La reproduction pour les nuls: avis aux amateurs

Vaste sujet, auquel il n'y a évidemment pas une seule réponse à chaque fois.
Je vais tenter de donner mon avis au travers de ma modeste expérience de vétérinaire/éleveuse depuis 9 ans:

Le poulinage est-il accessible aux amateurs? J'entends sans majoration du risque pour la jument.
=> non, majoration systématique du risque pour la jument. Blessure à la saillie, risques inhérents au poulinage... il faut en être conscient


Quel est le budget à prévoir pour un poulinage? (Saillie, suivi vétérinaire, gestation, mise bas, poulain en bas âge)=> extrêmement variable selon la technique de saillie choisie, l'étalon choisi et les conditions de mise bas/élevage, donc impossible de répondre. Entre 500 et 5000€.....

Pour la jument:
- A partir de quel âge est-il raisonnable de faire pouliner une jument? Et jusqu'à quel âge?
On dit qu'en général il faut attendre les 3 ans d'une jument pour la mettre à la reproduction. Ceci est bien évidemment une moyenne, certaines juments étant "prêtes" dès 2 ans, mais (souvent par anthropomorphisme mal placé) on évite (bien que les rares juments bien suivies que j'ai vu mises à la repro à 2 ans (BIEN SUIVIES je répète!!!) se portaient comme des charmes les années suivantes. Mais gardons plutôt en tête 3 ans, c'est mieux. 2 ans pour un éleveur qui voit que sa pouliche va être monumentale et qui sait bien nourrir, ça passe (j'ai vu le cas, 3 ans et 1m80, suitée, origines de fou mais conne comme c'est pas permis, l'éleveur m'a dit, dépité "j'ai tenté de casser sa croissance, comme vous pouvez le voir, ça n'a pas du tout marché, elle est encore plus grande et massive que ses 2 parents....)
Pour un particulier, retenons 3 ans.


Dernier âge pour une première saillie 12-13ans, au delà, ossification de la symphyse pubienne en position "étroite", rendant des poulinages tardifs potentiellement risqués (exemple chez le cochon d'inde, si on met une femelle à la repro trop tard, les bébés ne peuvent carrément pas sortir et on perd la mère et les petits....)

- Quels sont les défauts rédhibitoires ou déconseillés chez une jument pour la reproduction?
dépend des races. Perso une jument pas gentille avec l'homme je vois pas l'intérêt de la faire reproduire. On est pas là pour se faire démonter la tête, ça reste un loisir et ça doit être un plaisir

- Quelles tailles sont raisonnablement compatibles pour le couple jument-étalon?
Plus qu'une histoire de taille, c'est une histoire de gabarit. Typiquement un pur sang de 1m80 sur une ponette shetland, y'a pas de raison que ça ne passe pas, l'espèce équine étant bien fichue, le poulain s'adapte à la taille de l'utérus (éviter d'avoir une ponette obèse du coup, ça fait encore moins de place pour le poulain et des malformations des membres à la naissance). Par contre un étalon de trait sur une welsh, on a toutes les chances que ça coince au poulinage (on appelle ça une dystocie foeto-maternelle), en raison principalement de l'ossature du poulain. Donc plus que la taille du père, c'est son anatomie et son ossature qu'il faut regarder.
Bien sûr, par précaution sur une primipare (= jument qui n'a pas encore eu de poulain), on restera sur le principe de précaution de prendre un étalon pas plus grand que la jument, mais ce n'est absolument pas scientifiquement validé. (penser à un dernier détail, et non des moindres, désolée pour le côté glamour, si vous y croyez toutefois dans l'espèce équine.... réfléchir à la taille du pénis de l'étalon pour votre jument.... un étalon trop bien monté sur une primipare, ça peut faire des dégats....)

