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Méthode d'Orgeix
Posté le 16/02/2010 à 18h13
Chers amis,
A une personne qui me posait récemment la question: mais non d'une pipe on peut tout de même bien monter à cheval sans pour autant appliquer la méthode d'Orgeix ? Je lui ai faite la réponse suivante: Bien entendu ! Mais à condition toutefois d'appliquer les principes de monte que Jean d'Orgeix a toujours défendus. Prenons un seul exemple:
L'un des principes fondamentaux de Jean d'Orgeix est la décontraction du cheval (et par voie de conséquence du cavalier), préalable a toute équitation de qualité. L'un des piliers incontournable dit-il.
Jean d'Orgeix souligne qu'un appui sur le mors même léger, avec une tension continue des rênes du cavalier, même minime, entraine systématiquement une contraction des muscles de l'encolure du cheval et de toute la ligne de dessus. Or ceci est un fait absolument incontestable mécaniquement parlant, le cheval étant obligé d'annuler la tension exercée sur sa bouche par une contraction de son encolure. Et si cette contraction même légère existe, elle empire généralement sur une action de main du cavalier (phénomène d'action-réaction), entrainant alors un blocage de toute la ligne dorsale.
Fort de cette constatation, Jean d'Orgeix nous conseille alors loqiquement, pour conserver un cheval pleinement décontracté qui pourra ainsi préserver toute son expression musculaire, de monter avec un infime contact, le cavalier dialoguant en permanence avec son cheval grâce à une machoire toujours mobile. L'enseignement de Jean d'Orgeix va donc, à travers la méthode qu'il propose, nous indiquer, à partir de son expérience de cavalier et de coach de très haut niveau, l'esprit dans lequel il faut travailler et les aides optimales à utiliser pour précisemment favoriser cette légèreté. La tenue des rênes permettant de travailler en actions dites "indirectes" me semble un élément fondamental pour accéder à la fluidité nécessaire des rênes pour éviter toute contraction de son cheval.
Par ailleurs, quel enseignant oserait prétendre qu'il faut monter avec un cheval "contracté"? Aucun, bien entendu ! Et pourtant nombre d'entre eux vont demander leurs élèves d'établir un "bon" appui avec la bouche de leurs chevaux afin de pouvoir mieux les contôler et surtout de les "tendre" sur la main. En réalité cette tension continue des rênes va irrémédiablement engendrer la contraction du cheval et, le frein à main étant ainsi serré en permanence, une disparition partielle de l'impulsion. Pour y remédier, le cavalier va devoir utiliser davantage ses jambes, facteur supplémentaire de contraction du cheval. Le cercle vicieux est ainsi entamé (expérience vécue !!!). De plus cette tension continue préalable des rênes va inciter le cavalier à tirer lors d'une action de rênes.
Il existe donc une contradiction flagrante chez un enseignant qui d'un côté, prône la décontraction du cheval et, de l'autre, conseille de tendre les chevaux en préconisant un appui sur la main, sans d'ailleurs expliquer pourquoi. Simple intuition probablement !
Or quand on évoque la "méthode d'Orgeix", beaucoup s'imaginent, en particulier ses détracteurs, que cette méthode résulte des réflexions complexes d'un personnage original, un gourou qui aurait élaboré des techniques qui lui sont particulières, et ceci en marge de l'enseignement officiel.
En fait, la réalité est exactement à l'opposé. Je ne connais pas d'homme plus cartésien que Jean d'Orgeix. Tous les principes qu'il préconise résultent de la longue réflexion d'un homme qui possédait une intelligence analytique hors du commun. Cavalier et coach d'exception, il n'a eu ensuite de cesse que d'observer les meilleurs cavaliers mondiaux afin d'analyser les principes qui les faisaient gagner. Son immense culture équestre, allié à son esprit d'analyse et de synthèse, lui a permis de mettre en évidence toutes les incohérences qui pouvaient exister au sein de certaines doctrines élaborées par de vulgaires technocrates. Si il existe une équitation rationnelle qui s'appuie sur des principes murement réfléchis et dument éprouvés à haut niveau, c'est bien celle de Jean d'Orgeix. C'est précisemment la raison pour laquelle son équitation, non seulement n'est pas dépassée comme l'annonent quelques tristes détracteurs mais, au contraire, possède au contraire quelques dizaines d'années d'avance. Comme j'ai d'ailleurs eu l'occasion de le souligner, ce n'est pas par hasard si nous retrouvons tous les principes fondamentaux de Jean d'Orgeix dans la monte des meilleurs cavaliers internationaux d'obstacle actuels.
De plus, quand il suggère qu'il faut s'adresser au cerveau du cheval (être qu'il considère comme doté d'une certaine faculté d'analyse et de compréhension), en faisant comprendre au cheval ce qu'on attend de lui au lieu de lui faire faire des exercices grâce à des aides coercitives, je considère que l'équitation, grâce à ce grand personnage, prend véritablement une autre dimension. Il ne s'est pas contenté, comme la plupart des cavaliers contemporains, d'appliquer avec plus ou moins de bonheur, une équitation quelque peu figée. Il a même contribué à la faire évoluer, ce qui est rarissime.
Il est par ailleurs très révélateur de constater que, parmi tous les détracteurs de Jean d'Orgeix que j'ai pu rencontrer, aucun, sans aucune exception n'a été capable de me décrire précisemment les principes de sa doctrine ou de sa méthode (par exemple m'expliquer le principe de l'action indirecte ou de l'adaptation de l'équilibrage du cheval à l'angle de trajectoire). En fait, ces cavaliers probablement dépourvus de la culture et du tact équestre nécessaires pour pouvoir comprendre cette équitation, se réfèrent à une grossière caricature de ce qu'ils croient être l'équitation de Jean d'Orgeix, caricature qui n'a en réalité strictement rien à voir avec les principes de base que Jean d'Orgeix a enseignés toute sa vie. Je suis pour ma part convaincu que le niveau d'excellence atteint par Jean d'Orgeix a créé un décalage avec l'intelingentia équestre officielle quelque peu sclérosée. Il a incontestablement rempli d'effroi les gardiens du temple drapés dans leurs certitudes et leur manuel officiel.
Il est d'ailleurs très révélateur de constater qu'aucun des détracteurs de Jean d'Orgeix (instance officielle ou non), n'a osé l'affronter directement, à partir d'arguments techniques contradictoires, pour s'opposer aux thèses développées dans ses ouvrages.
Tout cela pour vous dire Phoenix13 que vous avez incontestablement fait le bon choix. Et avec Soffad vous possédez une aide précieuse que vous pouvez interroger sans modération!