États d'âme de propriétaire
Posté le 14/01/2020 à 17h10
tucky
Posté le 14/01/2020 à 17h10
Hello CA,
Je n'ai pas trouvé de sujet hyper similaire, je me permets donc d'en créer un nouveau... Je crois que j'ai terriblement besoin d'aide, et surtout de recul et de personnes qui m'aident à me poser les bonnes questions.
Je suis depuis quelques temps proprio d'une petite jument découverte sur CA, un coup de coeur sur lequel j'ai craqué bien que la bête soit inapprochable dans son pré. Je l'ai acheté à 2 ans et demi, récupérée à 4 ans après bien des péripéties pas fort heureuses (notamment un pré-débourrage effectué de manière catastrophique par une "pro"). J'ai traversé ma première crise de doutes à ce moment : la bête était non (ou mal) manipulée, et ne voulait clairement pas me voir. J'ai appris la patience et la remise en question, j'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment qui m'ont aidé à la comprendre et à l'aimer, et maintenant, ma puce de 5 ans et demi est un amour de pot de colle, et j'ai envie de croire que toutes les deux, on a créé un vrai lien de confiance.
Elle a été débourrée par un pro qui a continué à nous suivre dans l'évolution du travail, mais voilà un an que je ne la monte plus : ses pieds étaient dans un état catastrophique, les maréchaux qui sont intervenus n'ont rien arrangé, et le podologue grâce à qui, depuis un an, elle retrouve du confort à marcher, m'avait fortement suggéré de ne pas lui imposer de poids à porter, tant ses pieds étaient fragiles et mal orientés. Je n'ai pas discuté et ai raccroché temporairement les étriers, pour moi, son confort passait avant tout. Elle a passé cette année entre travail à pied et vacances au pré. Et à mesure que l'échéance de la remettre au boulot revient, je me rends compte que plus le temps passe, moins j'ai envie.
Je n'ai pas perdu l'envie de monter, je monte d'ailleurs 2 à 3f/semaine un cheval qu'un proprio de mes écuries me passe très gentiment, mais vis-à-vis de ma jument, je suis emplie de doutes.
- Déjà au niveau caractère : c'est une jument extrêmement gentille, qui adore apprendre et comprend vite, mais elle est aussi à fleur de peau, très angoissée et grégaire à fond, et maintenant que la crise d'ado commence, elle multiplie les émotions x1000. Au pré, elle s'était faite une super copine, elles étaient à leur retour de pâture voisines de box, mais la proprio a pris la décision (que je ne jugerai pas, ce n'est pas le sujet) de changer d'écurie en très peu de temps (une semaine environ), sans nous laisser le temps, au gérant et à moi, de gérer la séparation de manière moins brusque. Même si elle s'est calmée, j'ai l'impression que la vision du moindre cheval qui l'appelle provoque en elle des réactions complètement excessives et surdosées, au point qu'elle en oublie complètement le respect dont elle fait habituellement preuve.
- Pour ne rien arranger, je traverse une situation personnelle très compliquée qui me demande du temps, de l'énergie et beaucoup de soutien auprès de mon conjoint. Cette situation n'est pas prête de s'arrêter, et bien que ma jument soit mon havre et m'ait permis un grand nombre de fois de ne pas perdre pied. Mais quand on dit que les chevaux sont les miroirs de nos émotions, je ne peux qu'y croire : depuis que mes soucis persos se sont intensifiés, ma jument cumule problèmes sur problèmes, entre fausse alerte de problème cardiaque, le foie qu'on a cru un moment partir à la dérive, et là, une gale de boue qui dure depuis septembre et ne parvient pas à se finir, malgré un protocole véto plus que sérieux (analyse en labo des croûtes, adaptation du traitement, ...). J'en suis de plus en plus à croire que ces maux, c'est par ma faute qu'elle les subit, parce qu'elle ressent sans doute ma tristesse, mon stress, mon manque de motivation. Malgré le fait qu'elle soit manipulée, elle est de plus en plus imbuvable aux soins, ce qui n'arrange rien.
