Lettre ouverte à mon cheval
Posté le 02/10/2016 à 19h49
dekoko
Posté le 02/10/2016 à 19h49
Ce post n'a pas forcément de but hormis d'exprimer ce que je n'arrive pas forcément à dire en ce moment. J'ai pris la décision d'arrêter ma jument et le seul moyen que j'ai trouvé de m'exprimer est de lui écrire.
"Fleur,
Voila plus de cinq ans que tu as croisé mon chemin. Je m’en souviens parfaitement. Depuis quelques semaines, ma mère et moi nous cherchions un cheval, pour me permettre de sortir en concours mais aussi très gentil pour que ma mère puisse se faire plaisir en extérieur. Des critères nous en avions pleins, pas forcément identique pour elle et moi. Ma mère souhaitait une petite jument alezanne, déjà sortie en concours, 6 ans et moi je rêvais d’un grand hongre bai brun. Au final tu étais la rencontre idéal entre nos deux listes. Tu as su nous mettre d’accord, toi la grande jument baie brune de 6 ans. Tu avais déjà une expérience en jeune chevaux, tu pouvais donc me montrer le chemin vers les épreuves amateurs.
Nous étions à la mi-mai 2011, l’essai était plus que concluant, tu étais gentille, tu avais de belles allures, tu m’emmenais de l’autre côté de la barre. On décide donc de prendre RDV pour un essai sur le cross. De même tu remplissais les critères, tête froide et envie de bien faire. Tu avais vraiment tout.
En cinq ans nous avons franchi beaucoup d’étape. Moi qui sortais de club, avec mes 3 saisons de concours en Club et quelques amateurs, tu m’as fait progresser comme je n’aurais pensé pouvoir le faire. En juillet 2011 nous faisions notre premier complet en amateur 2. Un an après tu m’offrais, avec mes coéquipiers, le titre de championne de France par équipe en amateur 2GP et une participation malheureuse aux championnats de France à Pompadour. Des mois d’entrainements pour un objectif qui me tenais à cœur. Stress, trop de jambe, je ne sais pas ce que j’ai fait ce jour là, mais nous ne nous sommes pas comprises et nous avons franchi la lisse de dressage. Ce n’est pas banal ! Peu importe, je me remets de ma déception et nous continuons notre apprentissage. Au concours de reprise de saison tu m’offres notre première victoire ! Du dressage jusqu’à la ligne d’arrivée du cross, tu réponds présente comme toujours. On évolue et en fin d’année nous retournons aux championnats de France mais en amateur 1 GP cette fois ci. Je souhaite prendre ma revanche sur l’année précédente ! Nous finissons notre concours mais éliminé à la sortie du CSO pour trop de point au CSO.
Tu m’as offert mes plus belles expériences équestres. Trois championnats de France. Nous avons évolué en 2 ans d’amateur 2 à l’amateur élite.
Malgré toute ta bonne volonté, tu n’es pas toujours simple à monter, tu es sensible et délicate sur l’hippique alors que tu es pourtant si guerriere sur le cross.
Depuis deux ans, notre confiance en nous s’effrite et je sens bien que c’estr de plus en plus sur les barres. La peur, l’incompréhension. Je me remémore le vieil adage : « Qui veux aller loin, ménage sa monture ». Peut etre est on allée trop vite, trop haut. Je ne sais pas si cela nous a influencé. Surement.
J’ai tout remis en question, le physique, les soins nécessaires, le matériel. J’ai changé de monte, d’approche, d’enseignement… Je n’ai pas trouvé la solution. Surement parce que maintenant, il est trop tard.
Aujourd’hui j’ai compris. J’ai compris que tu n’avais plus envie. Plus envie de sauter. J’ai mis du temps à voir les signes que tu m’envoyais, mais j’ai fini par comprendre.
Sache que je regrette. Je regrette d’avoir mis autant de temps, je regrette de t’avoir fait douter. Il m’aura fallut ce stop de trop, cette élimination de trop pour comprendre. Je regrette d’avoir mis autant de temps. Mais je te remercie. Merci de m’avoir fait grandir quand j’étais à la sortie de l’adolescence, merci de m’avoir fait murir. Je me suis investie, des centaines d’heures d’entrainement et de soins et ça je ne le regrette pas. Je ne regrette pas mon investissement, car même si j’ai une sensation d’avoir échoué avec toi, tu restes ma plus belle expérience.
Aujourd’hui j’ai compris, même si ce soir je pleure. Je pleure toutes ces choses que j’avais envie d’accomplir avec toi. Mais je ne peux avoir l’envie pour deux, et je le respecte. J’ai compris qu’au bout de presque 8 ans de concours tu n’as plus envie. Je dois faire le deuil de mes projets et en créer de nouveaux.
Lorsque je te regarde, je vois bien dans tes yeux que tu as fait ce que tu as pu. Pendant des mois on m’a dit de te vendre, qu’un cheval ne méritait pas de pleurer autant, que tu ne serais jamais performante. On m’a aussi dit que j’étais très courageuse, persévérante. Maintenant je vois les choses différemment. J’ai essayé de te comprendre, de trouver des solutions pour qu’on y arrive. Mais je n’avais pas compris que de te comprendre réellement, c’était d’accepter que ces projets étaient les miens et non les nôtres. On ne peut imposer sa volonté à qui ne veut participer. Mais maintenant j’ai compris. Je n’étais pas persévérante, j’étais dans le déni.
Maintenant je te remercie, pour tout. Le bon comme le mauvais. Je te remercie d’être toi et d’être ici."