- Quel est l'environnement idéal pour une jument qui pouline? Pré/abri ? Box de poulinère? Faut-il anticiper des modifications du mode de vie, propre à la gestation puis à l'arrivée du poulain?
Afin de permettre à la jument d'anticiper et de préparer son corps (et surtout son colostrum, qui contient les anticorps indispensables à la survie du nouveau né), il est recommandé de mettre la jument dans son lieu de poulinage un bon mois avant le poulinage.
La surveillance est fortement recommandée (à moins qu'on ne soit partisan du "comme dans la nature", avec les risques que ça implique....faut pas aimer trop ses chevaux, quoi....), donc à voir selon ce dont on dispose.... un pré en mai avec une ceinture et on dort dans la maison à 200m, c'est jouable. Je vous laisse imaginer le poulinage dans ce même pré en mars avec un orage de grêle et un poulain faible qu'il faut soutenir/nourrir toutes les heures.... ça peut vite devenir l'enfer....


- Quelle est l'alimentation à privilégier pour une jument gestante, puis allaitante?
Voir avec son vétérinaire, jusqu'au dernier tiers de gestation il n'y a rien de particulier à faire. Il faut par contre prévoir que la jument doit être légèrement ronde au poulinage, mais pas obèse. Ni maigre évidemment. Donc à prévoir avant les 3 derniers mois. Par contre niveau compléments,il vaut mieux demander à son véto qui connait la jument ainsi que ses conditions de vie.

Pour l'étalon:
- Existe-t-il un registre où sont répertoriés les étalons disponibles à la reproduction?
Non, sauf parfois dans certains studbooks, mais globalement c'est un joyeux bordel

- Est-ce qu'il y a des critères à regarder précisément chez l'étalon, ou est ce que ce n'est qu'une question d'appréciation personnelle?
très personnel, par contre bien se renseigner à l'avance, ne pas hésiter à demander l'avis à des amis concernant la morpho, l'adéquation étalon/jument (une jument au dos long comme un jour sans pain, c'est pas forcément judicieux d'y coller un étalon similaire).
Pour un particulier, privilégier un étalon qui a déjà des produits (= recul sur la production) et qui produise gentil. On s'en fout d'avoir un père qui saute 1m50 si on n'a jamais été en concours à plus d'un mètre, c'est beau de rêver, mais vaut mieux un pépère gentil correctement fichu qu'un super qualiteux pété de sang et immontable.

Pour la saillie:
- Quel type de saillie est possible? Et quels sont leurs avantages et inconvénients?
outch, là pour le coup y'a des pages et des pages à dire.
Pour résumer:
- monte naturelle: saillie en main ou liberte.
Liberté: avantage: véritable comportement du cheval. Inconvénient: risques de blessure non négligeable (la love story ça dépend des étalons, d'où la nécessité de se renseigner à l'avance, demander des vidéos "preuve" par exemple)
en main: avantage: date de saillie facile à connaitre, moins de risque de blessure. inconvénient: si étalon violent ou mauvais étalonnier, également risque de blessure ou de "viol" de la jument (ce qui ne sera pas le cas avec un bon étalon+bon étalonnier, pour donner un exemple perso, mon étalon passe,même en main, 3 plombes à draguer sa dulcinée, c'en est limite chiant quand on a une journée chargée, mais bon, faut qu'il fasse connaissance aussi, faut le comprendre...bref il attend qu'elle soit chaude comme une baraque à frites avant de grimper, c'est l'idéal)

insémination, 3 possibilités:
- en frais, IAF: nécessite d'amener la jument au centre où l'étalon est prélevé. Tous les avantages de la fertilité de la monte naturelle sans risque de contamination/blessure.
- en réfrigéré transporté: IART: peut se faire à domicile si on a un véto qui a le temps et qu'on est bien équipé (barre d'écho par ex). Presque aussi bien que l'IAF en terme de fertilité, mais attention aux envois chronopost et compagnie, ça peut merder et faire perdre une chaleur....
-en congelé IAC: grande variété d'étalons, possibilité de faire inséminer même le dimanche (contrairement à l'IART par ex), mais suivi gynéco plus cher (bcp plus d'échos car le sperme décongelé tient évidemment moins longtemps) et fertilité moindre (estimée à environ 33% / chaleur grosso modo). GRande variabilité de fertilité des étalons proposés, toujours bien se renseigner et demander à son véto inséminateur de vérifier que la fertilité annoncée de l'étalon est véritable et bonne, parce que ça devient n'importe quoi et on se fait refiler 6 paillettes de m*** facilement...


