klavel a écrit le 04/02/2016 à 17h58:
Honnêtement, je ne trouve pas que lire du Rabelais soit si dur... J'ai prit le premier extrait qui passait sur Internet, c'est
Pantagruel. Je ne trouve pas cela si compliqué... La majorité des mots existent encore et sont utilisés de nos jours. Les expressions changent et certaines ne sont presque plus du tout usitées, c'est vrai. Mais ce n'est pas si terrible, si?
Bon, ensuite, j'avoue, j'exagère un peu sur ma réaction face à cette réforme. Ça me divertit. Mais c'est moche quand même
le premier extrait que tu trouves sur internet a de très fortes chances d'être modernisé
Ne serait-ce qu'au niveau de la typo. Il faut soit une édition d'époque, soit un fac-similé pour vraiment se rendre compte de la différence (après, ce n'est pas pour ça qu'on n'arrive pas à le lire, mais il faut faire un petit effort).
édit. un extrait du texte original (et encore, avec la typo moderne qui change beaucoup):
Citation :
L'occasion et maniere comment Gargamelle enfanta fut telle, et, si ne le croyez, le fondement vous escappe !
Le fondement luy escappoit une après dinée, le iije jour de febvrier, par trop avoir mangé de gaudebillaux. Gaudebilleaux sont grasses tripes de coiraux. Coiraux sont beufz engressez à la creche et prez guimaulx. Prez guimaulx sont qui portent herbe deux fois l'an. D'iceulx graz beufz avoient faict tuer troys cens soixante sept mille et quatorze, pour estre à mardy gras sallez, affin qu'en la prime vere ilz eussent beuf de saison à tas pour, au commencement des repastz, faire commemorations de saleures et mieulx entrer en vin.
Les tripes furent copieuses, comme entendez, et tant friandes estoient que chascun en leichoit ses doigtz. Mais la grande diablerie à quatre personnaiges estoit bien en ce que possible n'estoit longuement les reserver, car elles feussent pourries. Ce que sembloit indecent. Dont fut conclud qu'ils les bauffreroient sans rien y perdre. A ce faire convierent tous les citadins de Sainnais, de Suillé, de la Roche Clermaud, de Vaugaudray, sans laisser arrieres le Coudray Montpensier, le Gué de Vede et aultres voisins, tous bons beveurs, bons compaignons, et beaulx joueurs de quille là.
Le bon homme Grandgousier y prenoit plaisir bien grand et commendoit que tout allast par escuelles. Disoit toutesfoys à sa femme qu'elle en mangeast le moins, veu qu'elle aprochoit de son terme et que ceste tripaille n'estoit viande moult louable : « Celluy (disoit il) a grande envie de mascher merde, qui d'icelle le sac mangeue. » Non obstant ces remonstrances, elle en mangea seze muiz, deux bussars et six tupins. O belle matiere fecale que doivoit boursouffler en elle !
Après disner, tous allerent pelle melle à la Saulsaie , et là, sus l'herbe drue, dancerent au son des joyeux flageolletz et doulces cornemuzes tant baudement que c'estoit passetemps celeste les veoir ainsi soy rigouller.
ça a quand même «légèrement» changé ^^
Par contre, la réforme était déjà la norme dans l'enseignement depuis plusieurs années... en théorie en tout cas. Donc en fait, rien ne change.
D'autant plus que l'orthographe réformée ne remplace pas la graphie traditionnelle, mais s'y ajoute. On ne doit donc pas écrire ognon à la place d'oignon, on peut simplement l'écrire de la façon qu'on le souhaite.
Pour le reste, bien entendu, cette réforme est aussi inutile que stupide. C'est une réformette, un effet de manche qui permettra à certains de se vanter en prétextant avoir fait quelque chose pour l'évolution de la langue.
D'abord, elle ne vas pas du tout dans le sens de l'usage, or, c'est l'usage qui fait évoluer naturellement une langue et la rend vivante. Ensuite, les changements qui sont faits, non seulement ne régleront absolument pas les problèmes de ceux qui ont du mal en orthographe, mais en plus créent de nouvelles exceptions (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué).
Bref, un coup d'épée dans l'eau, juste pour dire qu'ils font quelque chose, créer de vains débats, et compliquer les devoirs quand les enfants auront des différences d'orthographe avec leurs parents.
Il y en a qui ont du temps à perdre