Bonjour à tous et à toutes.
Je tiens à prévenir que ce post ne pose pas réellement de questions, ou seulement rhétoriques. Il me servira de défouloir le temps d'un instant. J'ai besoin de parler, les gens réels ne m'écoutent plus, blasés, alors je me tourne vers le monde virtuel pour m'exprimer. Je m'excuse par avance pour le long pavé qui s'en suivra, mea culpa, je suis comme ça.
Je viens de fêter mes 19 ans. En soit, c'est pas une date "importante", c'est un age moins important que les 18 ans (majorité), ou les 20 ans (changement de dizaine). Mais ce palier, je ne l'avait pas vu venir et je ne penserais pas qu'il me ferait cet effet là.
De nature anxieuse et pessimiste, on m'entend geindre à longueur de temps. Ma vie n'est pas marrante, mais on trouve toujours pire ailleurs, alors je ne me plaint pas, ou très peu. Je garde tout en moi, et quand j'explose, je fini en dépression sous anti-dépresseur et thérapie. Et ce qui m'amène à créer ce post me bouffe un peu plus chaque jour.
Quand j'étais plus jeune, on me disait "tu feras le métier que tu veux". Je ne me suis jamais vue ailleurs qu'avec les chevaux. La tête pleine de projets, je me suis lancée tête baissée en Bac CGEH malgré mon obésité, mes problèmes de santé et un niveau bien supérieur à celui demandé en bac professionnel. J'aurais pu faire n'importe quoi, mais j'ai choisi mon avenir selon ma passion, je ne me voyais pas bosser 45 ans (voir plus, si on prend en compte la conjoncture actuelle qui nous privera de retraite) dans un domaine qui ne me plaisait pas.
J'ai donc fait une seconde générale sous ordre de mes parents, qui après ce fiasco (je ne voulais pas aller en général, j'y ai mis toute la mauvaise volonté du monde pour finir par me faire "renvoyer" par un des meilleurs lycées de France), ils m'ont redirigés en Bac CGEH, à ma demande. J'ai donc refait une seconde pro dans un autre lycée. Pendant mes deux secondes, j'ai enchainé les problèmes de santé, mais rien qui aurait pu me priver de mon rêve. J'ai été beaucoup absente pendant ma deuxieme seconde, mais j'ai quand même eu la meilleure moyenne de la classe en étant en cours deux jours dans la semaine.
En Premiere, rebelotte, changement de lycée, je voulais du neuf, je repars une nouvelle année en internat loin de chez moi. Pas de problème de santé à l'horizon, meilleure élève de la classe, tout allait pour le mieux jusqu'à cet accident en stage qui me coute une micro-fracture des cervicales. Rien de grave en soit, mais en sortant du médecin avec ma minerve au cou, je glisse sur une plaque d'égout. Cheville bleue qui triple de volume en 30 secondes, le verdict tombe : entorse. Rien de grave en soit. Je me suis baladée plusieurs mois avec mon attelle, la douleur ne passait pas. Plusieurs visites chez mon généraliste, pour elle je bluffe, c'est "psychologique". Plus personne ne me croit, même plus mon entourage, mes parents, mon amoureux, mes profs. Impossible pour moi de dormir, la douleur me réveille la nuit. Je me met en quête d'aide et de vérité, écume les salles d'attente, les irm et les radios. En visite à Paris pour ma maladie dans un hopital pour enfants (célèbre, soit dit en passant), mon médecin demande son aide à un de ses confrère : il regarde mes irm et me platre sur le champs. J'ai alors 18 ans la semaine suivante du platrage, s'envole mon rêve de permis, obligatoire pour aller dans mon nouveau lycée en terminale.
