Tout ce qu'il faut savoir sur les stéréotypies
Posté le 09/08/2013 à 15h44
Les tics ou stéréotypies chez le cheval
Les chevaux sont, parmi les animaux domestiques, ceux qui peuvent présenter le plus fréquemment et de manière la plus intense des troubles comportementaux étranges, caractérisés par l’exécution de mouvements répétitifs. Improprement appelés tics, ces mouvements ont conduit les hommes à imaginer les stratégies les plus insensées pour en venir à bout et les théories les plus fantaisistes pour les expliquer. Appelés « stéréotypies » par les éthologues, ces comportements anormaux sont une des hantises des cavaliers parce qu’ils sont aussi le signe d’un mal-être du cheval.
Qu’est ce qu’une stéréotypie ?
Une stéréotypie est un mouvement répétitif, sans fonction apparente, qui survient sans que l’on sache pourquoi. L’exécution de ce mouvement va déclencher au niveau cérébral la libération de substances qui vont procurer au cheval une sensation de plaisir et d’apaisement. Cette sensation positive entraîne un autorenforcement de la stéréotypie : le cheval va l’exécuter de plus en plus. Lorsqu’il se met à « tiquer », le cheval ne s’intéresse à rien d’autre, il faut alors une stimulation très forte pour qu’il s’arrête. De nombreuses études ont établi des liens fonctionnels entre anxiété et stéréotypies. La façon d’exprimer l’anxiété varie d’un individu à l’autre, probablement entre autres à causes de facteurs génétiques. Certains chevaux font des coliques, d’autres réagissent à la moindre stimulation, ou bien manifestent des attitudes agressives. L’anxiété exprimée par ces chevaux a plusieurs origines :
• La frustration (qui est certainement la cause la plus importante), c’est-à-dire l’impossibilité d’exécuter certains comportements indispensables à l’animal comme la recherche de nourriture, la sélection des aliments ou les interactions sociales ;
- Des méthodes d’entraînement inadaptées ;
- Des troubles de l’attachement maternel.
La prévalence des stéréotypies en fonction du type d’utilisation du cheval est mal connue. On sait que certaines races comme le Pur-sang arabe sont plus exposée (le Pur-sang anglais est également assez sensible mais les deux races sont fortement apparentées). Les chevaux de course, soumis très jeunes à un entraînement contraignant tandis qu’ils subissent une rupture brutale de l’attachement maternel, semblent également atteints : mais est-ce la conséquence de leur prédisposition génétique ou du mode de travail ? De plus en plus envahissante, la stéréotypie devient progressivement une composante majeure de la vie du cheval. Les conséquences physiques sont générales : une stéréotypie a tendance à favoriser un certain amaigrissement, car elle se fait au détriment de la prise alimentaire et est une grande consommatrice d’énergie. Le tic à l’ours peut, à la longue, provoquer des troubles articulaires. Quand au tic aérophagique, il pourrait être un facteur de risque d’ulcères gastriques. Sur le plan comportemental, une stéréotypie finit par altérer les capacités d’apprentissage du cheval qui ne prête plus d’attention à ce qu’on lui demande de faire. Il existe des moyens de prévenir ces troubles, notamment grâce à l’enrichissement du milieu, mais quand un cheval commence à manifester un tel comportement, il faut s’en préoccuper tout de suite.
Les traitements
Les traitements sont essentiellement comportementaux. Les médicaments psychotropes ont été peu utilisée pour ces troubles et posent de gros problèmes légaux (ce sont des dopants) et de sécurité car la plupart n’ont pas fait l’objet d’étude scientifique. Les méthodes comportementales efficaces ont pour objectif de faire baisser l’état d’anxiété en supprimant les éléments stressants ou en apprenant au cheval comment s’y adapter (techniques de désensibilisation, d’habituation, de relaxation). Enfin, des observations cliniques semblent soutenir l’intérêt des phéromones apaisantes maternelles en association avec les thérapies comportementales. Dans tout les cas, le pronostic reste très réservé. Les chevaux atteints de stéréotypies ont tendance à récidiver dès qu’ils sont stressés ; c’est leur façon de réagir. Ceux qui ont longtemps souffert de ce type de troubles sont devenus véritablement dépendants de leur stéréotypie. Ils ont besoin des substances libérées dans le cerveau au cours de l’exécution de ces mouvements répétitifs pour être à peu près en équilibre et ils consacrent l’essentiel de leur temps à ce comportement, ce qui finit par altérer leur état général (perte de poids en particulier et lésions articulaires dans le tic à l’ours). Chez de tels patients, les traitements ne permettent que de limiter le nombre et la durée des épisodes de stéréotypie quotidiens.
En prévention
Chez un cheval au box, il faut se poser la question de savoir combien de temps on va pouvoir passer avec lui… ou bien lui permettre des sorties au pré avec des congénères, en fonction des affinités, ce qui se fait de plus en plus dans les centres équestres qui prennent conscience du problème. Cela à l’énorme avantage d’éviter tous les troubles comportementaux liés à la frustration de la vie en box.
Donner à chaque cheval la possibilité de passer de longs moments en troupeau, au pré, reste un moyen très efficace de prévenir les stéréotypies.