Au nom de la terre

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Tiredaile

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Au nom de la terre
Posté le 20/10/2019 à 21h05

Bonsoir, cette après midi, je suis allée voir le film Au nom de la terre avec Guillaume Cannet -il était dans le film hein pas avec moi-, et franchement j'ai pris une claque. Je pense que comme beaucoup de gens je n'imaginais pas la difficulté du métier d'agriculteur, du moins pas à ce point.

Donc je créé ce post, pour dans le cas où d'autres auraient été marqués par ce film, pour en parler. Et si des agriculteurs, agricultrices présents sur CA veulent réagir aussi, ils sont les bienvenus.

Poulca

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Au nom de la terre
Posté le 20/10/2019 à 21h14

Moi j'ai été le voir et je travaille en agriculture (mais je fais partie des méchantes coopérative). Ba j'étais très déçue pour ma part. Je m'attendais à ce que ça parle vraiment plus agriculture (les avances courts termes pour les semis, les contrats d’approvisionnement en coopérative...) alors que dans le film le banquier on le voit 1 minutes, pareil pour le gars de la coop, le jugement au tribunal on ne le voit pas...
Bon par contre, moi qui n'aime pas Cannet, je trouve qu'il a bien joué. Mais en gros ça parle vraiment plus de la descente en dépression et du calvaire de l'entourage que des soucis agricoles eux même.
Après, j'ai pas trouvé ça nul non plus, c'était bien, mais je m'attendais à mieux vu le bruit que ça a fait.

Tiredaile

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Au nom de la terre
Posté le 20/10/2019 à 21h33

Ils se sont plus concentrés sur le bonhomme et sa famille que réellement sur les problèmes agricoles. Sans être totalement hors sujet, ils n'ont pas traité du problème dans sa globalité.

Tekkenyo

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Au nom de la terre
Posté le 20/10/2019 à 21h41

Je fais mes études dans l'agronomie, et en stage cet été j'ai pu voir de très (trop ?) près l'enfer de la vie d'agriculteur : les (très) grandes difficultés financières qui brisent une vie de couple, les journées sans fin, l'absence totale de reconnaissance, pas d'argent pour embaucher, donc pas le temps de vendre, donc pas d'argent... Cercle vicieux. J'y ai vu la détresse de l'exploitant qui passe des heures à chercher des solutions pour sauver tout ce qu'il a bâti, j'ai même eu le temps de le voir plonger la tête la première dans la dépression. Je mentirais si je disais que je n'avais pas eu peur de le retrouver pendu en arrivant un matin.
Pourtant, j'étais pas dans une exploitation type usine, c'était une petite production, en bio, avec de jeunes exploitants qui voulaient bien faire.
Ah clairement il faut être polyvalent dans le milieu, j'ai fait technicien, ingénieur, vétérinaire, psychologue...

Je travaille en ce moment avec d'autres exploitations sur un module de QHSE, et puis en discutant avec les autres étudiants de ma promo, on fait souvent les mêmes constats, personne ne nous a vendu du rêve.

Mon maître de stage avait été invité à une avant première du film mi juillet, de mémoire il avait trouvé ça plutôt pas mal pour sensibiliser le grand public

Pcql

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Au nom de la terre
Posté le 21/10/2019 à 01h15

poulca Le film est l'histoire vraie du réalisateur ... donc il n'est pas étonnant qu'il ne se concentre pas sur ce genre de problèmes, puisqu'il n'a pas du les vivre du haut de ses 15/16 ans ;)
On a du lui dire "on a un crédit", ah, ok ... "on dépose le bilan", ah, ok ...
Il s'attarde par contre sur la descente aux enfers de son père, parce que pour le coup, ça, il l'a vécue ;)

Bluedu22

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Au nom de la terre
Posté le 21/10/2019 à 01h54

tiredaile je lai vu aussi
l'histoire est criante de vérité.
mes parents et ma s?ur sont agriculteurs.
mes parents ont vécu un incendie, le dilemme qui se pose maintenant es ce quil reconstruisent ou pas sachant que mon père est en retraite et ma mère va l'être dans 2 ans
dans le film, il parle de 30000f pour un poulailler neuf, aujourd'hui on est plus vers 45000?.
alors on va dire que l'assurance paye tout mais cest faux.
l'assurance va juste payer une partie.
ils ont des vides sanitaires de plus en plus long et on leur baisse leur contrat et si il dise quelque chose ce n'est plus 6semaine sans animaux mais le double ou le triple.

