Les premières minutes du cours défilent. Elles me semblent longues, peut-être trop d'ailleurs. Mon regard se perds à travers la salle, slalom entre les trousses et les cahiers, les têtes avachies sur les tables, joue à en croiser un autre, revient se poser sur le tableau noir sur lequel défilent équations et inéquations, théorèmes et solutions. Soudain, celui ci se perds au delà des murs, la fenêtre parvient à le captiver. Il se laisse absorber par les délicates feuilles du Chataigner à l'extérieur. Je me sens partir, m'éloigner, les chiffres dansent dans ma tête, s'évaporent, quittent peu à peu mon esprit laissant place à un monde de rêverie dont je n'ai pas réellement conscience. Je m'évade, mais personne ne le sait, personne ne me voit. J'ai fuis à travers d'immenses étendues de pensées perdues, de souvenirs, de questions en suspens que je soulève peu à peu que j'avance dans cet étrange univers de somnolence. J'y réfléchis, ça n'a pas de sens, mais je suis bien. J'en oublis presque que je ne suis qu'assoupie à travers cette galaxie de mots et d'images. Je me ballade librement, je vais par ici, par là, sans m'arrêter, passe d'un sujet à l'autre sans me soucier du précédent ou même du suivant. Je suis bien.
Ce n'est que lorsque mon nom retentit violemment que je reprends conscience et que je reviens à moi soudainement. Me revoilà cloisonnée entre quatre murs, à partager ce faible espace avec d'autres sans pouvoir y vagabonder librement...
C'est un truc comme ça que tu veux ?