Bonjour, ou bonsoir
Je ne sais pas si ce petit message a sa place dans cette catégorie, mais je me suis aussi dis qu'il était difficile de mettre dans une case un sujet comme celui-ci. Au vu des temps de crise sanitaire, et connaissant les difficultés financières dans lequel baigne le milieu du cheval, je me suis dis que ces quelques lignes vous procureront du baume au coeur, afin de traverser ces crises sanitaires, financières (ou personnelles) avec un peu plus de facilité. Et puis, j'aurais aimé tomber sur un sujet comme celui-ci, étant plus jeune.
Tout d'abord, je vais faire un grand saut dans le passé, et parler un peu à la première personne ; quand j'étais petite, mes parents m'ont inscrite en club, pour faire des stages. J'étais émerveillée par l'univers équestre, j'adorais les petites bouilles des poneys, qu'ils soient calmes ou espiègles, et subjuguée par l'imposante taille des chevaux. Je pouvais passer des heures, comme ça, à caresser chaque poney que je croisais, je remettais en place leur toupet, je leur caressais la tête, je leur chuchotais mes secrets, je regardais leurs yeux si expressifs, je me demandais à quoi ils pensaient, s'ils étaient heureux, s'ils ne manquaient de rien.
Malheureusement, mon expérience de club ne fut pas uniquement rempli de calme et de repos, je recevais beaucoup de taquineries de la part d'autres cavaliers, des remarques sur mes grandes bottes en caoutchouc à dix euros, sur mon pantalon, mes pulls beaucoup trop larges pour un si petit corps d'enfant, pour ma monte, parfois chaotique dans un manège où nous étions parfois une quinzaine. Alors, rapidement, je me sentais triste, moi qui fuyait le monde réel et ses jugements, voilà qu'ils me suivaient jusqu'ici. J'ai donc arrêté ma passion, et cela me brisa le coeur en mille.
Les années ont passé, et j'ai repris petit à petit confiance en moi. J'étais devenue une adolescente pleine de rêve, indépendante financièrement et prête à revoir ces compagnons fidèles. Et puis, un jour, un constat m'a frappé d'entrée : toutes ces années, je me suis sentie triste de ne pas avoir assez, de ne pas être assez : assez bonne cavalière, assez bien habillée, de ne pas avoir de matériel, de beaux tapis de selle, de belles guêtres, d'avoir des amis au club-house..
Je me suis rendue compte alors de la chance incroyable que j'ai eu en montant à cheval. Je me suis dis que payer des cours était déjà un important coût financier, que d'autres n'avaient pas cette chance. Je me suis dis que passer une heure en compagnie d'incroyables animaux était une chance inouïe, que certains ne pouvaient pas se permettre de mettre de l'essence, de payer cinquante euros la séance, et les bottes, les friandises, le matériel de pansage. Un puissant sentiment de reconnaissance m'a envahie, et je ne me suis jamais sentie aussi paisible qu'à ce moment là. Alors oui, j'ai essuyé quelques moqueries, mais ce n'était rien en comparaison à tout ce bonheur d'être en compagnie de chevaux, que d'autres en rêvent encore à l'heure d'aujourd'hui, là, dans leur chambre, regardant vidéo après vidéo, concours en replay après concours, en économisant, en se privant. Et puis, plus globalement, la vie est difficile, avoir une passion et pouvoir y subvenir est déjà un luxe qu'on oublie, bien trop souvent, il faut profiter de chaque moment, en faire des souvenirs chaleureux, qui caressent le coeur et sèchent les larmes.
Prenez soin de vous, en ces temps difficiles où l'humain a tendance à basculer du côté de l'individualisme, au détriment de ses congénères. Voyez comme la vie est belle dans les plus petits détails.