avantages de l'IA: possibilité de prendre un étalon situé loin, sanitairement parlant plus tranquille (évite de se faire refiler la schkoumoune), risque de blessure très limite
inconvénients: "relationnel" pour la jument (et surtout l'anthropomorphisme du proprio, disons le honnêtement), coût souvent un peu plus élevé (quoiqu'avec els frais de route désormais.....), fertilité un peu inférieure à la MN (surtout pour IAC)

- Quelles sont les modalités concrètes: jument sur place, jument à déplacer, prise en charge véto?
répondu ci dessus

- Y a t-il des centres spécialisés?
oui, centres d'insémination

Pour la gestation:
- Comment la confirme-t-on?
échographie à J+15, puis J+30 puis J+45 classiquement. Palpation trans rectale au 1er octobre pour vérifier qu'elle soit encore pleine (pour les contrats avec 2e fraction au 1er oct par ex)

- Quelle est sa durée pour une jument?
variabilité extrême: 320 à 383j à titre d'expérience perso, mais ça peut durer plus longtemps!
On considère en général 340j, mais un poulain n'est plus prématuré dès 320j....
à savoir, même chez une même jument, les durées varient chaque année... parfois....parfois pas!

- Quel est le suivi? (échographies, clinique, passage véto, surveillance)
voir ci dessus

- Tous les vétérinaires sont-ils capables d'en assurer le suivi, ou est ce que cela requiert des vétos
spécialistes?
vétérinaire rural ou équin. Un véto rural équipé d'un échographe et habitué aux échos de gestation de bovins, par exemple, sera largement assez compétent pour cela. Oserais-je dire qu'un véto rural sera plus à l'aise sur un poulinage merdique qu'un véto équin spécialisé en ortho? ... (oui j'ai osé, et c'est vrai)

bon, la suite plus tard, j'avoue j'ai faim et du boulot derrière ^^

j'ai mis la bouffe à chauffer, allez on va dire que j'écris super vite ^^

Pour la mise bas:
- Tous les environnements sont-ils compatibles pour la mise bas? Certains sont à privilégier? Pré? box?
Non tous ne le sont pas. Principe: éviter le stress du mieux possible pour la mère. Donc si troupeau avec bcp de monde => lui permettre de s'isoler.
Bien surveiller, savoir que 95% des poulinages se passent sans souci MAIS qu'en cas de problème, on peut n'avoir que 10min pour réagir....Donc qqn qui n'a jamais vu un poulinage et qui surveille seul, moi j'appelle ça de l'inconscience. Un red bag (décollement précoce du placenta) avec une patte repliée et on est certain de perdre le poulain bêtement. DONC soit on se forme à l'avance, soit on passe la main, il y a des tas de centres de repro qui font de la surveillance poulinage, ça coute un peu, certes, mais c'est la garantie d'avoir un suivi au top et de prendre le moins de risque possible
exemple perso: ma soeur (1000km de chez moi) a fait pouliner sa jument chez son véto inséminateur. Grand bien lui en a pris, car le poulain s'est présenté avec un des 2 antérieurs par dessus la tête. Pour un véto, c'est peanuts comme manip gynéco (on appelle ça une dystocie mineure, chez les vaches on ne voit que ça parce que sinon l'éleveur ne nous appelle même pas). Mais pour qqn qui ne saurait pas faire rapidement la manoeuvre, ou pire, une jument qui pouline seule sans aide, ben ça aurait pu finir en perforation vagino-rectale (je vous laisse faire le dessin dans votre tête), et donc tuer la mère..... avec un poulain qui ne sortait même pas forcément, donc risque de perdre les deux!



- Quel est notre rôle en tant que propriétaire? Comment la préparer?
Le rôle d'un propriétaire est de prendre soin de sa jument et de faire en sorte que tout se passe au mieux.
s'il a possibilité (technique +compétences) de faire lui même, alors ok. sinon payer un pro pour le faire. et surtout ne pas surestimer ses compétences, je vois chaque année des poulains mourir connement parce que les proprios de la mère ont voulu économiser 300€ de pension poulinage....
le poulinage doit se passer dans un endroit propre, sécurisé, permettant des gestes d'urgence avec un certain confort pour les humains (de la lumière, par exemple....c'est con mais va faire une IV à un poulain en plein champs sous la grêle....)


