J'ai vu le sujet sur la harcèlement scolaire et bon... "Je suis Charlie" alors je ne suis pas là pour me taire, hein
Mon collège était assez spécial ( non non, pas une ZEP ni rien: un bon collège d'un bonne commune bien riche!) donc je ne veux surtout pas faire de généralité mais j'aimerai ( encore) parler de ce que j'y ai vu et vécu.
J'y ai passé 3 ans, de ma 5° à ma 3°. J'étais en 6° dans un autre collège, pour diverses raisons administratives et communales j'ai été envoyé là bas. J'y ai vécu le harcèlement, en tant que "victime" et en tant que témoin.
Je finirais par le pire, donc je vais vous raconter mon expérience "victime".
De la 5° jusqu'au milieu de la 3° j'étais amie avec des filles dites "populaires". Ce qui, pour toute personne connaissant le collège, est généralement gage d'une certaine tranquillité.
Un jours, l'une d'entre elle a menacé un garçon de ma classe d'envoyer ses copains lui casser la g*ule. La raison? Il aurait mis le feu au CE de la nénette ( comprenez qu'elle l'avait vu avec un briquet en main près des écuries le jours où l'incendie s'est déclaré, le CE étant proche du collège. Il a été prouvé que l'incendie n'était pas criminel et que le garçon se planquait juste pour fumer sa clope).
J'ai voulu régler les choses, lui disant que je n'appréciais pas ses méthodes. Je disais ( et le dis toujours!) que ce n'était pas à des gamins de 15 ans de faire Justice, qu'il fallait laisser les pros faire leur travail. Evidemment, ça n'a pas plu à la demoiselle qui m'a mise à l'écart de son groupe, montant ce dernier contre moi.
Jusqu'à la fin de l'année j'étais seule, moquée en permanence par mes "petits camarades", ils m'arrachaient mes livres des mains, m'insultaient, me jugeaient...
Ça n'a duré que quelques mois, j'ai été sauvé par la fin de l'année et la dérogation vers un lycée bien plus éloigné... Et ma grand gueule qui m'a permis de tenir tête au Grand Caïd de la coure ( débile: tout ceux qui m'insultaient jusque là se sont mis à me respecter).
Mais ça a suffit à me faire perdre confiance en moi. Encore maintenant, je manque terriblement d'assurance.
Mais ce n'est pas le pire. Le pire c'était le racisme et l'intolérance latents de ce collège.
Dans ce collège, venaient les enfants d'un village voisin, moins riche et avec des logements sociaux. Ils étaient mis à l'écart car catalogué comme "pauvres".
Pendant des années, nous avions deux classes de personnes sourdes et mal-entendantes. Ces deux classes étaient mélangé à deux autres classes basiques pour les cours d'EPS, d'art-plastique et de technologie. C'était une super idée à la base! Chacun pouvant s'ouvrir aux autres!
Seulement les élèves mal-entendants et sourds étaient moqués en permanence en cours et dans la coure de récréation!
Le pire était dans la coure de récréation. J'y ai vu une vraie violence. Pas des violences "de collège" comme certains adultes se plaisent à les appeler: des vrais violences!
Les élèves sourds et mal-entendants se faisaient cracher dessus, au sens propre comme au figuré, frappés, jetés au sol, roués de coups, isolés, insultés... Ils étaient une petite vingtaine de sourds et mal-entendants au total, et se faisaient attaquer d'abord par un élève, puis par dix, galvanisés par une cinquantaine de collégien qui encourageaient cette violence. Si une personne intervenait elle subissait le même traitement jusqu'à la fin de son cursus au collège.
Le jours où j'ai vu ça, avec une amie, j'ai voulu aller prévenir un surveillant... Et là, le choc. Les surveillants voyaient tout, ils
regardaient mais n'agissaient que lorsque ça commençait à dégénérer selon eux.
Le CPE n'a jamais agit. Le proviseur non plus. Certains profs nous ont fait quelques courtes leçons de morales, sans succès. Que valent les mots du prof face à la foule?
Désormais, la classe des sourds et mal-entendants n'existe plus, elle a été transféré dans un autre collège. Les violences entre élèves se sont calmés mais sont toujours très présentes. Un ami de mon frère est déscolarisé, en profonde dépression et menace de se suicider. L’élément déclencheur a été les moqueries répétés d'un autre gamin sur son physique.
Regardez mon âge: j'ai 18 ans. La dernière fois que j'ai vu ça, c'était il y a moins de quatre ans. Le gamin en dépression n'a toujours pas remis les pieds au collège.
Je re-précise, encore une fois, que ce collège n'est pas un collège ordinaire. Il est connu dans le coin pour son ambiance pourrie: personne ne veut vraiment y aller.
Mais tout ce que je vous raconte est vrai. J'ai vu de mes propres yeux cette violence. J'ose "espérer" qu'une telle violence n'est pas monnaie courante.
Comment seront ces gamins, les harceleurs et harcelés, plus tard?
Les harcelés apprendront-ils à se débarrasser de l'omerta qu'on leur a imposé? Les harceleurs pourront-ils regarder en arrière et se dire "mais qu'est-ce que j'ai fait?"?