le problème c'est que la peur conduit à de grosses difficultés parce qu'elle conduit à se "recroqueviller", à rester figé sans prendre en compte les éléments à modifier (plus d'impulsion à demander, plus de mobilité des épaules, plus de soutien dans le dos et les mains, plus de report sur les hanches ... Que sais je)
C'est a peu près gérable sur le plat avec des exercices simples et un cheval sympa, qui acceptera de faire pas trop mal avec un cavalier en déroute
Mais c'est en général très compliqué sur l'obstacle parce que même sur petit, pas assez d'impulsion, un cavalier qui ne suit pas... C'est très handicapant pour le cheval et souvent à la fin, il dit merde.
Une seule solution : faire diminuer la peur.
Je n'ai pas dit "la nier" comme on voit souvent, c'est à dire des cavaliers morts de trouille sur tout le parcours mais qui font quand même, verdâtres, en essayant de plaisanter : ça ça passe quand le poney est brave ++ et que le parcours est petit. Quand on montera les obstacles, ça ne passera plus. C'est une des raisons pour laquelle, (je pense) passé un certains stades, les cavaliers ne sautent plus : ils ont montés trop vite les échelons parce que le cheval faisait à peu près tout (ah, les chevaux de club qui savent lire et écrire

) Une fois qu'ils montent un cheval qui fait moins tout seul, ils se font peur. Et l'orgueil fait qu'ils ne veulent pas descendre de niveau et reprendre du début, alors ils se font encore plus peur, puis ils arrêtent
Je n'ai pas dit non plus "faire disparaître la peur". Parce que la peur, c'est le signal que quelque chose ne va pas, que tu ne maîtrise pas toutes les données du problème. C'est un excellent indicateur pour te signaler que "l'oxer de 1.20 m à l'arrache sur pompon sortant du pré" ce n'est peut-être pas l'idée du siècle, et que tu ferais mieux d'aller travailler l'amplitude de tes foulées sur une ligne de deux cavalettis
"faire diminuer la peur", ça paraît tellement évident qu'on dirait une vérité de la Palisse.
Mais en réalité, c'est un travail de longue haleine, parfois toute la vie
Parce que la peur, c'est ce qui a été créé par la nature pour garder l'animal en vie. Les animaux trop téméraires se font manger ou ont des accidents.
La peur est un système très complexe lié au cerveau : le cerveau signale un danger et du coup prépare le corps à pouvoir y faire face. C'est totalement indépendant de la raison et de la volonté. C'est aussi impossible à court circuiter, pour faire cours : espérer tromper un système aussi complexe en disant "non je n'ai pas peur", ça doit bien faire rire les neurones de l'amygdale
Inutile donc de raisonner quelqu'un qui a peur : ça n'est pas une réflexion consciente. Pour la même raison, expliquer à quelqu'un qu'il ne devrait pas avoir peur ("ce cheval est vraiment gentil") n'a pas d'intérêt. Et les cavaliers qui nient le problème "tu vois, ça passe hein, il suffit de se forcer" se font du mal parce que au bout du compte, le cerveau te fait payer cher de passer outre cette émotion : on finit souvent par ne plus ressentir que la peur et aucun plaisir.
Ce qu'il faut, c'est que le mécanisme de détection du danger ne se mette pas en route : beaucoup plus facile à dire qu'à faire, et surtout quand il s'est déjà mis en route une ou plusieurs fois (c'est censé te garder en vie, donc forcément, les situations que tu as déjà détecté comme dangereuse avant sont détectées encore plus tôt après - pour que tu puisse réagir plus vite - )
Donc il faut rééduquer ton cerveau pour lui expliquer que l'équitation, et l'obstacle, ça n'a pas de raison de faire très peur.
Pour cela, il faut reprendre avec des situations ou tu n'as pas peur du tout : des exercices très simples, que tu maîtrises très bien, avec un cheval très sympa et qui connaît bien son boulot.
Pas de précipitation : si le moment ou tu n'as pas peur c'est au pas, ben tu vas au pas. Jusqu'à ce que tu n'ais pas peur au trot non plus.
Et à chaque fois que tu ne te sens pas à l'aise, tu rétrograde de manière à avoir cette sensation de maîtrise : c'est très important.
Donc si ton problème c'est les obstacles à partir de 50 cm, ben tu mets 30. Si tu n'es pas à l'aise au trot, tu fais au pas... Ainsi de suite. (et pas de gniangnianteries : un tracé correct, c'est aussi dur au trot qu'au galop) Et beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail sur le plat : la direction, l'impulsion, rassembler, repartir ... Sentir qu'on maîtrise sur le plat permet de se détendre.
En fait, la peur à l'obstacle, chez moi en tout cas, c'est surtout le révélateur que quelque chose ne va pas dans la manière de monter sur le plat.