Je me permets de te partager le cheminement avec le mien avec mes essais/erreurs, sait-on jamais, si ça peut te donner des idées
Réformé de 6 ans maintenant, acheté à 3 ans et demi. Trotteur qui a fait les qualifs + l'AFASEC pour "apprendre aux jockeys à monter". Autant dire qu'on partait avec une balle dans le pied dès le départ niveau relation au mors hein
- Après son achat, passage du dentiste : il remarque une dent de loup mais n'est pas sûr qu'elle gênera. On la laisse pour le moment, surtout que je passe mes premiers mois à pied.
- Re-débourrage du cheval, on réhabitue progressivement à tout l'équipement dont le filet et le mors : aucun problème pour l'accepter mais on fait des balades à pied avec, on va brouter avec pour qu'il l'associe à quelque chose de positif.
- Retour en selle, je découvre un cheval qui ouvre GRAND la bouche même sans contact sur les rênes, qui secoue la tête, a une bouche sensible et en même temps n'hésites pas à tracter. C'est compliqué, la relation à la bouche est vraiment pas bonne. Qu'est-ce qui est en cause : la dent de loup ou son passé ? Avec le travail, il y a une timide progression mais je rappelle le dentiste.
- Extraction non pas d'une mais de DEUX dents de loup, dont une cassée
Le pauvre devait vraiment être bien gêné... Je laisse largement le temps de cicatriser et on y retourne. Entre temps il est biensûr vu par l'ostéo, qui ne trouve rien de particulier, que des blocages "habituels" pour un cheval de cet âge sorti de courses.
- On teste plusieurs mors, on continue le travail : il y a vraiment de gros progrès ! Mais il se braque facilement bouche grande ouverte et langue dehors pour échapper à la main. Et moi qui manque de tact et de fixité, le fait qu'il s'échappe ainsi et secoue la tête me met en difficulté, mes actions de main sont encore plus mauvaises, il se braque encore plus, cercle vicieux... De plus, je manque parfois de contrôle à cause de ça, ce qui pourrait devenir un peu périlleux quand on travaille le galop. Après 1 an de boulot en mors double brisure et muserolle française, je cède à l'idée de Coach : mettre un noseband. Je le fais la mort dans l'âme en ayant l'impression de faire du cache-misère mais le résultat est là : mon cheval ne peut plus échapper à mes actions de mains, il se défend moins (ou du moins en apparence), j'arrive du coup à poser mes mains et à mieux doser mes actions ce qui nous apporte du confort à tous les deux. Le noseband lui apprend également qu'il est plus "confortable" de céder que de se braquer à la moindre demande. Je fais venir une bit fitteuse (séance catastrophique car cheval qui s'agace très vite quand on lui manipule la tête) qui va nous trouver un mors qui nous convient encore mieux, tout en validant la nécessité du noseband pour le moment.
- Je tente aussi quelques trucs : faire des cessions à la machoire/nuque en main pour être sûre qu'il ai bien compris l'utilisation du mors. J'ai commencé à longer avec le filet sous le licol car j'ai remarqué qu'il travaille beaucoup moins décontracté dès qu'il a son mors... ou même sa selle. Je reviens donc en arrière pour retravailler l'acceptation de l'équipement (synonyme de travail monté pour lui) : je me mets à travailler à pied (il adore ça) avec filet et selle sur le dos pour lui montrer encore et toujours qu'on peut faire des trucs sympas même en étant équipé.
- Je tente d'enlever le noseband une première fois : c'est mieux qu'avant mais il est toujours lourd sur la main et quand ça lui convient pas, il coupe court à toute discussion main/bouche. Je remets, on continue de bosser.
- Je change d'ostéo qui trouve celui-ci des blocages dans la mâchoire (et d'autres ailleurs, que le précédent n'avait pas vu en plusieurs visites) et constate aussi que la manipulation de la tête n'est pas son fort. A la dernière visite il y a 2 semaines, on discute de tout ça et il me dit que ses rapport difficiles avec le mors et la manipulation de la tête viennent certainement de mauvais souvenirs (mors durs dans les courses, mauvaises mains qui l'utilisent, souvenir des douleurs des dents de loup) mais surtout de nombreux blocages qui nécessiteront un vrai travail de fond avant de s'en débarrasser complètement. Mon cheval est vu tous les 6 mois/1 an par l'ostéo et là encore, il avait l'oreille droite complètement verrouillée de partout. Mais à chaque visite l'ostéo arrive à aller un peu plus loin dans les manipulations.
- Enfin, après un peu plus d'1 an d'utilisation, après le confinement j'enlève le noseband et cette fois-ci ça a l'air d'être la bonne
Il a la bouche bavarde : claque des lèvres, mâchonne, l'ouvre parfois pour me dire quand je fais du caca avec mes mains (et il a raison !) mais plus de grosses rétivité, à tout moment il est toujours à mon écoute et moi à la sienne, on discute ! Et bien sûr de mon côté, j'ai eu le temps de travailler sur mon contact qui s'est amélioré et ça change tout ! C'est loin d'être parfait, j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir mais on peut enfin travaillé en simple muserolle française.
Bref, presque 3 ans de parcours qui me font dire que le mauvais rapport de mon cheval au mors vient d'un mélange de choses :
- De mauvais souvenirs : il faut donc inverser la vapeur et lui montrer qu'on peut faire des choses chouettes avec un mors et que j'améliore sans cesse ma main pour qu'il prenne confiance.
- De douleurs : dents de loups + blocages sur la tête. Ça prend du temps, mais on en viendra à bout. On a tout soigné, adapté le matériel, reste les manips ostéo chaque fois plus poussées (car il accepte de plus en plus) pour finir de tout dénouer.
- De façon plus global, d'un mauvais rapport au travail monté : mors + filet = travail monté, travail monté = stress (le passage à l'AFASEC ?), encore plus avec cette histoire de galop (
). Du coup il me semble que c'est un travail plus large que simplement soigner la bouche et trouver le bon mors qui est à mener.
Voilà pour ma petite expérience de cavalière lambda avec son coeur sur pattes de réformé