Ma jument, comme une évidence (récit proprio)

Bonsoir,
Si je fais ce post c'est premièrement dans une envie de partage et secondement dans l'espoir de pourvoir rassurer ceux qui seraient confronté aux mêmes doutes que ceux auxquels j'ai pu avoir affaire. Il s'agit avant tout d'un retour et d'un constat personnel, il faut donc garder en tête malgré tout que chaque cas est différent. Néanmoins, si cela peut en aider certains voici notre histoire. Du commencement à aujourd'hui...

Tout d'abord, je me dois de placer le contexte :
Cavalière depuis l'aube de mes 4 petites années, je rêve d'avoir un jour mon cheval.
J'ai la chance, pendant presque sept ans, de côtoyer une jument fantastique qui m'apprendra énormément (de galop 3 à galop 7) et que j'aurai en demi-pension. Nous pratiquions un grand nombre de disciplines avec une préférence nette pour le TREC, le dressage, l'extérieur et le TAP. Cette jument me fit toucher les nuages et me permis d'effleurer mes rêves du bout des doigts. Malheureusement dans la vie rien n'est éternel et le bonheur est souvent péremptoire.
Après ces belles et longues années passées avec elle, j'ai du me résoudre à déménager à, précisément, 680 km d'elle. Ce fut une déchirure. Cette jument était devenue le centre de mon existence au fil des années et je m'étais aperçu que sans elle, et d'une manière générale sans les chevaux, je ne vivais plus.

J'avais la chance, dans le cadre de ma formation, de pouvoir côtoyer de nombreux chevaux mais ce n'était pas pareil… Le lien ne pouvait pas se tisser… Je n'y arrivais pas et le contexte faisant, je n'aurais pas pu. Il n'en reste pas moins que j'ai pris soin d'eux comme s'ils étaient les miens. J'ai aimé passer du temps avec eux mais je ne retrouvais pas cette relation que j'avais pu avoir avec cette petite jument par le passé.

Je me suis donc mise en quête d'un loulou à prendre en demi-pension et après quelques essais, j'ai trouvé la perle rare : Un lusitanien de 9 ans beau comme un dieu, gentil comme un doudou et très marrant. Un vrai charmeur ! Pour couronner le tout, sa propriétaire est devenue une de mes belles rencontres : le genre de personnes qui vous inspire à devenir quelqu'un de meilleur chaque jour un peu plus, qui est toujours là quand vous avez besoin, qui vous partage ses bons plans et ses belles découvertes, et avec qui vous partagez une philosophie commune du cheval et de l'équitation. En bref : la proprio de rêve !

Cependant, après quelques temps passés avec ce loulou, j'ai mis les choses au clair dans mon cœur et dans ma tête : je ne voulais plus revivre le genre de séparation déchirante que j'avais vécu avec la miss et j'avais le sentiment que je ne m'autorisais pas à aimer autant que j'aurais pu ce beau loulou, sans doute par crainte de cela.

C'est donc après une longue, très longue réflexion, une étude approfondie de mon budget et de mes comptes, qu'avec la femme qui compte le plus à mes yeux et à qui je dois tout et plus encore(pour ceux qui n'auraient pas compris : ma maman), nous nous sommes mis en quête de mon loulou ou ma louloute.

Je recherchais un cheval polyvalent pour toucher un peu à toutes les disciplines, continuer à progresser et m'éclater dans celle qui me fait le plus vibrer : le TREC.
Dans ma tête, je partais plutôt sur des réformés ou des chevaux ONC, non pas dans un soucis de budget (même si évidemment cela compte un peu haha) mais plus parce que je n'avais pas d'objectifs de compétition à haut niveau dans des disciplines obligeant à avoir des chevaux OC ou PP, avec des physiques et des races préférentiels.
Mon budget s'élevait pour l'achat de ce cheval, en dehors de la visite vétérinaire, à 4000 euros. Ce qui, je trouve, est un budget correct au vu de ma recherche.

Je rencontre donc une petite jument palomino avec qui tout colle. Elle est douce mais énergique. Elle me plait beaucoup, vraiment beaucoup, mais je ne ressens pas ce truc qui me dit "c'est elle". Je décide donc retourner la voir après avoir essayer d'autres chevaux.

Il se trouve qu'elle est vendue entre temps. Je me dis que c'est sûrement un coup du destin : ce n'était pas elle.

Je contacte donc une petite écurie qui réforme principalement des purs sangs anglais. La dame avec qui j'ai contact est incroyablement gentille (Bon ok je vois des gens gentils partout mais là c'était vraiment le cas) et cible parfaitement ma recherche. Elle me propose de venir rencontrer une petite jument qui pourrait correspondre mais me prévient que je ne pourrais pas forcément l'essayer car il faut déjà que le feeling passe à pieds. C'est une démarche qui correspond complètement à mon état d'esprit et ma vision des choses.
Je rencontre donc une jument d'une gentillesse et d'une sensibilité incroyable. Je suis conquise, elle me plait énormément. Le feeling passe très bien à pieds et la dame me propose donc de l'essayer monté. La jument est une perle ! J'adore ! Cependant, elle est extrêmement sensible et je suis quelqu'un d'assez anxieux d'une manière générale : j'ai peur que ce soit difficile au quotidien. Je réfléchis donc et reviens la voir. Elle me plait toujours mais j'ai besoin de voir d'autres chevaux pour en avoir le cœur net.