Mon conjoint, qui me soutient pourtant dans ma passion et aime venir de temps en temps s'occuper de ma jument avec moi, est de plus en plus touché par le temps que je consacre à ma grosse VS lui (surtout en ce moment où il a un gros besoin de ma présence et mon soutien), et les engueulades sont de plus en plus nombreuses à tel point que je me dis que, même s'il finit toujours par accepter que ma passion est un pilier essentiel à mon équilibre, un jour, si ça continue, je serais amenée à choisir entre elle et lui.
- Ma jument est 6 mois au pré/6 mois en boxe. Dans mon coin, il n'y a que très très peu de pension pré à l'année et elles sont souvent plus que douteuses l'hiver. J'ai choisi une écurie où le gérant est aux petits soins et à l'écoute, où une grande liberté est donnée au proprio pour gérer son cheval, où il y a beaucoup d'entraide, c'est une écurie chère certes, mais aussi accessible à pied depuis chez moi, un choix que j'ai fait pour être un maximum là pour elle, surtout l'hiver (j'arrive pas à concevoir de la laisser faire placard une journée entière).
J'ai la solution de la mettre avec une vieille jument dans un grand box/paddock si l'entente passe entre les deux, mais vu les pluies en ce moment, le paddock est assez boueux et avec sa gale de boue qui persiste, je ne peux rien faire...
Tout ça mis bout à bout sur les coûts que ses différents maux engendrent, sur mon état d'esprit, le sien, je me pose 1001 questions :
Étais-je vraiment faite pour un cheval très émotif ? A la base : étais-je vraiment faite pour un poulain, et donc le temps et l'investissement que ça demande ? Est-ce que je ne me suis pas laissée emballée par ce coup de coeur que j'ai eu pour elle ?
Est-ce vraiment sain, est-ce que ça ne frôle pas l'orgueil ou la fierté mal placée de vouloir la garder auprès de moi quand j'ai l'impression de lui faire plus de mal que de bien ?
Ne serait-elle pas mieux ailleurs en France, dans un pré tous les jours avec des copains, dans le respect de ses besoins les plus basiques ?
Est-ce qu'elle ne s'ennuie pas aussi un peu ?
Est-ce que je ne devrais pas l'éloigner, le temps de récupérer de mon côté, malgré qu'elle m'aide aussi à tenir dans les épreuves ?
Ces temps-ci, je me sens vraiment mauvaise gardienne, j'ai beaucoup de difficultés avec tout ça cumulé à garder de justes émotions face à elle, et j'oscille entre culpabilité et désarroi de me voir de plus en plus me bagarrer avec elle, particulièrement aux soins, et prendre de moins en moins de plaisir à la voir (et sans aucun doute, elle le ressent certainement).
Je suis plus que convaincue, sitôt que j'aurais le feu vert de mon podologue pour le travail monté, de la renvoyer pendant un mois chez mon coach s'il peut me la prendre. Il l'a débourré, l'aime beaucoup et ma jument lui rend bien. J'espère aussi qu'il saura rallumer un peu cette flamme qui s'éteint progressivement chez moi et dédramatiser les prochaines étapes que j'envisage avec beaucoup d'appréhension (comme par exemple faire nos premières balades montées, rien qu'à l'idée, j'en suis tétanisée alors qu'en balade en main, ma jument est 99% du temps une assurance vie...).
J'adore ma jument, je ne veux que son bien-être, et je me sens démunie par cette situation, mais j'ai surtout l'impression que je fais une overdose et je n'arrive pas du tout à gérer tout ce cumul de trop-plein.
Vous, proprios, qui vous êtes posés je suppose déjà 1001 questions de ce genre, ou pas, comment les avez-vous gérés ? J'ai vraiment besoin qu'on m'aide à me poser les bonnes questions pour que je cesse de tourner en rond dans mes réflexions...