On a mis notre Loulou sur les barres assez doucement, selon ses capacités et ses inquiétudes face aux nouveautés.
Pour les premiers sauts, on a mis des croisillons en cavaletti, on commençait au début dans une petite carrière, avec un "obstacle" sur chaque grand côté; c'était une sorte de mini-parcours. On a placé ensuite les obstacles sur des doublers, des diagonales, de manière isolée pour que ce soit très simple. Ca permettait de "sauter" dans diverses conditions. On en restait alors jusqu'a 2 obstacles.
On augmenté les difficultés un peu plus tard, toujours en enchaînant de petits obstacles isolés, puis en rajoutant les difficultés. J'ai eu la chance d'avoir un cheval qui apprenait très vite, donc on a eu peu de problèmes.

Par exemple: obstacle sur la piste, puis boucle large et obstacle en sortie de boucle.
Côté obstacles plus difficiles, on a par exemple bossé sur des directionnels : cube en plastique avec barre dessus, donc pas trop, avec barre d'appel. Mon prof avait placé deux barres latérales pour encadrer le cheval. On lui a beaucoup montré l'obstacle aux premiers refus, laissé sentir la chose, puis on y est retourné au trot tranquillement. Trotteur, nous n'avons pas forcé le travail au galop sur les barres, tant qu'il n'était pas encore très acquis sur le plat; c'était encore un peu fouilli et désordonné, le but était donc de le garder dans le confort d'une allure qui lui convenait. Il prenait le galop en sortie d'obstacle, on pouvait bosser dessus après.
De larges huit de chiffre sont intéressants, avec deux, trois ou quatre obstacles selon l'avancée du cheval. Ca permet de travailler la direction, les allures, de créer des petites difficultés.
Le tout était de faire du facile avec du difficile, pour qu'à chaque difficulté ou incompréhension, il revienne à une zone connue, donc de confort.
L'idée était d'augmenter les difficultés au fur et à mesure, sans pression, et de jongler entre confort (= rassurance) et petite difficultés (= nouveautés). Le mien apprenait vraiment très vite et était très consciencieux, les premiers parcours sont donc venus très aisément et sans pression. On a commencé par un niveau Club 3 je crois bien, sans stresser si nous devions repasser au trot, faire une volte pour venir droit, etc.
Dans mes souvenirs, peu de galères donc, et il a eu une bonne apétance pour le saut, c'était top. A 6ans, il sautait 90-95cm sans aucun souci, et était même assez franchouillard.
Par contre pour les rênes allemandes, je trouve que c'est une très mauvaise idée.
Les RA ne servent pas à avoir un cheval à l'écoute, mais plutôt à l'aider à maintenir une position qui n'est pas très acquise chez lui, afin de l'aider à travailler dans le bon sens, et non pas gueule en l'air et dos creusé. En gros, les RA tiennent le bout du nez vers le bas et certains chevaux vont même jusqu'à ramener trop fortement le bout du nez vers le poitrail si mauvaise tenue des RA.
Faire sauter un cheval, jeune qui plus est, en lui tenant le bout du nez vers le bas peut être difficile pour lui : dans toutes les phases du saut, le cheval utilise son encolure pour sauter, ça lui sert de balancier. Lui garder le kiki bien placé peut empêcher un jeune cheval de s'aider de ses propres atouts pour apprendre à sauter. On ne demande pas à un jeune cheval de sauter dans une belle position, mais de trouver son geste, de sauter agréablement et plutôt en liberté.
Pour moi, sur les premiers sauts et parcours, il ne faut pas chercher en priorité la position de la tête, mais un geste fluide.
Un jeune cheval découvre, il a besoin d'être en confort et rassuré par des choses qu'il connaît.