Aaaaah merci pour vos réponses avec arguments et analyses perso à l’appui, j’aime beaucoup ça
la-rowane ,
lorsque tu mets un petit bout métallique à ton talon pour aller au contact de ton cheval en lieu et place de la surface large de ton talon, tu n’affines pas une demande, tu la renforces. Car si je pose ma main contre ton dos pour te pousser un peu à avancer, c’est plus « sympa » pour toi que si je colle la pointe de mon index contre ton dos… ce que tu ressens lorsque j’utilise mon index est plus fort/moins agréable que si je pose le plat de ma main. Je ne te parle pas d’un contact brutal, ni même vif, même en allant très doucement, ma main te sera plus agréable que la pointe de mon doigt. Et imagine si je fais cela dans le creux de ta taille.... Es-tu d’accord avec cela ?
ce n'est pas parce que la surface est plus petite que c'est plus fin en sensation, au contraire, ça peut être bien plus désagréable. Dans la mesure bien sûr, on on entend par "finesse" la discrétion et la délicatesse.
J’essaie de démontrer par cet exemple que l’usage de l’éperon n’est pas un affinement de la demande.
Je vais parler maintenant d’ordre général, je ne veux que personne dans cette discussion ne puisse imaginer que je lui reproche ce que je vais exposer. Je souhaite juste faire comprendre en quoi, dans 95% des cas, le recours à l’éperon pose 2 grands problèmes, voire 3 :
1/d’abord il n’est pas utilisé pour ce à quoi il est initialement destiné en dressage classique (les cavaliers restent donc dans l’ignorance de l’intérêt de cet outil et le cheval passe à côté du sens de ce contact très particulier),
2/ ensuite il empêche le cavalier comme le cheval de régler le problème d’impulsion ou d’affinement des aides (qui ne concerne pas le bas de jambe… si, si, je vous assure, la vérité est ailleurs),
3/et enfin l’effet pervers, c’est que le titillement de l’éperon en lieu et place du titillement du talon ou du mollet va finir par blaser le cheval, rendant son flanc bien moins sensible par habitude de ce contact rigide et « piquant », risquant d’être ensuite difficilement à l’écoute du souffle de la jambe bien plus moelleux, en définitivement incapable par la suite d’accéder à la mise à l’éperon avec les objectifs que cela comporte…
Il n’est pas non plus un renforcement de la jambe. La jambe n’a pas besoin de force pour agir. Elle ne devrait pas en tout cas. Si on épuise ses jambes pour obtenir laborieusement un peu d’impulsion, c’est qu’il y a un problème dans le dosage et l’à-propos des aides, un problème dans l’éducation du cheval.
La réponse à la jambe fait partie d’une convention mise en place au débourrage. C’est un accord entre le cavalier et le cheval. Si l’un ou l’autre discute l’accord et s’assoie dessus, l’autre fait de même ! S’il y a ou s’il y a eu dérive, il faut remettre la convention initiale en place dès que possible.
On n'est pas forcément responsable de la situation mais on a en tout cas les moyens, le devoir, de rétablir l''accord au plus vite. c'est mieux pour tout le monde
Le cavalier au départ du dressage du cheval lui explique ceci : je serre un peu mes deux jambes (cuisses+mollets ou mollets seuls). Un peu mais nettement pour que tu le sentes. En dehors de cette demande, mes jambes ne te tiennent pas, ne ballotent pas, je ne m’en sers pas pour rester en équilibre, elles sont juste posées contre toi sans rien de dire….
Le jeune cheval doit convenir de ceci : j’accepte le contact des jambes posées contre moi sans en avoir peur car il ne se passe rien d ‘autre. Parfois, si elles me pressent furtivement, je me porte en avant et alors elles redeviennent silencieuses. Si une seule me presse, je me déporte vers là où elle me pousse. Si la jambe recule contre mon flanc et me presse, je déporte mes hanches.
Si cet accord en fonctionne plus, il faut faire un rappel au plus vite. Tant pour le cavalier que pour le cheval.
Le cheval ne répond plus aux jambes (en impulsion comme en déplacement) parce que :
- La présence des jambes est trop affirmée et constante (le cavalier se tient en crispant légèrement les jambes autour du cheval ou augmente son contact à chaque foulée, volontairement ou non)
- Les actions de jambes sont en contradiction avec les actions de mains, la posture du cavalier, ou s’opposent entre elles.
- Les efforts du cheval ne sont pas assez récompensés.
- Il est dans un effort trop constant, sans répit. Il se fatigue physiquement ou mentalement. Ce n’est pas forcément un effort violent mais la charge de travail n’est pas adaptée à son endurance, sa concentration.
- Les demandes ne sont pas à sa portée (il ne comprend pas, il n’est pas capable).
On peut bien mettre des éperons. Leur dureté (c’est une petite tige en métal, même si elle est arrondit, c’est un index dans le flanc du cheval et pas la paume de la main) va évidemment provoquer une réaction de fuite de cette sensation. Chaque fois qu’il va courir un peu, on va le récompenser. Donc il apprendra que pour éviter cette sensation désagréable, il faut se porter en avant.
Pour autant, la liste des causes que j’ai données précédemment sera-t-elle règlée ? J’en doute… car si elle l’était, pas besoin d’utiliser l’éperon pour affiner, renforcer ou préciser… Le cheval répondrait à la jambe.
Comment affine-t-on sa demande ?
En la ramenant au bruit d’un murmure, d’une pensée, c'est joli ça mais comment ?… en la centrant dans son assiette, son dos. On quitte le grattage du talon pour la pression du mollet, qui s’associe à celle de la cuisse, puis on n’utilise plus que le haut de sa jambe. A chaque fois on a récompensé le cheval pour sa réponse. Il lui est toujours plus agréable qu’on s’adresse à lui avec une grande douceur et qu’on le récompense beaucoup. Ça le motive et le rend particulièrement attentif. Il ne reste plus grand-chose à éliminer pour être dans l’affinement et la précision absolue si on a une réponse à chaque demande du haut de la jambe. Il reste l’assiette profonde, la pression de l’ischion…
La progression du cavalier c’est le chemin qui mène à ça : son assiette, seulement son assiette. Avancer, arrêter avec l’assiette et le dos. Ça c’est la finesse et la précision équestre. Mais c’est sûr, ça prend quelques années de travail.
A quoi sert l’éperon.
Je radote. Il sert à demander la contraction des abdominaux, pour obtenir un abaissement des hanches, sans mouvement en avant. Le cheval est mis à l’éperon à l’arrêt et on lui apprend à contracter les abbo sans avancer.
Ensuite, il distinguera les demandes d’impulsion et de marche en avant grâce à la jambe et/ou à l’assiette, de la demande d’abaissement de sa hanche grâce à l’éperon.
On aborde alors le rassembler classique, le vrai engagement, la diagonalisation, … : je demande à mon cheval de raccourcir ses foulées dans la même impulsion pour cela je lui demande « d’aller moins vite en avant » (je freine avec mon assiette/dos) et d’abaisser plus ses hanches, de s’assoir plus sur ses postérieurs (je touche à l’éperon pour qu’il contracte ses abdos).
voilà, voila...
On a perdu
ninilulu2