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Augmentation alimentation animal
Posté le 02/05/2022 à 22h02
mouse
Posté le 02/05/2022 à 22h02
Certes il y a de la spéculation sur le marché des matières premières, mais on ne peut nier qu’on se trouve dans une situation inédite. Je travaille dans le milieu, et l’industrie se retrouve face à un casse-tête. Avant même le « début » du conflit à l’Est, il y avait déjà de la tension. Le début est entre guillemets car les combats ont commencé il y a plusieurs années…). On avait déjà tout un tas de facteurs, et notamment :
• Le Covid
• Une augmentation des besoins : besoin de plus d’aliment pour nourrir toujours plus de monde, mode du « biodégradable » qui remplace le non-renouvelable (plastiques,…), pour fabriquer des colles à base d’amidon, et autres ustensiles pour les take-away type contenants, pailles,…, sans oublier les bio-carburants + les systèmes de méthanisation qui se multiplient, à tel point que certains les alimentent avec du maïs car pas assez de déchets (c’est du déjà vu…)
• Un manque de barges pour les transports, et des coûts de transport qui prennent l’ascenseur
• Une météo mauvaise l’été dernier : au moment de la maturation et de la récolte, selon les pays, il y a eu soit un froid de canard et de fortes pluies (typiquement Europe de l’Ouest), soit des canicules. Au bilan : déjà pas beaucoup de matière première dispo de qualité acceptable (nutritionnelle, quantité, sans contaminants type mycotoxines)
À cela, s’ajoute la situation qui a commencé fin février. Voici quelques chiffres concernant le commerce mondial des matières premières :
• Blé : Russie et Ukraine : respectivement 10% et 4% de la production mondiale, 19 et 10% des exportations mondiales
• Maïs : Ukraine: 15% des exportations mondiales
• Huile de tournesol : Russie : 26% de la production mondiale, idem pour l’export ; Ukraine : 33% de la production totale, 50% des exportations.
Pour les récoltes de l’an dernier, une bonne partie restait encore stockée en Ukraine au début de l’année. Le hic est qu’une bonne partie a été détruite. Le reste est habituellement transporté par voie maritime depuis des ports type Odessa, qui sont bloqués. En gros, 95% du transit de matières premières est impossible. Les récoltes de cette années sont plus que compromises, de même que celles de l’an prochain.
Et pour rajouter une goutte d’eau à un vase qui déborde déjà… la Russie est un des plus gros producteurs d’engrais. Or qui dit pas d’engrais, dit mauvais rendements...
Le marché du cheval reste un marché de loisirs, les fabricants ont déjà beaucoup rogné leurs marges (qui étaient assez bonnes). Imaginez la situation en aliment du bétail (marges très, très faibles), ou humaine. Il faut être réaliste, les prix vont drastiquement augmenter, mais pour une fois, il y a une vraie raison, et ce n’est pas uniquement lié aux méchants spéculateurs des marchés financiers…