puis il ne faut pas oublier que les poulets sont dans le poulailler pendant 45jours en moyenne.
donc 45jours, la paye tombe, on enlève les charges, puis après on attend 6semaine qu'on remplisse le poulailler.
je vous laisse faire le calcul (6 semaines +45jours )
maintenant je vous laisse imaginer combien de temps ils sont sans paye
mais les charges, elle continuent de tomber tous les mois
donc voilà comment foutre les agris dans la merde

Choubichougirl

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Au nom de la terre
Posté le 21/10/2019 à 02h56

Je ne connais pas ce film (même pas entendu parler c'est pour dire ^^), mais la difficulté du métier d'agriculteur... je connais !

Mon beau père est agriculteur et éleveur. J'ai vécu chez lui pendant 10 ans, donc j'ai vu ce qu'il se passait en terme de pénibilité du travail pendant 10 ans.

Et franchement chapeau !

Je l'ai vu avoir des journées intensives. Partir à 6h le matin, rentrer à 23h le soir, tellement noir de poussière qu'on le reconnaissait pas.
Je l'ai vu trimer jour et nuit pour récolter avant que la tempête annoncée ravage son champ.
Je l'ai vu aussi à genoux dans ses porcheries à nettoyer à la brosse chaque recoin pour que ses bêtes aient un endroit propre, avec l'odeur infecte du lisier dans le nez toute la journée.

Bien sûr ce n'était pas tout les jours comme ça, il y a des jours plus calmes que d'autres au fil des naissances, au fil des cultures, de la météo et des saisons.

Il a un bon train de vie. Belle voiture, belles vacances, gros travaux dans la maison. Il l'a mérité c'est sûr.

Agriculteur c'est un travail erreintant, pas assez aidé par l'état.
Mais je n'ai pas la sensation de la profonde misère financière dont certains parlent.
Après, c'est une petite expérience en tant que spectatrice. Rapprochée mais seulement spectatrice.

Liteulorce

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Posté le 21/10/2019 à 04h22

bluedu22 Oui mais un poulailler, c'est installer chez soit la production d'un autre, non?
choubichougirl@@
"Pas assez aidé par l'état"? Tu peut préciser?

Cudowny

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Posté le 21/10/2019 à 07h31

Mon conjoint est agriculteur. On a été voir le film...très prenant, très vrai malheureusement!

L'année dernière, on a eu des soucis financiers à la ferme. Effondrement du prix de la viande, animaux qui ne se vendent plus ou à un prix qui ne permet pas de rentabiliser le travail en amont, de payer les fournisseurs, la MSA... Les banques qui sont tout sont compréhensives sur des délais, qui ont menacé de tout "prendre" (la maison, le perso qu'on a ensemble...). Pas de versement de salaire en 6 mois, et puis l'enfer de mon conjoint qui sature et me dit qu'un soir, je le retrouverai pendu quand je rentrerai du travail...

Ca a été extrêmement difficile, j'en veux à la banque de nous avoir traité comme des sous-m**des, j'en veux à la MSA de n'avoir accepté d'échelonnement/d'aide psychologique ("oui on peut vous faire voir un psy sur une séance"...ah oui super hein) et d'avoir continué à nous facturer quand plus rien ne pouvait entrer niveau financier!

On remonte la pente depuis milieu d'année (et pas trop mal en plus) mais franchement, ça laisse des cicatrices! Par chance, j'ai un travail à l'extérieur, ça ne paye pas tout (faut se dire que ce sont des factures avec 4 zéro qu'il faut généralement payer aux fournisseurs) mais ça aide pour le loyer/courses/sorties/à côtés! Pareil, pas de vacances depuis 2 ans, mais ça (re)viendra (on prend en général 5 jours par an lol)!

Quand on voit l'agri-bashing en ce moment, c'est à dégouter!

