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Comment vivre un procès? verdict tombé aujourd'hui
Posté le 27/05/2009 à 19h26
ouest France mardi 26 mai
Actualité en Loire-Atlantique
Les massages du kiné étaient des agressions
Seconde journée d'audience aux assises. Face aux victimes, le kiné reconnaît avoir « débordé » dans son cabinet de x.
La cour d'assises prend parfois les allures d'une consultation chez un psy. L'accusé rumine, plonge la tête dans ses mains, bafouille quelques mots. « C'est difficile, très difficile à admettre », répète l'homme jugé pour avoir violé ou agressé vingt-cinq femmes.
Très difficile de raconter ce qui se passait dans son cabinet à x où il exerçait comme masseur-kinésithérapeute de 2000 à 2004. Ce sont ses anciennes patientes qui racontent à la barre, péniblement et invariablement les mêmes scènes. Toujours cette petite musique d'ambiance qui accompagnait la consultation, les questions intimes, les remarques déplacées, les massages ou plutôt les caresses appuyées. « Et vous passiez au viol ? », insiste le président de la cour. « Oui », répond cet homme de 42 ans, qui se montre plus loquace quand il décrit son travail d'ostéopathe, les gestes, son intérêt pour le périnée, l'importance de l'énergie sexuelle. « Vous essayez de trouver une explication intellectuelle car vous ne voulez pas reconnaître que vous aviez du plaisir ? », interroge doucement le président. Lui : « C'est tellement difficile ». Le président, d'une voix plus sèche : « Vous êtes dans une cour d'assises, devant des victimes ». L'accusé lâche : « Oui, c'est obligé. J'avais une forme de plaisir. Je l'ai fait quoi ! J'ai fait du mal, c'est sûr ».
Les victimes ont 18, 30 ou 40 ans
Au fil de l'audience, il admettra, un peu plus, pressé par les questions des parties civiles, de l'avocat général de la cour. « On a besoin d'un discours clair. Vous reconnaissez aujourd'hui l'agression sexuelle ? » Il acquiesce, parle « d'addiction ». Pourquoi avec certaines patientes et pas d'autres ? Question « d'attirance ». Les victimes ont 18, 30 ou 40 ans. Sont très peu nombreuses à être venues. Lui, qui recevait environ 70 patients par semaine, ne se souvient guère des victimes. Elles, ne l'ont pas oublié. Et ont décidé de porter plainte après avoir été contactées par les gendarmes. Auparavant, elles n'avaient pas osé ou s'interrogeaient sur les méthodes de ce praticien. Normales, pas normales ? « Je lui faisais confiance. Il a mis un doigt dans mon vagin pour savoir si mon périmée était tonique. Je l'ai cru. Ça semblait plausible. » Elle avait 18 ans et depuis, essaye d'oublier ce viol, de le « cacher ».
Marylise COURAUD.