je ne sais pas pourquoi cette nuit j'ai repensé à mon premier cheval.
Ca faisait des années que je n'avais pas effleuré ces souvenirs.
J'avais 13 ans et on vivait en Mauritanie.
Un jour où mon père picolait avec un jeune homme très séduisant ma mère m'a présentée en disant un truc du genre "haha elle ne jure que par les chevaux" et cet inconnu m'a proposé d'aller voir le cheval qui était chez lui.
Il habitait chez un vétérinaire, une maison avec jardin rempli de plein d'animaux, dont un cheval une tortue de désert, deux fennecs un "sauvage" dans le jardin et un "domestique" avec un noeud autour du cou, qui vivait dans la maison et dormait sur le lit, 2 canards de barbarie et je crois que c'est tout ! lol.
Jardin qui avait le luxe d'avoir une pelouse et des plantes (la Mauritanie c'est que du sable au milieu du désert donc faut avoir financièrement de quoi arroser une pelouse)
Après avoir été "introduite" devant le personnel de maison, Moussah j'ai eu mes entrées presque à toute heure du jour dans le jardin du moment que le boy était là pour m'ouvrir la porte.
J'ai croisé une ou 2 fois le maître de maison qui était albinos et portait donc perpétuellement un chèche sur la figure sous peine de cramer au soleil brûlant (heureusement maman m'avait prévenue, une telle apparence physique chez un humain, cela fait un choc ! je n'ai pas commis d'impair)
puis des fois quand j'y allais tôt le matin, les hommes se levaient et c'est quelques années plus tard que je me suis rendue compte qu'ils étaient homosexuels (mais sur le coup j'avais d'autres préoccupations ! haha)
Alex avait été "hérité" avec la maison, quand les occidentaux partent en général ils laissent leur maison, les gens qui y travaillent et les animaux qui y vivent.
Il avait un parc de la taille de 2 box je dirais, avec un auvent pour se protéger du soleil, mangeait 2 seaux de paille d'arachide par jour (matin et soir) . LA grande classe, le luxe pour ce pays.
...et portait ce nom car le vendeur de son premier propriétaire lui avait dit l'avoir acheté à Aleg du côté du Sénégal, peut-être croisé avec du Cheval fleuve car il était plutôt grand et joli (1m40, pas grêle) On avait le même âge :)
pendant une bonne année j'y suis allée tous les jours avant ou après l'école, le brosser le promener, le monter, le sortir, explorer plein de quartiers de la ville, faire des courses contre le vent, comme on fait quand on est ado :)
ensuite la mutation de mon père a pris fin, on est rentré en France, la même année le vétérinaire est rentré aussi, la maison a été reprise par un colonel dont la fille faisait de l'équitation... ;
puis il y a eu des émeutes et un coup d'état, tout le monde s'est barré en vitesse pour rentrer en métropole et une fois de retour la maison avait été pillée et le cheval avait bien sûr disparu.
Va savoir ce qu'il est devenu.
Sur le coup j'avais trouvé ça raide quand un européen, juste après notre arrivée, qui devait partir définitivement avait fait euthanasier son cheval. Bon quand on voit l'incertitude de leur vie et les difficiles conditions des chevaux locaux, ça se discute mais ne se condamne pas finalement.
bref je mesure la chance que j'ai eue d'avoir ce cheval, petit entier sympa qui est entré dans tous mes jeux, a supporté tous mes caprices, m'a tous les jours tenu compagnie et a été une vraie nourrice pour la jeune cavalière que j'étais
par contre je ne sais pas pourquoi j'y ai repensé subitement pendant la nuit