Entrée en terminale dans un nouveau lycée, je suis installée avec mon homme à 40km de là. Il m'emmène matin et soir. L'ambiance est lourde, il fait 160 bornes par jour pour moi, il est au chomage et moi étudiante, on ne roule pas sur l'or. Je suis raillée à mon nouveau lycée, je n'ai pas d'amis. Quelle idée d'arriver plâtrée le jour de la rentrée dans un lycée d'équitation ? Je sers les dents quand on me pique mes béquilles ou me tape dans le platre pour voir si ça résonne. Je ne dors toujours pas. Je sens qu'un truc ne va pas. 6 semaines après mon platrage, surprise : ma cheville a triplé de volume, elle est violette, je ne peux plus poser le pied par terre. Le médecin qui m'a platré, en voyant ma cheville, me décourage. "Tu es majeure maintenant, on peut plus rien faire, débrouille toi". J'ai 18 ans et 1 mois. Et la médecine me laissait encore tomber. Heureusement ma maman est là pour me soutenir, elle qui ne me croyait plus, recommence à croire en moi, me voit pleurer, boiter comme avant, me sentir abandonner. Elle tente le tout pour le tout : elle me traine dans un hopital du sport en banlieue qui soigne les footballers connus, parait-il. Ils ne prennent pas d'urgence mais en voyant ma cheville, ils m'installent sur un brancard et me monte à l'irm.
1 an et demi après ma glissage, 60 de kiné, 6 radios et 4 irm plus tard, le verdict tombe : double déchirure des ligaments, multiples fractures de la malléole externe, cartilage cassé. Les ligaments se sont mal réparés, la malléole s'est reconsolidée, le cartillage est foutu, on ne peut plus rien faire, je vais boiter à vie. Je passe mon épreuve d'équitation quelques mois plus tard. Je repars pour 60 séances de kiné, je peux remonter à partir de juin. Mon épreuve est en Mai. Je monte une semaine avant l'épreuve arrangée par le directeur, en juin, je tombe. Je montais un poulain, celui que j'aurais à l'épreuve. Il me galope sur la cheville, celle qui était en bon état. Je m'en tire boiteuse des deux chevilles avec un 7 à l'épreuve d'équitation, 7,5 au débourrage, et mon bac CGEH avec mention AB, à 0.10pts de la mention B.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que l'équitation, pour moi, c'est fini, je ne peux plus en faire mon métier. Ma cheville droite est foutue, la gauche (cassée lors de ma chute) est très abimée, le cartilage aussi a été fendu. Alors quoi ? Je fais quoi maintenant ?
J'ai eu mon bac en juin dernier. Par un superbe concours de circonstance, je suis en ce moment secrétaire médicale en CDD (je remplace ma mère qui est en grave dépression). Je gagne correctement ma vie, mais les nerfs lachent. Je cherche un métier, une réorientation, quelques chose que je pourrais faire malgré ma maladie, mes chevilles et ma maladresse légendaire. Alors quoi, que faire ?
J'ai parcouru dans ma tête tous les métiers qui me plairaient, et soit ils sont inaccessibles avec mon bac (psychiatre, psychomotricienne), soit ils n'embauchent pas (esthéticienne, pierceuse, écrivain public), soit tout simplement ils relèvent du domaine du rêve (écrivain, millionnaire

).
Que faire quand on ne croit plus en son avenir ? Que faire quand on ne croit plus en les médecins ? Que faire quand la chance nous tourne le dos depuis des années ? Que faire quand la souffrance reste à vie, quand elle nous prive de notre rêve, quand on ne sait pas où on sera le lendemain ? Que faire quand un rêve est brisé définitivement ? Mis-à-part pleurer sur son sort en maudissant ceux qui m'ont abandonnés... J'ai mal, mal aux chevilles, mal au coeur, mal à ma fierté, mal à tous ces sacrifices que j'ai fais pour cette filière qui est obligée de me tourner le dos. J'ai mal de ne rien savoir faire d'autre que du cheval, du maquillage et de la photo.
Je n'en peux plus de ne pas trouver de reconversion qui me rendrait heureuse, d'avoir perdu espoir. Je n'en peux plus de toute cette douleur pour une plaque d'égout, une glissade maladroite, des examens par dizaine et tout ça pour quoi ?
Merci d'avoir lu à ceux et celles qui l'ont fait. Si vous voulez connaitre l'histoire de ma maladie, je vous encourage à aller sur le post des kystes à l'ovaire. Si vous pouviez juste m'envoyer une parole réconfortante, je vous en serais reconnaissante. Merci pour me lire ou non, ça va déjà mieux