Ne trouvant pas réellement ce que je recherche dans mon secteur sur les petites annonces, je décide donc de poster un message sur les groupes Facebook de ma région.
Je suis donc contacté par plusieurs personnes sérieuses (c'est important de le préciser) et prévois plusieurs rencontres et essais.

Je dois donc rencontrer une demi-sang arabe de 12 ans dont j'ai vu quelques vidéos et qui ne m'emballe pourtant pas plus que ça, mais bon je me dis qu'on verra bien en vrai ; un pur sang arabe de 4 ans débourré il y a peu mais déjà un peu avancé dans le travail, 3 typés Ibériques ONC, et une pur sang arabe grise dont je ne sais pas plus que sa robe et son âge.

Il est à noter que je n'avais aucune intention d'acheter spécifiquement un arabe ou un DSA et que ce sont les propositions que l'on m'a faite qui m'ont menée sur cette voie.

Je dois donc aller voir la jument DSA Alezane à 13h30 et l'arabe de 4 ans à 17h30-18h à un autre endroit (environ 1h de route).

La veille du rendez vous, l'éleveuse de la demi-sang alezane m'envoi un message pour avoir confirmation du rendez vous et me dit qu'elle aurait potentiellement une autre jument à me présenter mais ne me donne pas plus d'informations. Bon soit, allons y... Ce qui est fou c'est que j'y vais presque à reculons car j'ai le pressentiment qu'avec l'alezane ça ne collera pas…
Mais bon je me suis engagée vis à vis de ses éleveurs, et en dehors de l'essence et un casse croute, ça ne coûte rien alors j'y vais. Arrivé sur place, je me gare mais je ne vois pas la jument alezane dans les paddocks...
Je ne vois pas la jument alezane mais un petit cheval bai (qui est en fait une jument mais je ne le sais pas à ce moment là). L'éleveuse vient à ma rencontre et me présente la DSA. Elle me plait effectivement plus en vrai qu'en vidéo. Elle a un vrai regard de gentille.
On discute un moment puis on décide de passer à l'essai. Au pansage et à la préparation, c'est une vraie image (c'est important pour la suite).
Vient le moment de monter, la jument a du sang mais c'est contrôlable. J'ai droit à quelques petits démarrage un peu rapide et excès de "joie" mais la jument est très mignonne, d'autant qu'elle revenait d'un certains temps passé à paitre sur le Larzac avec sa copine.
Je n'ai cependant pas le coup de cœur.

L'éleveuse me propose alors de me présenter l'autre jument dont elle m'avait parlé la veille. Elle me prévient néanmoins qu'elle est un peu au dessus de mon budget initial étant donnée que c'est une Pur sang arabe d'endurance Plein Papier.

En ramenant l'autre jument au paddock, la fille de l'éleveuse me dresse son portrait :
elle a 8 ans, a été confiée en endurance, tire au renard, et peut parfois être un peu délicate. Elle revient également du Larzac.
Elles me proposent dans un premier temps de me la présenter en liberté, ce que j'accepte. Je vais donc chercher la jument dans son parc. Elle fait mine de faire demi tour puis vient finalement vers moi.

Au pansage, elle est très calme. On ne l'a pas attachée mais la longe est passée dans l'anneau et elle ne bouge pas d'un pouce. Vient le moment de mettre le filet : elle recule un peu mais avec beaucoup de douceur elle fini par prendre le mors sans soucis. Et là je me souviens d'avoir eu cette réflexion, pour une raison que j'ignore : "Bon déjà un point à travailler..."

Je l'essaye monté dans le parc qui fait office de carrière et là c'est la révélation. C'est elle, j'en suis persuadée. Je demande à l'éleveuse si je peux aller faire un petit tour en extérieur et elle m'autorise à aller faire le tour du pré à côté. Ayant eu les inondations récemment, le pré se trouvait parsemé de déchets et matériaux en tous genres. La jument regardait, réfléchissais puis c'était parti. Elle m'a impressionnée par son sang froid lorsqu'elle à posé le pied sur un paquet de gruyère XXL et n'a même pas sourcillé.

C'était elle. En partant de chez ses éleveurs, j'ai immédiatement appelé ma maman afin qu'elle vienne la rencontrer, elle aussi, lors du deuxième essais.

J'ai tout de même honoré mon rendez-vous d'après par respect mais je n'ai pas eu le coup de cœur, outre le monsieur qui me mettait un peu mal à l'aise... Le loustic était adorable. Un cheval parfait : gentil, éduqué, sensible mais pondéré. Mais ce n'était pas lui...