B3l3tt3

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Posté le 21/10/2019 à 07h47

J’ai été conseillère auprès d’agriculteurs pendant des années et une personne de mon entourage très proche s’est suicidée.

J’ai été très choquée par ce film : il est trop vrai.
J’ai passé tout le film à remarquer que tel ou tel personnage me faisait penser à tel ou tel client que j’avais accompagné...
Je ne savais pas que le film parlait du suicide, ni que c’était une histoire vraie.

Depuis que je l’ai vu, je n’arrête pas de penser au suicide, à mes clients agri dont le frère ou le père s’était suicidé, à ceux que j’ai vu parce qu’ils avaient des difficultés d’entente avec leur père (comme dans le film, y’en a tellement chez les agri) ou qui avaient des problèmes d’argent...

Je voudrais revenir en arrière et n’avoir jamais vu ce film.

Bluedu22

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Posté le 21/10/2019 à 08h56

liteulorce alors jai pas trop compris ta question
mes parents ont les poussins à 1jour et on les enlèvent pour abattage entre 36 et 45 jours selon le poids que veut l'abattoir

apres pour faire simple les poussins et l'alimentation n'appartiennent pas à mes parents, ils n'ont pas un droit de regard sur la composition de l'aliment ni sur la souche du poulet.

Une_rideuse

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Posté le 21/10/2019 à 10h28

Je travaille dans une coopérative agricole, j'ai fais des études agricoles.

Mais clairement je ne sais pas si je vais aller voir le film, rien que la bande annonce me prends au tripes..

Netif

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Posté le 21/10/2019 à 10h50

Je n'ai pas vu le film (encore)

mais c'est pas un soucis au niveau de l'état pour moi. Le soucis vient plutot des centrales d'achat qui achètent les produits à un prix dérisoire.
L'alimentaire est une vente à perte alors que ça devrait être interdit.

Revenons à des prix convenable et là nous verrons un vrai changement dans les repas des Français...
Donc oui surement moins de viande (ça c'est pour tout ceux qui en consomment tous les jours ) mais surtout de meilleurs qualité derrière.. !
Et une vie plus sereine pour tous ses producteurs/éleveurs !

Tiredaile

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Posté le 21/10/2019 à 17h05

Ce qui m'a marquée c'est la lente descente vers la dépression, travailler, travailler comme un forçat pour gagner des roupettes ça n'a jamais rien amener de bien.

Bluedu22

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Posté le 21/10/2019 à 18h42

tiredaile en ce moment on propose aux jeune qui veulent s'installer en avicole des contrats clefs en main ou pendant 15ans ils seront remplis avec de petits vides sanitaires mais par contre ils ont rien droit de dire sur ce qu'on leur met
on sait aujourd'hui que le marché polonais prends de l'ampleur sur le marché français
ldc qui gère la marque le gaulois notamment, a des part dans le marché polonais.
si les français refusent ce que ldc veut faire alors il se tourne vers les polonais qui eux accepte tout

Kiiwii

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Posté le 21/10/2019 à 19h04

Je travaille pour Solidarité Paysans, une association d'aide et de soutien aux agriculteurs en difficulté. Edouard Bergeon et Guillaume Canet nous soutiennent ouvertement depuis le début de la campagne de promotion du film.

J'ai vu le film à plusieurs reprises.

A chaque fois c'était pour des ciné-débat, à chaque fois ça m'a retourné les tripes, à chaque fois la salle était médusée qu'il y ait 150 ou 250 ou 500 spectateurs.

Le film est absolument criant de vérité. Comme nous le disons, oui c'est dur mais ce n'est "QUE" la vérité. Et encore, certaines situations sont pires encore !
Pour avoir pas mal causé avec Edouard Bergeon, il a montré sa vision de son histoire (avec des modifications). On voit extrêmement bien le processus de dépression, descente aux enfers que subit l'agriculteur.


Notons que chacun peut agir pour changer ça ! Les consommateurs peuvent "tout simplement" devenir des consomm"acteurs !
C'est dit dans le film : il produit du poulet à pas cher, c'est de la merde mais le consommateur en a pour son argent... et lui ne vit pas.
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