- Le véto doit-il être présent obligatoirement?
chic alors que non, il n'a pas que ça à faire! sauf si il gère un centre d'insémination et que vous lui avez mis votre jument en pension poulinage (ce qui est recommandé si on n'a pas déjà assisté à des poulinages)


Pour le poulain:
- Quels sont les premiers soins à la naissance?
vérifier qu'il respire, le pendre rapidement par les postérieurs si besoin, eau froide dans l'oreille pour le stimuler (oui c'est rude mais sa vie est en jeu)
essayer de limiter la coupure du cordon trop près du corps du poulain. puis désinfecter le cordon avec de la bétadine diluée (bien immerger le cordon) 3 fois par jour minimum pendant une semaine.
vérifier qu'il se lève rapidement, qu'il ait un réflexe de succion (avec des doigts PROPRES !!) et qu'il tête rapidement. S'il ne tête pas dans les 3h, commencer à s'inquiéter, prévenir le véto, traire la mère, filtrer avec une compresse le colostrum et le donner au biberon au poulain s'il a le réflexe de succion ET qu'il est debout (biberon pour humain, faire un trou adapté pour que le lait coule mieux que pour un bébé).
Un poulain doit prendre minimum 500ml de bon colostrum dans les 6h suivant sa naissance.
Idéalement, vérifier la qualité du colostrum avec un réfracto/colotest (ah quand je dis que laisser faire un pro c'est gage de sécurité, c'est pas des blagues....)
La jument doit délivrer (perdre le placenta) dans les 6h grand max, appeler le véto si au bout de 4h en tirant TOUT DOUCEMENT ça ne vient pas du tout. INTERDICTION de tirer fort!
vérifier que le placenta est entier et "joli" (pas de zones hétérogènes), prendre pleins de photos des 2 faces pour les montrer à son véto quand il viendra. voire lui garder pour qu'il l'inspecte luimême, encore mieux.
il doit faire une sorte de F, si une partie reste dans la mère, risque mortel pour elle, donc on déconne pas avec ça

Le véto doit venir dans les 12-15h suivant la naissance du poulain pour
- faire les sérums (trivalent et anti tétanique)
- idéalement faire un snap foal, qui validera la bonne prise du colostrum
- verifier que tout va bien côté mère + poulain
- donner un stimulant pour poulain

- Y a t-il une surveillance particulière pour les premiers jours, premières semaines?
surveillance rapprochée, tout signe suspect (poulain qui dort trop, mamelles qui ne sont pas souvent vidées) doit donner lieu à un appel au véto. Ils sont extremement fragiles à cet âge là.
nettoyage du cordon 3 fois par jour
premier parage si aplombs imparfaits à 15j d'âge, à cet age, un simple parage peut suffire à régler ce qui derrière peut être handicapant, donc autant en profiter

- L'allaitement maternel seul suffit-il?
oui, mais le poulain va aussi manger ce que sa mère mange assez rapidement (8j)

- Quel est son suivi vétérinaire des premières semaines, mois?
*vérifier les aplombs
*vermifugation mensuelle ou bi mensuelle selon la façon de gérer le troupeau, voir au cas par cas avec son véto
* premiers vaccins à 5-6 mois


- Quand et comment réaliser son sevrage?
trop long à expliquer, et impossible de couvrir toutes les situations. donc à voir selon al situation


bon, ben du coup je vais re-réchauffer mon repas

Le poulinage est-il accessible aux amateurs? Oui si l’amateur accepte de se faire encadrer, une gestation sera toujours à risque mais on peut les limiter en acceptant de ne pas savoir gérer.

Quel est le budget à prévoir pour un poulinage? (Saillie, suivi vétérinaire, gestation, mise bas, poulain en bas âge)
Tout dépendra de beaucoup de choses mais globalement c’est quand même une bonne idée de savoir que d’acheter un poulain tout fait c’est sans doute le même budget… mais plus ou moins souvent ça peut revenir moins cher d’acheter poulain.

