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Un jour bien triste
Posté le 07/09/2017 à 01h16
Ton post m'a fait pleurer, parce que j'ai vécu une situation similaire en janvier.
J'ai perdu Alexandrin, le cheval de ma vie, alors qu'il n'avait même pas encore 22 ans. Je venais tout juste de le changer d'écuries, pour le mettre dans un superbe endroit; un paddock paradise sur 7 hectares avec 6 autres chevaux, source d'eau naturelle, foin fait sur mesure selon les saisons .... Un vrai paradis, où il était plus heureux que je ne l'avais jamais vu.
Mais on l'a retrouvé un matin, allongé en sol, en état de choc et d'hypothermie avancés. Il avait d'affreuses plaies sur la tête, on pouvait voir l'os, un muscle avait été sectionné et se nécrosait, et ses yeux étaient vitreux: il est probable qu'il ait perdu la vue, complètement d'un oeil, et au moins partiellement dans l'autre, au vu des lacérations sur la cornée et autour de l'oeil. On pense qu'il s'est pris une branche dans l'oeil, et, sous le coup de la douleur, a percuté l'arbre qui se trouvait juste derrière, s'ouvrant toute la face.
Malgré nos appels à près de 30 vétérinaires différents (dont certains un peu loin), pas un seul ne pouvait venir immédiatement; ils étaient tous déjà sur des urgences.
Une vétérinaire est arrivée au bout de 3h. Trois heures passées affalée dans la boue et dans son sang, sans jamais quitter ses côtés.
On a fait des perfusions qui avaient trempé dans de l'eau bouillante pour tenter de le réchauffer de l'intérieur, ainsi qu'une perf d'anti-douleurs pour le soulager, et l'aider à se reposer. Le seul but était de réussir à le revigorer suffisamment pour le mettre dans le van (quitte à ce qu'il s'effondre dedans) et l'emmener au plus vite en clinique. Malheureusement, malgré tous nos efforts, les cordes et les poulies utilisées, le fait que nous soyons dix à pousser et à tirer, il n'a jamais réussi à se relever. J'ai du demander à la vétérinaire de le laisser partir: il n'avait plus le courage de se battre, je le connaissais trop bien. Il est mort dans mes bras environ cinq heures après que nous l'ayons découvert.
Je l'ai fait incinérer le lendemain, je ne supportais pas l'idée de faire venir un équarisseur.
Alex n'avait jamais été malade. Jamais, pas une seule fois. Il s'était souvent blessé, parfois un peu gravement, mais rien que des soins et du repos ne puissent soigner. Il était plutôt calme au pré, il gardait son énergie pour sauter en l'air en carrière. Et pourtant, ce jour-là, il a eu un très grave accident. Est-ce que l'un des autres chevaux l'a attaqué et chassé? Des petits c**s se sont-ils amusés à faire peur aux chevaux? Ou jouaient-ils tout simplement? Je ne le saurai jamais.
Et maintenant, j'ai tous ces regrets. Tous ces "et si". Si j'étais arrivée plus tôt, comme je l'avais prévu depuis plusieurs jours, au lieu de dormir une heure de plus parce que j'avais la flemme de me lever, on l'aurait trouvé plus tôt, et un véto serait très certainement arrivé plus tôt. Si j'avais eu la tonne de couvertures que j'avais habituellement dans ma voiture, on aurait peut-être pu le réchauffer davantage, et le sauver. Et si j'avais abandonné trop vite. Et si je l'avais gardé dans son ancienne écurie, dans son paddock individuel, où il n'avait pas une vie entière de cheval. Et si j'avais passé plus de temps avec lui. Et si, et si, et si...
J'ajoute mon témoignage au tien choubichougirl , si ça ne te dérange pas. Je donnerais tout pour ne serait-ce qu'une minute de plus avec Alex. Une chance de plus de plonger mon nez dans son encolure, et respirer sa délicieuse odeur.
Moi aussi, je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres. Que notre histoire était trop belle, trop unique (et elle l'était, sincèrement) pour qu'une chose affreuse nous arrive... Et pourtant. Aujourd'hui, tout ce que j'ai, c'est un gouffre béant, un chagrin qui me dévore, et des flashbacks et cauchemars qui hantent mes jours et mes nuits.
Propriétaires (ou non propriétaires, d'ailleurs), profitez à fond de chaque instant passé avec votre compagnon. Pour vous, pour lui, pour tous ceux qui n'ont plus cette chance. Savourez chaque moment, chaque battement de cœur, chaque soupir. Sans peur qu'il puisse s'agir du dernier, ça ne ferait que gâcher l'instant présent. Mais profitez. Si vous avec un peu la flemme, bottez vous les fesses et allez-y. Vous le regretterez plus tard sinon.
Je souhaite énormément de courage à ton amie dans cette difficile épreuve, elle en aura bien besoin. Assure-toi qu'elle soit bien entourée, mais qu'elle dispose également de l'espace dont elle désire. Juste, qu'elle sache que tu es là, et sa famille aussi, si elle en a besoin.