Il y a des chutes qui marquent fort, à tel point que, sur le moment, on se demande comment on pourra remonter comme avant.
Je vais me permettre de partager une expérience. Comme tout bon cavalier, je suis tombée bien des fois, mais il y a deux ans, j'ai fait la chute la plus violente de ma vie de cavalière. J'avais une jeune jument, au début de son travail, qui avait tendance à se braquer fort et se dresser sur ses postérieurs pour peu qu'on avait une main trop ferme ou qu'on était trop demandeur. Un simple doublé au trot, je demandais à la jument de se rassembler un peu mais j'ai été trop gourmande : sans que je ne m'y attende, elle s'est cabrée et je me suis retrouvée accrochée à sa bouche l'espace d'une seconde, le temps de réaliser. C'est allé très vite, mais je me souviens m'être dit de lâcher les rênes. C'est évidemment ce que j'ai fait et je me suis écrasée à plat sur le dos, bien parallèlement au sol... La bonne crêpe !
Heureusement, la jument a réussi à retomber sur ses pieds je ne sais comment, même si c'est pas passé loin. Sur le moment, j'ai cru que je m'étais pété les côtes ou une vertèbre, au moins un truc. Je me souviens que je hurlais, pas par peur mais parce que je n'arrivais pas à respirer, et c'était le seul moyen d'avoir de l'air (pas vraiment en fait). C'était un réflexe. J'arrêtais pas de crier, je devais avoir l'air de quelque chose.
Par miracle, je n'ai rien eu de cassé, malgré la douleur persistant un certain temps. Mais je me suis retrouvée avec un problème : j'étais paralysée dès que poney bougeait un peu. Je me sentais franchement idiote. Ma mono m'avait mis des chevaux plus cool, des assurances vie, mais rien n'y faisait, un petit mouvement pouvait me faire partir en angoisse totale (faut dire que j'étais pas non plus dans la meilleure passe de ma vie lol) avec les manifestations physiques qui vont avec.
Ça a duré très longtemps comme ça. J'ai mis un an et demi au moins pour retrouver un minimum d'assurance et ne pas éclater en sanglots dès que le cheval tentait un truc (ou même quand il tentait rien de spécial lol). Certains trouveront peut-être ça abusé, mais parfois un événement se produit, on est déjà pas au top dans sa vie et juste comme ça, on perd confiance, on se remet en question. Je pense que beaucoup de cavaliers sont passés par là et que mon histoire ressemble sûrement à celle de bien d'autres.
Ce n'est que depuis récemment que les choses se sont améliorées (et je suis tombée deux fois depuis lol y compris sur la tête). En fait, le temps, c'est le principal facteur : prendre le temps de se refaire confiance, reprendre avec des poneys sympas pour réévoluer avec un partenaire sûr, pour se consolider. Réapprendre à être serein. Accepter aussi qu'on a peur et qu'on travaille sur soi, pour dépasser cette peur. Ne jamais penser qu'on exagère et se focaliser sur le mieux qu'on recherche.
Il y a aussi l'accompagnement : ma prof a été géniale et hyper à l'écoute. Elle m'a bien expliqué que cette chute et le traumatisme qui en découlait ne faisaient pas de moi une cavalière nulle

ça peut paraître bête, mais je me trouvais tellement nulle. Parles-en à ton enseignant, et autour de toi, à des gens de confiance. Etre rassurée par quelqu'un quand ta peur, par définition irrationnelle, prend le pas, ça fait du bien. Parfois, on a besoin de cette petite voix raisonnable.
Aussi, c'est une bonne idée d'avoir investi dans un air bag. Après ma chute, j'ai acheté une dorsale. Ce n'est pas aussi protecteur qu'un air bag, mais psychologiquement, ça faisait une différence. Minime certes, mais c'est toujours bon à prendre.
Donc accompagnement, bienveillance de toi à toi, mettre en place des mécanismes qui rassurent et surtout le TEMPS. On est beaucoup à avoir bouffé du sable, mais je crois qu'on est presque tous restés mordus de chevaux...