Pour la jument:
- A partir de quel âge est-il raisonnable de faire pouliner une jument? Et jusqu'à quel âge?
On peut voir des jument qui pouline à partir de 3 ans (donc saillie à 2 ans) et jusqu’à 22-23 ans (mais généralement au delà de 20 ans c’est plus rare, la fertilité baisse, ce sont généralement des juments qui ont déjà eu plusieurs poulains)…

- Quels sont les défauts rédhibitoires ou déconseillés chez une jument pour la reproduction?
Défaut d’aplombs, pathologies qui ont une part héréditaire, caractère (à mon humble avis). Des problèmes de pieds aussi car il faut pouvoir porter le poids supplémentaire.

- Quelles tailles sont raisonnablement compatibles pour le couple jument-étalon?
Il n’y a pas de règles parfaitement établi. Selon si la jument a déjà pouliné ou non, selon la taille transmise par les parents, l’ossature… Pour une saillie en monte libre, l’écart de taille ne pourra pas être trop important (capacité à saillir ou pour protéger la jument…)
- Quel est l'environnement idéal pour une jument qui pouline? Pré/abri ? Box de poulinère? Faut-il anticiper des modifications du mode de vie, propre à la gestation puis à l'arrivée du poulain?
Pas d’environnement idéal car c’est propre à plusieurs facteurs. On ne va pas faire pouliner au boxe une jument qui ne le supporte pas du tout. Le boxe permet plus de facilité dans la surveillance et dans la capacité à intervenir si il y a besoin. Mais il y a aussi des poulinages qui se passent bien en pré.
Je pense que faire reproduire une jument sans possibilité de la mettre au pré ce n’est quand même pas judicieux.

- Quelle est l'alimentation à privilégier pour une jument gestante, puis allaitante?
Il n’y a pas besoin de beaucoup changer l’alimentation en début de gestation, c’est surtout sur la fin qu’il faut aider la jument et pendant la lactation qui peut vraiment leur tirer dessus.

Pour l'étalon:
- Existe-t-il un registre où sont répertoriés les étalons disponibles à la reproduction?
Non
- Est-ce qu'il y a des critères à regarder précisément chez l'étalon, ou est ce que ce n'est qu'une question d'appréciation personnelle?
Beaucoup d’appréciation personnelle et prendre en compte la jument. Les mêmes critères que pour la jument peuvent être appliqué.
Ne pas chercher à combler tous les défauts de la jument mais plutôt à accentuer les qualités.

Pour la saillie:
- Quel type de saillie est possible? Et quels sont leurs avantages et inconvénients?
Saillie en monte libre : mise avec l’étalon, meilleures chances d’avoir un poulain, choix de l’étalon limité, risques de blessures. Il faut amener la jument à l’étalon ce qui est aussi un facteur de choix de l’étalon selon la distance.
Saillie en monte en main : juste derrière la monte libre en terme de chance d’avoir un poulain, risque de blessure plus faible, besoin de faire un minimum attention à l’étalonnier pour une bonne gestion de la jument (et de l’étalon).
Les inséminations artificielles, suivi écho pour choisir le bon moment pour inséminer:
- en frais : il faut amener la jument sur le lieu de stationnement de l’étalon, encore une fois ça peut jouer sur les critères de choix de l’étalon, normalement plus fertiles que les autres types d’insémination
- en réfrigéré (transporté): pour permettre d’utiliser un étalon qui n’est pas dans le centre d’insémination de la jument. Contrainte de pouvoir se faire livrer dans les temps.
- en congelé : semence congelé, dans l’idée la moins fertile. Possibilité de stocker les doses et de les avoir à disposition au bon moment. Choix d’étalon assez large.
La fertilité dépend aussi de l’étalon. Il y a aussi des techniques plus poussées comme l’ICSI.

- Quelles sont les modalités concrètes: jument sur place, jument à déplacer, prise en charge véto?
Dans tous les cas un suivi échographique va être conseillé. Il sera obligatoire pour les inséminations, il est possible de faire sans pour les saillies en monte libre ou en monte en main. Mais il sera généralement demandé des tests sanitaires pour ces types de saillie donc là aussi un véto sera nécessaire. Le suivi va permettre de voir si il y a bien une gestation, limiter les risques de gestation gémellaire, suivi des chaleurs… et si il n’y a pas de gestation ça peut donner des explications sur pourquoi.

