, mais tellement passionnante. Je continue régulièrement à prendre très régulièrement des cours avec Lucien Gruss, qui fut l'un des élèves préférés du colonel de Ladoucette, lequel reste une référence incontournable de l'équitation de tradition française dans son courant militaire et avec Hélène Arianoff pour retrouver dans sa pureté l'équitation enseignée chez Nuno Oliveira


- Connaissez-vous et vous intéressez-vous grands maîtres du passé comme Baucher, La Guérinière, L'Hotte ? Pourquoi?

Ce sont des auteurs que j'ai lus et relus. Ils me passionnent toujours autant. Je lis aussi leurs contemporains avec une passion qui ne s'éteint jamais.

Pour quelles raisons ? Parce qu'il me semble que nos prédécesseurs vivaient dans une société dans laquelle le cheval était un pilier tant dans la vie des particuliers que pour le rayonnement de ce que l'on appelait alors la nation. Tant les particuliers que l'État se servaient des chevaux, certes de manière utilitaire, mais pour les plus intelligents d'entre eux dans un souci de conservation, au moins en raison de leur valeur marchande, et l'efficacité. Les esprits les plus brillants du passé ont réfléchi sur comment utiliser au mieux les chevaux, comment les dresser dans un double souci d'efficacité mais aussi de conservation.

Lorsque l'on lit beaucoup et beaucoup d'auteurs du passé, il apparaît très rapidement que les dresseurs ont toujours été confrontés aux mêmes problèmes, ont cherché des moyens pour les résoudre et se sont heurtés à la difficulté qu'il y a à mettre ces "moyens"en mots. Simplement, à la différence de ce qui se passe à notre époque, la plupart des personnes était plus ou moins cavalières et connaissait l'importance cruciale de la position et de l'indépendance des aides. La plupart des moyens proposés, dans ces ouvrages, pour parvenir un dressage sophistiqué suppose des cavaliers capables d'utiliser correctement leurs mains, leurs jambes et leur dos; ce qui est à des années-lumière de l'équitation contemporaine dans laquelle les gens préfèrent remettre les chevaux en question plutôt que de remettre en cause leurs propres fondamentaux.

Édité par mundial le 22-05-2020 à 11h12



Agathe89

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Posté le 22/05/2020 à 12h16

mundial je ne suis pas très loin de chez vous, j'aurais un immense plaisir à vous rencontrer !

Mundial

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Posté le 22/05/2020 à 12h32

Avec plaisir!

Ardennesacheval

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Posté le 22/05/2020 à 12h44

Quel cavalier de club accepterait de lire La Guérinière, Xenophon, Müseler ou Oliveira ?
moi !
(à part Müseler que je ne connais pas)

c'est très intéressant et enrichissant ! TT comme Gogue, De carpentry, Baucher et Lhotte. Henriquet, Durand etc.

Par contre je pratique surtout en extérieur, mes années "dressage" sont loin derrière, donc j' "utilise" surtout Xénophon et Solleysel au quotidien
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