cyrielle77 malheureusement je rejoins les réponses au-dessus : auraient-ils trouvé la cause qu'apparemment, la science et les laboratoires n'ont pas encore avancé assez vite pour soigner cette maladie à temps...
Les vétérinaires ne sortent pas diplômés tout puissants, c'est souvent leur expérience de terrain qui leur apporte le plus de connaissances...Ils se retrouvent à gérer beaucoup de situations d'urgence plus ou moins créatives et n'ont pas le temps de se pencher sur toutes les publications. Et encore, ici, cela ne les aurait pas amenés à grand-chose de concret pour aider ton superbe Opium, et ils en auraient été réduits à ne traiter que les symptômes pour le soulager, ce qui a été fait. Néanmoins ce qui est positif dans ces terribles événements c'est d'avoir des réponses même aujourd'hui, et faire peut-être de la prévention pour cette bactérie rare/mal connue (j'ajoute que moi non plus je n'en ai jamais entendu parler).
Il a une chance incroyable d'avoir croisé ton chemin et que tu lui aies toujours permis d'avoir sa chance, mais parfois, déplacer les montagnes ne suffit pas...
Je n'ai pas d'expérience de ce type de pathologies, néanmoins j'ai fini par devoir faire euthanasier ma jument de 8 ans seulement en 2011 que j'avais vue grandir et avec qui j'avais fait les 400 coups. Elle avait eu moults problèmes graves, on avait toujours tout fait pour la sauver, depuis l'ovariectomie qu'aucun vétérinaire de la région ne voulait se risquer à faire en 2008 et que le mien a fini par tenter tellement sa vie était devenue un enfer ; et dont elle est revenue à la maison seulement au bout de quelques jours, fraîche comme un gardon et sans une colique, pleine de vie et de joie. Puis il y a eu des trucs bénins, traités et opérés à répétition, de plus en plus souvent, avec des techniques de plus en plus agressives (les débuts de l'électrochimiothérapie, heureusement qu'on a pas eu le tarif public de l'époque... parce que techniquement ce n'est pas utilisé autant de fois !) et un jour, brutalement, un symptôme anodin : les veines gonflées sur sa joue gauche. On fait PDS, quelques jours plus tard j'apprends qu'elle a un cancer métastasé généralisé, qu'il faudra très bientôt lui dire au revoir... Et pourtant, quand je passais la porte de l'écurie, elle était fidèle à elle-même, énergique, heureuse de me voir, heureuse qu'on aille faire des tours en carrière à cru en liberté pour galoper.... C'était son tout dernier cadeau. Le lendemain son inconfort et son apathie nous sont tombés dessus d'un coup, sans prévenir, et j'ai compris qu'il était égoïste de la faire souffrir plus longtemps sans aucun espoir de guérison... Son regard douloureux qui, comme si souvent par le passé, m'observait comme si j'étais le messie qui allait la soulager de son mal et la sauver.
Un cheval qui a traversé des épreuves qui en ont laissé d'autres sur le carreau, pour qui on a dépensé sans compter en soins, et qui pour autant, un jour, nous dit brutalement qu'il n'en peut plus...ça, j'ai connu, et c'était terrible.
Quelque part, j'étais aussi persuadée qu'on allait me dire qu'ils avaient pas réussi à arrêter son coeur, ça me paraissait tout bonnement impossible, pour moi elle était invincible.
Leur dire au revoir "vite", ce n'est difficile que pour nous, parce qu'on ne se sent pas préparés, mais nous, on aura le temps de s'en remettre plus tard ; la seule chose qui compte quand on les aime c'est de ne pas les laisser souffrir inutilement quand on apprend qu'il n'y a plus rien à faire et qu'ils n'en peuvent plus. C'était brutal, mais dans le fond c'est surtout brutal en tant que propriétaire que d'apprendre l'aspect définitif de la situation, pendant que notre cheval subissait depuis si longtemps un mal qui le rongeait. Tu as tout fait pour lui et en ça, comme moi, tu as énormément de chance : il est difficile de culpabiliser, et tu ne peux pas objectivement te torturer après avoir fait tout ce qui était en ton pouvoir et en ton savoir pour lui, et les équipes vétérinaires aussi. Tu les as relancés sans cesse visiblement même quand pour eux il n'y avait rien de grave et tu n'as pas lâché l'affaire tant qu'il y avait un espoir.
Le monde s'effondre, on a l'impression d'avoir tout perdu dans sa vie, parce qu'on se battait tellement que c'était devenu notre raison de se lever tous les matins....Et ce qui est terrible au départ, l'est moins plus tard : la vie continue malgré nous... Pour ma part, j'ai mis 7 ans quand même à accepter son départ, bien qu'entre temps j'aie eu d'autres chevaux (et mon autre jument de l'époque grâce à laquelle je ne POUVAIS pas me laisser sombrer), et à pouvoir parler d'elle autrement que par le fait qu'elle est partie bien trop tôt. Je pleure toujours quand j'y repense, mais je souris de tout ce qu'on a partagé, ce qui représente un long travail de deuil.
J'ai perdu brutalement ma pouliche cette année, avec le même abominable sentiment d'injustice face à quelque chose que l'on sait voir, à sa douleur brutale et intolérable, mais que l'on ne sait/ne saura peut-être jamais soigner, et encore une fois j'ai pris cette terrible décision de ne pas attendre que la douleur ne l'emporte. On ne réfléchit même pas, on fait ce qu'il faut, c'est notre devoir et notre responsabilité d'humain qui aime - et est aimé sans limites - de son compagnon. Refaire l'histoire après-coup ne sert à rien si dans la situation réelle de l'époque (et géographique) il était impossible ou inhumain de tenter plus...Parce que ce n'était pas notre réalité et que non, on ne sait pas/ne peut pas toujours tout soigner ou sauver, même pas les maladies humaines.
Beau voyage joli Opium au paradis des chevaux
P.S.: ce qui m'aidait, c'est que quasiment tous les jours, j'avais un fichier sur lequel je lui écrivais, ça peut paraître bête mais ça m'a permis de me vider de tout le trop-plein de ce qui me torturait et de "vivre" mes journées en dehors sans que ça tourne dans ma tête, sans destinataire.
beaucoup de courage et de soutien dans cette terrible épreuve