Bonjour Neodes,
Le travail en longues rênes est, comme dit précédemment, une façon de travailler un cheval autrement et à pied. Il convient à tous types de travail et de chevaux.
Il se pratique,en principe, et pour affiner ou faire la bouche d'un cheval, avec l'équipement suivant: le bridon et le mors de filet habituel du cheval ainsi qu'une paire de rênes. Un surfaix à anneaux. Une badine. Et bien sûr une paire de longues rênes de 6 à 8 m de long, le cuir étant plus cher mais plus souple au contact, la corde bon marché (et plus légère) mais tout à fait correcte pour un travail de base. Et on ne saurait trop conseiller les gants. Il est utile que le cheval obéisse déjà aux ordres de base à la voix et en longe.
Si vous n'avez jamais pratiqué cette forme de travail et votre cheval non-plus, il est préférable de se faire encadrer par un professionnel. Que ce soit un professeur de dressage compétent en la matière ou un meneur habitué à "mettre" les chevaux aux longues rênes. Cela vous évitera de nombreux dangers (cheval qui s'entable, qui se défend, se retourne, rênes façon "macramé', "ski-nautique", etc...) et de nombreuses erreurs pas toujours faciles à corriger.
Sachez enfin, que la longueur des rênes multiplie l'effet des actions de mains et qu'il vaut mieux avoir une main très légère et précise. Cela dit, le fait d'être à pied donne déjà une meilleure fixité.
Je vous décris dans les lignes suivantes une séance de travail type avec ma jument TF de 5 ans. L'objectif pour moi est de lui apprendre à s'équilibrer aux trois allures, affiner sa bouche, étendre la communication "verbale" et travailler les déplacements latéraux. Un travail de re-dressage et de basse école donc. Pour un travail plus avancé, je vous conseille le livre de Philippe Karl consacré aux longues rênes.
1: Préparation
Après le pansage de rigueur, on embouche le cheval. On pose le surfaix et son tapis/padd. Attention à bien le positionner, même place qu'une sangle, et à bien l'ajuster. On peut utiliser des protections de membres comme pour tout travail. Personnellement, je pose des guêtres aux antérieurs. Il peut être pratique de natter ou du moins nouer la queue, pour éviter qu'elle ne se prenne dans les rênes, surtout quand on débute soi-même dans cet exercice. On passe ensuite les rênes de filet dans l'anneau supérieur du surfaix.
2: Détente
En piste, on pose les longues rênes SANS UTILISER LES ANNEAUX DU SURFAIX dans un premier temps. La rêne extérieure part donc de l'anneau du mors, passe par dessus l'encolure (devant le surfaix donc) et revient dans la main interne du meneur. La rêne intérieure part de l'anneau intérieur du mors et arrive dans la main interne du meneur également mais CROISE la rêne externe. En bougeant l'auriculaire on agira donc sur la rêne externe et en bougeant l'index sur la rêne interne. Le flot des rênes sera tenu en 8 (comme une longe) dans la main externe avec la badine.
On commence donc comme pour un travail en longe classique par marcher en cercle. A cette allure, les problèmes de gestion des rênes sont limités. Profitez-en pour varier le diamètre de votre cercle et ajouter des "bouts" en ligne droite. Vous découvrirez ainsi comment gérer tout ce métrage de ficelle sans les emmêler, sans les perdre et sans les regarder. (Quelques séances mémorables pour moi, sous l'oeil rigolard de mon professeur avisé.)
Puis, on passe au trot. Les difficultés restent les mêmes.
Et ensuite au galop. Là, le principal souci est de suivre réellement la bouche du cheval, comme pour une séance montée, sans perdre le contact. Contact léger mais présent! Et sans offenser la bouche et l'allant de votre compagnon saboté.
Ensuite on change de main et on recommence. Bien sûr, on peut changer de main sans s'arrêter, aux trois allures, et sans déplacer son cercle... en inversant simplement la tenue des rênes. Vous serez tout de même heureuse, pour les premières fois, d'arrêter votre cheval et de prendre le temps de passer de l'autre côté.