J'ai annulé mes rendez-vous des semaines suivantes.

Lors du deuxième essais de celle qui deviendra alors ma chère et tendre, son éleveurs était présent et ma mère également. Ma maman, qui pourtant a une trouille bleu des chevaux et se fait dessus à chaque mouvement un peu inattendu de leur part, est tombée sous le charme de ma belle même si celle ci nous a montré son coté plus "délicat"

Son éleveur m'a emmené faire une vraie sortie en extérieure et là ce ne fut que la confirmation : nous sommes passé en dessous puis au dessus de l'autoroute , avons croisé des ânes, des remorques bruyantes et autres choses inhabituelles et en dehors d'avoir légèrement serré les fesses (comme on dit chez nous), ma douce a été irréprochable.

Aucun doute : c'était elle. Nous avons quand même fait une visite véto pour voir si toutes les étoiles étaient alignées et ce fut le cas.

Quelques semaines après, elle débarquait dans sa nouvelle pension. Un petit élevage privé où nous avons pu commencé à nous découvrir.

J'ai beaucoup douté. Enormément. A tel point qu'un jour j'ai même songé à la ramener à son éleveur... Elle ne voulait plus sortir du parc, ne voulait plus aller en balade, se cabrait... Bon le fait qu'elle tire au renard, j'en avais fait mon affaire et petit à petit tout est rentré dans l'ordre, et c'est peut être d'ailleurs ce qui m'a conforté dans le fait de la garder.
Elle ne faisait pas les choses sans raisons : à moi de trouver la raison à ces comportements...

Elle était pieds nus et je pensais la garder pieds nus... Mais c'est sans compter sur les terrains de notre région : cailloux, roches, graviers, ... Et ce même dans les parcs.
J'ai donc pris la décision de la faire ferrer et ai par la même occasion rencontré un super maréchal, conseillé par la gérante de la pension (gros bisous si tu passes par là).

Nous nous sommes découvertes petit à petit. La pension où nous étions n'avait pas de carrière, nous passions donc énormément de temps à pieds et en balade. Cela nous a permis de nous ouvrir l'une à l'autre et j'ai pu découvrir une jument très sensible sous ses airs un peu impassibles et surtout d'une grande bienveillance. En liberté, il lui est arrivé de se cabrer ou d'envoyer les postérieurs, mais jamais dans ma direction et il suffisait d'un "non" ferme pour qu'elle arrête. Fascinante !

Mes objectifs personnels et sportifs avec elle ont fait que j'ai décidé de déménager de pension afin d'avoir une carrière pour pouvoir travailler. Mais hors de question d'aller n'importe où... J'ai cherché un temps puis, une amie m'a fait découvrir le centre équestre où elle avait sa demi-pension.
C'était tout ce que je recherchais : grand parc collectif avec foin à volonté, une carrière, des trécistes ( et oui quand même c'est hyper important), et surtout de belles rencontres.
(Et cerise sur le cake, c'était dans un endroit où j'étais déjà partie randonner à pieds et du quel j'étais tombé sous le charme...)

Avec du recul, je m'aperçois que ma jument m'a permis de faire uniquement de belles rencontres ! C'est fou !

Aujourd'hui, je m'aperçois que nous avons bien avancé en peu de temps ensemble et que depuis qu'elle est dans ma vie, celle ci s'est transformée. J'aurais toujours une place pour ma petite demi-pension, elle restera elle aussi la jument de ma vie.
Mais ma jument c'est encore autre chose. C'est plus fort ! C'était inattendu et ça sonne comme une évidence.

Et si je vous écris ce pavé (et j'en suis désolée, j'ai pourtant essayé de le raccourcir), c'est bien pour cela :

Acheter un cheval peut parfois s'avérer plus compliqué que prévu. On est parsemé de doutes, on revoit nos budgets, on réfléchit sans cesses.
Parfois on y va un peu à contrecœur pour finalement faire LA rencontre qui bousculera notre vie. On écoute son instinct et finalement le destin... Il arrive qu'on pleure parce que toutes les relations ne sont pas forcément rose au début mais toutes les histoires en valent la peine.

En conclusion :
- Parfois l'imprévu sonne comme une évidence.
- Votre instinct a toujours raison.
- Si "les astres ne s'alignent pas", c'est que votre perle rare est ailleurs.
- Les rencontres que l'on peut faire grâce à nos chevaux sont d'une valeurs inestimables.
- Vous devrez peut être chercher loin et longtemps.
- Y croire et ne jamais abandonner est primordiale.

Je vous remercie grandement, pour ceux qui auront eu la foi de lire tout cela, et je reste disponible et ouverte pour tous échanges. Je sais que mon post est un peu incongru mais n'hésitez pas :)
Vous pouvez même raconter vos histoires et ce que cela vous a apporté ;)