Dans la vie, il y a des gens brillants, et d'autres qui sont un peu con. Et chez les chevaux, c'est pareil !
Lundi après-midi, j'emmène Belette se balader un peu sur les bords du Cher, brouter de la bonne herbe bien verte...
(En vrai, c'était surtout pour m'aérer moi, mais vous n'êtes certainement pas sans savoir que par les temps qui courent, un poney ou tout autre mammifère est essentiel à ce type de sortie).
Sur place, je trouve qu'elle bavouille pas mal et, chose hors de commun, elle se montre particulièrement délicate pour choper les bonbons que la faible personne que je suis lui refile. Ma foi, je ne m'inquiète pas trop, elle a bon oeil, bon appétit et l'énergie de faire quelques conneries sur le chemin du retour. Disons que je l'ai connu dans des états moins folichons ! Au club, les monos se veulent rassurantes, tant qu'elle mange, à priori pas trop de soucis à se faire...
Mercredi, c'est jour de tonte. Je me mords la lèvre en arrivant au pré, un gros filet de base bien dégueu pendouille du doux museau de Belette. Le bonhomme qui tond est formel : elle schlingue de la bouche. Par terre, on compte les glaires par paquet de dix. Allez hop, un petit message vocal à la dentiste et à la véto ! Quelques minutes plus tard, Mono et moi récupérons Belette, rebaptisée Pudubec. Ce qui va suivre sera à jamais consigné dans les moments les moins ragoûtants de ma vie de cavalière. Mono (la vaillante !) et moi nous sommes joyeusement fait asperger de glaires nauséabondes tandis que nous convainquions Pudubec de bien vouloir ouvrir sa bouche pour observer ce qu'il s'y trame... Résultat : des gencives trèèèèès inflammées et autant de gouttes de sang. Et là le coeur de tout propriétaire s'emballe ! Puis sous la langue de mon fidèle destrier, Mono attrape un petit paquet aussi piquant que puant...
Du bois...
Ma jument a été bouffé du bois.
Ma jument qui distingue des dizaines de mots, qui connaît les chemins de balade mieux que moi, qui est celle qu'on fait passer devant quand les autres font les teuteus... a été bouffé DU BOIS.
Branle-bas de combat aux écuries. Moi je n'ai pas le choix que de retourner au boulot, il faut dire que je n'avais pas vraiment prévu une telle issue de ma visite... La dentiste est sur le coup, elle passera dans l'aprem. La véto, qui est la remplaçante et que se trouve à l'autre bout de la région suivra les opérations de loin... En attendant, le staff du club veille.
Dans la soirée, (j'avais prévenu les collègues et pu garder mon téléphone avec moi), premier SMS de la dentiste : masse de chardons encastrés dans les joues, inflammation ++ de toute la bouche, frein de la langue déchiré... Mon estomac se retourne sur lui-même. Et si cela empirait dans la nuit et que je ne revoyais jamais ma jument ? Une proprio a dépanné des anti-inflammatoires et la véto a télé-prescrit Avemix + Equipalazone qu'une bonne âme du club est allé chercher (ce genre de moment où tu es content de ne pas avoir ton cheval seul dans un pré). Deuxième SMS : Pudubec a eu un lavement de bouche, a bien pris ses médocs dans de l'orge et s'en est allé faire un petit dodo... Il est 21h, je débauche et la tentation de passer aux écuries est rude...
Hier vendredi et aujourd'hui samedi, tout va au mieux dans le meilleur des monde. Belette est redevenue Belette et prends tranquillement ses médocs. Moi, je me repose un peu de ce petit coup de pression...
Moralité : tant va la cruche au bois qu'à la fin elle le bouffe, entourez vous de professionnels compétents, et si un jour votre Poney pue du bec, c'est que ça pue tout court
Bonne soirée !
Elle a peut-être voulu changer un peu son menu 
Plus de peur que de mal heureusement... Et le titre est génial 