- Y a t-il des centres spécialisés?
Oui, centres d’insémination, étalonnier, haras, des cliniques vétos peuvent aussi proposer le suivi

Pour la gestation:
- Comment la confirme-t-on?
Par échographie c’est le moyen le plus fiable mais à réaliser aux bons moments. À partir de 12 jours avec certains vétos, on peut facilement confirmer jusqu’à 45 jours il me semble, après ça peut être un peu plus compliqué.
Possible de faire une prise de sang mais peu précis et il me semble que ça peut rester positif quelques temps même si la jument a coulé.
J’ai vu passer à l’occasion des personnes qui avaient fait des tests urinaires mais j’ai pas de recul à faire dessus.

- Quelle est sa durée pour une jument?
C’est variable… On parle de début de terme à 320j car on considère que le poulain est viable à ce stade là. Généralement on considère que c’est plutôt 11 mois, 11 mois et 10 jours. Mais il arrive plus ou moins régulièrement que les gestations se prolongent sans nécessairement avoir de difficulté à la mise bas. Ma jument a fait 367j pour son premier, elle est à 350j pour le deuxième et clairement c’est pas pour tout de suite.

- Quel est le suivi? (échographies, clinique, passage véto, surveillance)
Le suivi n’est généralement pas aussi poussé que pour une femme enceinte. En début de gestation pour confirmer la gestation (15-30-45j), certains vétos proposent de sexer le poulain je crois que ça se fait autour des 90j, pas obligatoire et pas toujours possible selon la position du poulain. Surveiller l’état général et s’inquiéter si la jument se prépare tôt pour le poulinage car ça peut être signe de placentite par exemple.

- Tous les vétérinaires sont-ils capables d'en assurer le suivi, ou est ce que cela requiert des vétos spécialistes?
Non tous les vétos ne savent pas faire…

Et je verrai pour la fin plus tard ^^’

leorion

Waouw c'est inespéré comme réponse complète! Et surtout venant d'une vétérinaire éleveuse.. quelle chance! Merci beaucoup de ta réponse ultra détaillée.. et d'en avoir sacrifié la température de ton déjeuner

Je vais de ce pas compléter le post avec tes réponses.

Je mesure bien, à chacune de tes réponses, la complexité d'un poulinage.
Je n'en doutais pas, mais cela confirme bien le sérieux et l'encadrement que nous autres, amateurs, avons besoin..
Quel taf les éleveurs!! Bravo !

Les grands drapeaux rouges que je retiens particulièrement:
- un budget conséquent (et c'est bien normal, pas le moment de radiner)
- encadrement ++ du début à la fin par son véto équin
- nécessité obligatoire de pouvoir déplacer sa jument
- insémination artificielle = solution la plus "pratique" pour les étalons loin géographiquement
- pension poulinage obligatoire pour un amateur (tu m'as fait trop peur avec tes histoires de dystocie ou de décollement placentaire)

unecavaliere Merci à toi aussi d'avoir pris le temps de me répondre!!
C'est vachement complet, mille merci !
Je vais pouvoir enrichir le post avec tes réponses!

Es-tu aussi du métier ou est ce que tu es amatrice en terme de repro?
Si tu es amatrice, c'est génial d'avoir ton point de vue et ton expérience du coup!

Tu as fait pouliner toi même ? Comment ça s'est passé pour toi?

leorion merci, je n'ai aucune ambition de faire reproduire (j'ai deux hongres alors meme avec beaucoup d'ambition ...) mais j'ai prit beaucoup de plaisir à te lire et a en apprendre sur le sujet.

lenas Amatrice! J’ai une jument que j’ai mis à la reproduction une première fois en 2015, poulinage en 2016 et dont j’attends actuellement le ou la deuxième.
Je me suis lancée en suivant ma coach qui mettait deux juments à la saillie cette année là.

Et du coup pour le poulinage, elle reste en pension au même endroit car mes loulous sont en pension dans un haras, avec facilement une dizaine de naissance par an.
Le premier poulinage s’est super bien passé, je l’ai juste attendu longtemps et elle a pouliné en plein milieu de la journée. Les pros étaient là, ils ont tout géré sur les parties « techniques » si on peut dire.
Avec le recul je me rends compte que je m’étais lancée dans cette aventure pas complètement préparée mais j’étais entourée.

Je pense que leorion a fait une super réponse pour les dernières questions, je n’ai rien à ajouter!