Veillez à toujours rester à votre place. C'est-à-dire au niveau du surfaix. Sauf indication volontaire de votre part d'accélérer ou de ralentir en vous plaçant plus en arrière ou plus en avant. En effet, la gestuelle tient une grande place dans ce travail.
3: Travail
Pour le travail proprement dit, on passe les longues rênes dans les anneaux du surfaix à la hauteur adéquate suivant le niveau de dressage du cheval. Pour ma jument toute verte et ses défauts de trotteur entraîné, j'utilise les anneaux à hauteur de sa bouche. (Les plus neutres donc.)
Il existe DEUX façons de travailler aux longues rênes. En cercle à distance du cheval ou en 3/4 arrière. Pour ces deux variantes, on peut tenir les rênes comme à cheval. La rêne interne dans la main interne, la rêne externe dans la main externe. Le flot des rênes et la badine en plus dans la main externe. Au début... ça fait brouillon
Pour le travail en cercle, c'est à présent à vous de savoir ce que vous recherchez. Rassembler? Allonger? Incurver à l'intérieur et à l'extérieur? Travailler l'engagement du postérieur interne sous la masse? ... A vous de voir! Mais surtout, il faut savoir ce qu'on veut, comment l'obtenir et le reconnaître.
Pour le travail en 3/4 arrière, on se place au côté interne du cheval, au niveau de la cuisse ou un peu en arrière de la croupe et en veillant à rester de côté et non pile derrière!
On commence par marcher. Toujours en demandant à la voix et en utilisant la badine en dernier recours et sans violence. Les longues rênes sont un outil précieux pour le travail en légèreté... autant ne pas les transformer en "casse-cheval".
Au début, on se "contente" d'exécuter, dans un pas actif et régulier, toutes les figures de manège. De la plus simple à la plus compliquée. On en profite pour ajouter, par exemple, l'ordre "tourne" au vocabulaire de notre partenaire.
Ensuite, on peut tenter le trot voire le galop, suivant le niveau de rassembler du cheval. Inutile de dire que je ne pratique pas encore le galop de cette façon avec ma bête. Ici, la difficulté est de suivre le cheval et de maîtriser l'allure. C'est assez sportif en fait.
Puis, on peut entamer les déplacements latéraux, en commençant par de simples cessions. Si vous ne savez pas les exécuter en selle et que votre cheval ne les connaît pas... la case cours est indispensable! Si vous les connaissez tous les deux, pas de souci, les aides sont les mêmes... moins l'assiette et les jambes. Tout est dans l'attitude et la voix. Vous avez tout de même à votre disposition des longues rênes qui "encadrent" tout le corps de votre cheval et qui peuvent donc remplacer l'assiette. Si vous maîtrisez ces déplacements mais que le cheval que vous travaillez doit les apprendre, profitez d'un grand côté (et de son mur) du manège pour lui expliquer. Au début, une simple esquisse de mouvement doit être félicitée et récompensée. On travaille sur un grand côté. Et on laisse le cheval se "reposer" tout le reste du tour. Et on recommence. Attention, dès le début, il faut demander l'exercice aux deux mains. Veillez toutefois à ne pas blaser ou fatiguer excessivement votre cheval. Tout cela demande une grande concentration et des efforts musculaires et tendineux importants.
En fin de séance, on oublie pas de laisser le cheval s'étendre et de détacher les longues rênes.
4: Notes
Tout le travail que j'ai décrit ici ne saurait s'exécuter sur une séance, qui ne doit pas dépasser une grosse demi-heure pour un cheval débutant.
Pensez à RESPIRER! Un point de côté est vite arrivé!
Les longues rênes se pratiquent à tous niveaux et sont un excellent moyen de continuer à travailler sa monture quand on ne peut pas/plus la monter. (Grossesse par exemple.)
Mal utilisées cependant, gros dégâts sur la bouche et le mental à prévoir, comme pour tout le reste
Voilà. Post interminable mais, je l'espère, éclairant.
Bon dimanche!