Votre avis sur une lettre d'adieu
Posté le 07/11/2011 à 21h29
Bonsoir,
Je viens de finir une lettre que j'ai rédigé pour le gérant du centre équestre que je quitte. Il y a eu beaucoup de "bas" ces derniers temps mais je ne veux pas qu'il retienne ça et c'est pourquoi je ne lui en parlerai pas car il vit une période difficile dans sa vie privée ; je pars. Et je ne suis pas là pour faire de la pub de façon négative alors dans cette lettre j'essaye de ressortir tout le positif... Je me suis mise à pleurer sur la fin car je suis sentimentale, mais j'aurai voulu votre avis, même si c'est un peu "perso". Il y a sans doute des fautes : lorsque j'écris beaucoup, je fais des lapsus, des fautes de frappe..etc
Merci à ceux qui liront et me donneront leur avis :
NOM DU GERANT,
Je ne sais pas si tu t’en doutes, mais toujours est-il que c’est la vérité : il n’y a rien de négatif dans ce qui suit. Il m’est souvent reproché – à juste titre – de ne pas dire les choses, mais cette fois, je crois que c’est important que tu le saches. Aux NOM DU CLUB j’ai eu des hauts, des bas, des moments froids comme des moments géniaux, des jours où je pouvais rester des heures et d’autres je ne faisais que passer en coups de vent mais ce que j’en tire, ce sont sans doute les plus grandes leçons d’équitation et d’humanité. Chaque centre équestre est ce qu’il est, chacun ses ambitions et sa clientèle, c’est pour ça que je ne vais pas jeter la pierre à Aix, loin de là, même si en sortant de là bas je n’avais plus franchement envie de sauter ni même de faire du plat. Premier cours, Benoît. Je me suis demandée très honnêtement ce que je faisais là, mais aussi comment un moniteur pouvait se marrer autant tout en nous faisant de la mise en selle ; à partir de ce jour-là, c’était décidé : je restais. De fil en aiguille je me suis retrouvée avec Carole en stage et autant dire que je lui en ai voulu : Carole avait cette fâcheuse tendance à m’enlever mes étriers à chaque cours alors que j’étais morte de trouille à l’idée de me casser la figure. Une entrée en matière avec Benoît, suivi de Carole, c’était quand même du lourd ! La deuxième randonnée de ma courte existence équestre aurait pu être un épisode de Koh-Lanta : voilà que je me retrouvais dans la boue, sous la pluie avec des gens que je ne connaissais pas (et je te revois encore me dire que je vais prendre Quiricou pour mieux m’intégrer aux autres !) ; et malgré ça je me suis éclatée même si nous sommes rentrés en camion et que la randonnée s’est transformée en balade dans les étangs de Crosagny !
NOM DU CLUB c’est aussi LE mythe qui devient réalité : aujourd’hui il n’y a plus aucun doute sur le fait que sans ce centre – et plus particulièrement toi après tout ! – je n’aurai jamais eu de demi-pension, et encore moi de cheval. Mes parents n’étaient ni pour, ni contre mais simplement indifférent à ces bêtes à quatre pieds qui pour eux sont des aspirateurs à argent… Et sans ça, j’aurai été capable d’arrêter l’équitation car pour moi, monter n’est qu’une infime partie de ce que j’appelle équitation. J’adore perdre mon temps à brosser un cheval, à le regarder, tout simplement à essayer d’avoir un lien avec ; or, faire du cheval en club ça se résume vite à brosser la bête en 20 min, seller en 10 min et poser ses fesses dessus pendant 1h… Je n’en fais pas une critique, avant ça ne me dérangeait pas vraiment mais disons que lorsqu’on veut aller « plus loin » il est difficile de prendre vraiment son temps avec un cheval qui n’est pas le nôtre sachant qu’il y a la contrainte des horaires de cours, sans compter qu’il n’est pas étonnant que le cheval soit pris avant ou après… (Aujourd’hui le rapport est disproportionné puisqu’il me faut bien 1h pour préparer mon cheval… sans compter le temps que j’y consacre aussi après l’avoir monté.) Donc si je reprends le fil à l’envers, sans NOM DU CLUB, je serai aujourd’hui une pauvre élève du supérieur assez morne et morte d’ennuie depuis longtemps ! Je suis maintenant la propriétaire la plus heureuse possible, toujours à la recherche d’un bon compris pour mon cheval entre ses envies et les miennes. Même si mes parents ne sont pas prêts de l’admettre, c’est peut-être la chose qui m’a fait le plus de bien ; sans ça je chercherai peut-être pas à faire des études difficiles, et je ne ferai pas de zèle au point de cumuler petits travaux et cours pour payer les frais qu’engendrent un cheval. Ca a été, et restera, une leçon sur une vie un peu plus « adulte » je suppose.
