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Déjà, il faut peu donner de friandises. C’est la première règle. Déshabituer les chevaux à ce que ce soit souvent ou systématique.
Il faut désamorcer plein de mauvaises petites habitudes qui entretiennent un mauvais rapport à la main.
Parfois les proprios sont à peine arrivés qu’ils donnent une friandise pour dire bonjour. Ça c’est à proscrire. On dit bonjour de la voix, on caresse l’encolure, gratouille le garrot. Mais on ne donne rien à manger.
Ensuite, lorsqu’on donne des carottes ou autres en fin de travail ou après le pansage, toujours donner au sol. Et non seulement on dépose ça au sol mais en plus on réprimande le cheval qui se jette dessus en poussant à moitié les mains.
On met le cheval en léger retrait, puis on dépose les friandises au sol rapidement et on lui laisse l’accès. Inutile non plus de faire de l’excès de zèle du type « pas bouger, attends » comme on pourrait le faire avec un chien. On peut s’amuser à ça plus tard, mais dans un premier temps, l’objectif c’est simplement d’avoir un cheval qui a un rapport calme et respectueux à la nourriture et au contact humain.
Un autre préalable c’est de bien distinguer la friandise récompense du fait de nourrir. Une friandise c’est un tout petit morceau de quelque chose et un seul. Une petite rondelle de carotte, un demi-sucre, un bonbon pour chevaux. C’est tout petit, en 2 coups de mâchoire c’est avalé et on en parle plus. C’est anecdotique. Par exemple, donner 3 demi-carottes à chaque fois qu’on change de brosse au pansage, qu’on revient de la douche ou qu’on a dessellé ou sellé est une hérésie.
Ensuite, concernant particulièrement les contacts sur la tête, je pense qu’il faut souvent flatter le cheval en lui caressant les joues, le front, le chanfrein, l’auge. Certains chevaux apprécient qu’on les gratouille un peu à certains endroits de la tête, il faut donc souvent proposer ce genre de contact où la nourriture n’intervient pas mais où la main est appréciée pour ses doigts habiles et ses ongles bien pratiques
Progressivement ces contacts amicaux peuvent donc naturellement s’étendre vers le nez et les commissures, derrière les oreilles et vers les naseaux qui sont des zones plus sensibles. Si on s’y prend avec douceur et petit à petit, beaucoup de chevaux découvrent que ces contacts, craint au départ, s’avèrent bien agréables tout en étant dissociés de l'aliment.
Pour les chevaux qui ont tendance à se soustraire à ces contacts pour plutôt tenter de choper les mains pour en obtenir de la nourriture, je ne tergiverse pas : une petite claque sèche et direct sur le côté de la bouche instantanément. Je ne cherche pas à leur faire mal, mais à être suffisamment surprenante dans ma réaction et désagréable pour qu’il hésite à retenter le coup. Avec un gros NON bien sonore. Et rapidement je reviens au contact avec la main de façon douce et amicale sur la joue ou le chanfrein.
Comme l’expliquait aussi
crm444 , lorsque je prends divers objets en main, je les présente au cheval pour lui faire sentir (les brosses avant de brosser, le cure pied avant de curer, mon mouchoir avant de me moucher !...) et cela d’autant plus si je porte ma main à ma poche et qu’il semble justement en guetter une friandise. Ainsi dans la très grande majorité des cas, il constate qu’il n’y a rien à manger. C’est toujours cette idée d’apporter la preuve permanente que la main est dissociée de l’aliment dans la majorité des cas et qu’il est donc inutile d’anticiper une offrande tel un Pacman ! Y être attentif oui mais ne pas la considérer comme une gamelle !
Ce que je fais aussi, c’est que j’avance le dos de ma main (ouverte ou fermée) vers le nez du cheval pour qu’on se salue. Un peu dans le principe de la cible (target) dans des méthodes comme le clicker ou la façon dont les soigneurs dressent les animaux de zoo pour les préparer à des soins vétos. L’idée est d’avoir un pré-contact simple sans le geste de l’offrande (main ouverte retournée montrant son intérieur).
Je fais cela main fermée avec parfois une friandise à l’intérieur. Je présente le dos de mon poing vers la bouche, le cheval touche doucement avec sa bouche fermée, je retourne la main et l’ouvre, il prend la friandise. Je caresse sa joue ou son chanfrein. C’est un peu une manière de prévenir qu’il va y avoir quelque chose et du coup le cheval n’a pas besoin de se précipiter, il sait que le contact précède l’offrande, donc il s’applique et mesure son geste.
Lorsque je me retrouve avec un cheval qui redemande une friandise après en avoir déjà eu une, je montre clairement les mains ouvertes verticalement et un peu hautes au niveau de ses yeux, comme un « haut les mains » policiers ! Je dis, « c’est fini » et laisse le cheval sentir mes mains. C’est un moyen de lui apprendre à arrêter ses sollicitations, genre : la boutique est fermée, passe à autre chose l’ami ! En ce qui concerne les chevaux avec qui j’ai fait cela, ça a toujours bien marché. Ils ont vite compris que les mains vides et levées ou le "c'est fini" = rien à manger.
en fait, il faut être cohérent sur toute la ligne dans l'usage de la nourriture. Aussi bien lorsqu'on donne une ration (au sol et dans le règles de politesse) que pour l'attribution raisonnée d'une récompense alimentaire.