Ce post a plus la volonté de démontrer que le parage ne se doit pas toujours d'obéir à des règles de base et/ou à des schémas types, mais doit réellement tenir compte du cheval.
Après avoir fait 7 maréchaux et pareurs naturels différents, après avoir galèré à trouver un professionnel sérieux et respectueux de la locomotion du cheval, après avoir laché l'affaire, et m'être occupé moi même des pieds de mes chevaux pendant un an (mal, certes, mais toujours moins mal que les pros avant moi), j'ai enfin
- trouvé un pro respectant l'intégrité du cheval
- trouvé un pro capable de m'expliquer la raison de ce que j'avais constaté sans savoir l'expliquer sur les pieds de Zizouille (ben ouais, j'suis pas maréchal...)
- trouvé un pro capable de prendre les postérieurs de mon arthrosée sans lui faire mal, donc sans se faire shooter
- ...
Le premier maréchal ferrant, qui l'a ferré pendant un an, lui a complètement renfermé le pied avec des fers trop petits, et mal posés, qui lui faisaient éclatés la corne dans tous les sens. Au bout d'un an, Zizouille avait des seimes lui remontant jusqu'à la couronne, il était devenu inferrable (les clous n'accrochaient plus, le fer partait en moins d'une semaine, etc).
Le premier pareur naturel (oui, cheval devenu inferrable, je me tourne vers la question du pied nu, c'était au point où il en était arrivé, la seule solution pour lui) : laissait de la marge en paroi, et laissait donc Zizouille (je n'avais que lui à l'époque) marcher sur sa paroi, ce qui n'arrangeait pas franchement ses seimes. Mon cheval marchait toujours sur des oeufs, avait toujours des seimes, mais son pied s'est élargit. Maigre victoire comparée à la souffrance de mon gros, au bout d'un an, j'ai craqué et cherché quelqu'un d'autre.
Le second pareur naturel a baissé un peu plus la paroi, pas encore au contact, mais les seimes ont put commencer à se résorber (un peu). Il a touché les talons (baissés aussi), mon cheval redevenu boiteux. Il a tenté de garder les talons hauts : cheval plus boiteux, qui revivait presque. Ok, on laisse les talons hauts, il souffre moins, mais incapable d'expliquer pourquoi.
Ensuite, un nouveau maréchal ferrant, Zizouille avait déménagé de pension, je ne pouvais donc pas garder son pareur. J'explique à ce nouveau pro qu'il ne faut pas qu'il touche les talons de mon cheval, sinon boiterie... Autant pisser dans un violon, j'aurais été prise plus au sérieux : cheval boiteux quand je retourne le voir le lendemain (ne pouvant être là le jour du maréchal, ce sont les propriétaires de la pension qui l'avaient présentés, moi ayant eu le maréchal au téléphone le matin). J'appelle donc le maréchal pour savoir ce qu'il a fait : "vous avez touché les talons ?" "j'ai fait mon travail" "Vous avez touché les talons, alors que je vous avais dit de lui garder de la longueur ?" "je connais mon travail mademoiselle, il faut baisser les talons, je suis maréchal moi" "Co**ard, mon cheval boite grâce à ta connerie, ca fait 3 ans que je pratique SES pieds à lui..."
Bref, cheval boiteux grâce à un co**ard incapable de prendre en compte ce que le proprio du cheval a constaté sur celui ci. Talons baissés et parois laissées longues, mon cheval a dégusté...
Nouveau pareur, cette fois ci appelé pour Zizouille et Lily (arthrose sévère des jarrets), son discours sur le parage spécial des chevaux arthrosé m'ayant séduite, il semble sérieux, pro, connaissant son sujet.
Résultat : Zizouille boiteux pendant 3 semaines après son intervention (encore un n'ayant pas voulu comprendre mon avertissement sur ses talons), Lily qui le shoote car ne supporte pas qu'il lui ramène les postérieurs à 1 m au dessus du sol : les jarrets font mal abrutis, et toi, tu les lui lèves haut, quand elle peut à peine les soulever seule... Je regrette qu'elle n'ait pas mieux visé...
Dernier essai avec un dernier olibrius dont je ne me souviens plus du titre, mais qui a donné le même résultat que les autres : on touche aux talons de Zizouille, on engueule Lily qui ne veut pas lever les postérieurs... Ok, merci au revoir, pas la peine de la finir, on en reste là.
Inutile de préciser bien sur qu'aucun de ces "professionnels" du pied du cheval n'a jamais demandé à voir marcher mes chevaux avant d'intervenir sur leurs pieds, donc aucune prise en compte de leur locomotion, particularité, etc. C'était j'arrive, je lève les pieds, je taille...
Et je n'ai appris que bien plus tard, bien trop tard, qu'un vrai pro se devait de vérifier la démarche du cheval avant de lui prendre le pied...
Je me suis occupée des pieds de mes gros pendant un an, seule. Sans baisser les talons de Zizouille, en laissant les postérieurs de Lily au ras du sol, et Zizouille ne boitait plus, Lily bottait moins, mais je n'étais pas contente malgré tout. Les seimes de Zizouille n'étaient plus graves, mais il en gardait encore. Et je me contentais vraiment de couper la longueur chez Lily, sans être capable de faire plus, d'équilibrer son pied, etc.
Puis on m'a recommandé mon maréchal actuel. Je me suis beaucoup tâtée, interrogée, questionnée, je me suis posée la question de savoir si je prenais de nouveau le risque de faire confiance à une nouvelle personne une dernière fois.
J'ai fini par le faire venir, la boule au ventre.
Et ce fut une révélation !
Lorsque je suis arrivée avec mon cheval en main, j'ai commencé à faire mine de lui tendre la longe : "non non, faites le marcher un peu avant tout, pour commencer" (je reconnais, ma mâchoire s'en est presque décrochée). je marche donc mon cheval, il me pose des questions sur son passé au niveau des pieds, des aplombs, etc, je lui parle de ses talons qu'on ne doit pas baisser, il le regarde marcher, tourner, et... m'explique qu'effectivement, mon cheval prend appui sur ses talons lorsqu'il tourne, et donc met ses tendons en tension plus qu'un autre. De ce fait, si on lui baisse les talons, lorsqu'il tourne, il fait se tendre ses tendons beaucoup trop que ce qu'ils sont capables de supporter, et se fait donc des sortes d'élongations à répétition dut à une surcharge de travail du tendon à cause de talons trop bas qui font trop s'étirer les tendons (mon explication est foireuse, la sienne était bien plus facile à piger, mais incapable de vous la reformuler telle qu'elle).
Avec lui, j'apprends donc la raison du constat que j'avais fait depuis 4 ans. Avec lui, j'apprends que s'il garde toujours des seimes, c'est parce qu'un cheval ne se parre pas en le laissant marcher sur sa paroi, qu'il doit avoir tout le pied en contact. Et effectivement, ses seimes disparaissent en 6 mois max, et ne sont plus jamais revenues.
Et il a su prendre les postérieurs de mon arthrosée sans se faire shooter, en lui laissant le pied à 10 cm du sol, pour un boulot propre et net.
J'adore mon maréchal ! (c'est un maréchal ferrant, pas un pareur naturel, et il a fait un meilleur boulot que tout ses prédécesseurs avant lui)
Et j'en arrive à la conclusion suivante : qu'importe l'école de maréchalerie, le courant de parage naturel, etc, dont le pro fait partie, il doit seulement être capable de remettre en cause ce qu'il a appris en fonction du cheval qu'on lui présente.
Et ceux là, j'ai l'impression qu'ils sont fichtrement rares...