J’ai cumulé les centres équestres sans avoir vraiment accroché : Sevrier-Semnoz, La Cavale, Rampignon, Le Parc, Les pious, Aix les Bains… Au final chacun m’a apporté son petit truc : Les deux premiers m’ont appris à tenir en selle à peu près, à Rampignon (même si cela peut paraître invraisemblable maintenant) j’ai été passionné d’obstacles, faisant partie des cours compétition (si si !), Le Parc m’a bien fait comprendre que mon truc ce n’était pas de faire des tours de manège bêtement mais j’espérais tout de même un peu évoluer, idem pour les Pious car la randonnée tout au pas….c’est long ! Et Aix les Bains, j’ai compris que je n’étais pas faite pour un monde où seule la compétition est digne d’intérêt. Nous revoilà aux NOM DU CLUB, où j’ai découvert ce que ça faisait de faire du plat, puis du dressage. Je suis bien consciente qu’on ne sera peut-être jamais d’accord sur le débat cso/dressage, mais sache que je ne suis jamais aussi fière de mon cheval que lorsque j’obtiens quelque chose alors qu’au début Christophe m’a dit : t’en fera rien de ton machin ; et qu’à côté de ça il me mangeait des tournants à l’obstacle, s’arrêtait mal en plat, sans parler de l’incurvation, de déplacements ou de cadence régulièrement. A ce jour – sans même parler de concours – lorsque j’obtiens quelque chose de propre, ne serait-ce qu’un cercle bien rond, un arrêt net ou un départ au galop franc, je suis aux anges. Ca paraît peut-être bête mais c’est pourtant tout ce qu’il y a de plus… Alors en concours… ! Je suis heureuse lorsque je sors du carré, malgré toutes les imperfections, toutes les difficultés rencontrées… Je ne dis pas qu’en saut je ne peux pas me faire plaisir, mais je n’aurai jamais ce sentiment de plénitude, d’avoir réussi à vaincre une vieille manie, d’être passée au-delà de quelque chose qui au début pouvait paraître improbable. Le saut, c’est sympa, je suis contente d’en faire une fois tous les trente-six du mois… Mais ce n’est pas ça qui va me faire pleurer de joie, c’est certain.
Pour rien au monde j’échangerai mon cheval trois pieds et demi contre un crack de concours. Ca ne m’intéresse pas. Et ça je l’ai appris au club. C’est bien d’avoir un cheval avec des facilités, mais ce n’est rien comparé à la satisfaction de venir de loin. Un jour un homme m’a dit : de toute façon, n’espère pas trop faire ne serait-ce qu’une club 2 propre avec ton cheval. Je l’attends au tournant, car sans me dire qu’on est des champions, je sais qu’avec les temps nous pouvons tous les deux encore apprendre.
Enfin, pour employer des termes pseudo-scientifiques, je considère l’équitation comme une thérapie. Non pas dans un sens médicale, ou je ne sais quoi, mais plutôt pour cette capacité à se vider la tête à cheval, à ne penser à rien d’autre qu’au cheval en lui-même. Avant je savais faire abstraction des autres au club, du bruit, de la météo…de tout, mais je pense que c’était au fait que je n’avais pas grand-chose à décharger : si certains vivent mal leurs années de lycée pour moi ça a été un long calme plat pendant des années où j’ai pu à peu près attendre que le temps passe et penser plus à moi qu’à mes cours. Cette année, avec la prépa et tout ce que ça engendre comme stress, je n’arrive plus à trouver le calme au cheval. Je suis trop tendue pour parvenir à oublier les autres, et j’ai pourtant un réel besoin de décompresser, d’avoir ma bulle qui n’a rien à voir avec des cours de français tirés par les cheveux ou des examens en batterie… et c’est pour cette raison que je pars. J’apprécie beaucoup de gens, mais ils m’empêchent malgré eux d’oublier le reste de ma semaine, les jours à venir et tous les autres trucs qui rythment mon année scolaire. Je sais que la solitude n’est pas un remède et c’est pour ça que je ne pars pas non plus à l’autre bout du monde. J’ai simplement besoin d’air, et de pouvoir prendre une heure pour brosser chaque centimètre carré de mon cheval sans avoir quelqu’un qui brasse, qui joue dans l’écurie, qui passe ou me pose des questions sans cesse. Je sais que ma stabilité dans mes études dépend de ma capacité à décompresser, donc je préfère partir. Ca n’avance que d’un an mon départ puisque l’an prochain je serai certainement sur Grenoble, Lyon ou Paris…Mais ça ne m’empêchera pas de me souvenir NOM DU CLUB comme du club où j’ai beaucoup appris, où j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont donné ma chance, et où j’ai réalisé mon rêve d’enfant.
Merci pour tout, d’avoir pris le temps, de m’avoir donné cette chance et de m’avoir fais confiance. Le centre équestre parfait n’existe pas, soyons honnête, mais celui-ci est ce qui se rapprochait le plus de ce que je cherchais, et de ce que j’ai toujours aimé. Je me suis amusée, j’ai appris, et j’ai passé des bons moments. Merci NOM DU GERANT. Je te souhaite de recommencer à l’infini l’apprentissage que tu as fais sur moi, et surtout que ça te fasse plaisir !
Emilie.