Bonsoir,
Mon bel Ivanoé est mort le 8 octobre dernier, à l'âge de 21 ans, ce fut un départ très douloureux et inattendu.
Cela faisait 14 ans qu'il était mon poney de coeur, c'est avec lui que j'ai commencé l'équitation. Il appartenait à mon premier centre équestre et a vécu toute sa vie dans une petite stalle sans fenêtre qui lui permettait juste de se retourner. Ce mode de vie a causé un emphysème qui avait pas mal dégradé son état de santé. Quand je l'ai récupéré pour sa retraite il y a 4 ans il faisait déjà vieux, il était amaigri et portait un poil d'hiver malgré qu'on était alors en plein été. C'était pourtant un poney très rond habituellement... Je m'inquiétais beaucoup à son sujet, je me demandais s'il avait le cushing...et ses réactions sorties du club étaient tellement inhabituelles... ! Lui qui était d'une nature docile et placide, a commencé à s'exprimer grâce à son nouveau mode de vie au pré.
J'ai enfin pu partir en balade avec lui toute seule, mon rêve s'était réalisé... Voir mon Ivanoé de ma fenêtre... c'était tellement incroyable !
Le temps a passé et Ivanoé s'est métamorphosé, ses crins en brosse sont devenus longs, il a repris du poids, beaucoup d'allure et son poil est redevenu lisse et brillant l'année suivante. Je le redécouvrais et je m'extasiais de le voir devenu si magnifique et de le voir vivre sa seconde jeunesse. A chaque fois que je le voyais je me disais : mais qu'il est beau ! Et pourtant, ce n'est vraiment pas mon type de cheval... mais que voulez-vous... c'était lui, sa gentillesse, le témoin de mon enfance, mon pilier au regard doux.
Et puis ce jour est arrivé où je l'ai vu la tête basse et le poil humide, nous avons immédiatement vu qu'il était en coliques. Nous sommes allés chercher de la calmagine et lorsque nous sommes revenus lui faire son injection il était couché, il a essayé de se relever en voyant notre voiture mais c'était trop difficile, il s'est mis assis. Il est resté comme cela environ 10 minutes, puis il s'est relevé... Malgré le fait que cette maladie paralyse les chevaux et que ceux-ci doivent être maintenus debout artificiellement avant d'en être guéris... il ne s'est plus jamais couché ! Quand je l'ai vu si tremblant, j'ai pensé aux érables... Puis il a marché dans son pré comme je le lui avais demandé, il tournait en rond sans même que je le tienne. La calmagine n'avait pas fait d'effet au bout des deux heures, alors j'en ai conclu que j'avais malheureusement vu juste. Quelques secondes avant que le van n'arrive nous avons fait une dernière photo tous les deux, puis il est reparti et revenu vers moi malgré ses douleurs, il a collé son nez contre mon visage. C'était assez émouvant, comme s'il savait, et ça m'a touchée de voir qu'il me portait attention malgré son état.
La clinique n'étant pas tout à côté, il a tenu le coup malgré l'immense quantité de toxines contenue dans ses muscles. Une fois arrivé il me semblait même aller bien, j'avais presque honte de l'avoir amené jusque là pour des clous ! Il me tire, contrairement à son habitude, hors de l'enceinte de la clinique...
Finalement, le véto l'ausculte et le verdict tombe : cardiaque à 70, paramètres musculaires incalculables, système digestif arrêté et présence de nécrose. Mon poney est inopérable... et mon monde s'écroule. On décide de le garder en clinique pour la nuit, afin qu'il ait une chance de pouvoir être opéré le lendemain grâce à la perfusion et aux anti-inflammatoires, mais personne n'y croit plus...
Le lendemain matin, son rythme cardiaque est à 115, il n'y a plus le moindre espoir. On y retourne une toute dernière fois, pour les adieux. Je m'attendais à le voir dans un sale état, pire que la veille... mais il ne semble même pas vraiment malade. Il est toujours debout, comme je le lui avais demandé, et il veut sortir de son boxe, il hennit, il me fait les poches... il veut continuer la bataille, il veut continuer à vivre ! Cependant, le véto est formel, mon poney n'en a plus que pour quelques heures et l'opération est inenvisageable dans son état. Ivanoé, le plus gentil poney, qui a supporté des milliers d'heures monté par des petits cavaliers qui dégainaient leur cravache à tout va. Ivanoé, le poney le plus sage, qui est resté stoïque malgré les douleurs immenses qu'il devait avoir. Ivanoé, le plus courageux de tous les chevaux, qui malgré une maladie paralysante est mort debout.
Son existence, son arrivée, son passé, son départ... tout me semble irréel. Un regret terrible, celui de l'avoir laissé près d'un érable que je n'avais pas vu, une erreur ineffaçable au résultat inéluctable. Il ne me reste que des centaines de photos, une poignée de crins, et des milliers de souvenirs... mais sa présence réconfortante m'est enlevée à jamais.
J'aurais aimé pouvoir le garder encore des années à mes côtés, il le méritait tellement
Sa métamorphose :
(la première photo n'est pas de moi, elle est en libre accès sur google image)
(photos avec le licol vert : celles de son arrivée, ma plus grande joie...)
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