Pourquoi est-ce qu'il y a des gens qui ne sont pas d'accord ?
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles tu peux entendre des choses qui sont, ou qui semblent, contradictoires :
- niveau de compétence de l'enseignant,
- école ou méthode utilisée différente (on veut te faire aller à la même destination, mais sans utiliser le même trajet)
- certaines actions / aides (toutes en fait) évoluent avec le niveau du cavalier, et avec le niveau de dressage du cheval. On dit des choses à des débutants, et des années plus tard on leur dit que finalement c'est pas comme ça qu'on fait. La raison la plus simple est qu'un débutant ne va pas réussir à appréhender ou "faire" l'action plus fine qui lui sera demandée plus tard et donc qu'on lui fait aller "au plus facile et efficace pour lui"
[i]Un exemple : "mains sans jambes, jambes sans main" ==> on apprend à petit niveau à ne pas "donner des jambes" quand on cherche à ralentir, mais qu'il faut utiliser le haut du corps ("redresse toi et lève les mains"). De même quand on veut plus d'impulsion ou passer à l'allure supérieure, on leur répète inlassablement de ne pas tirer sur les rênes en même temps.
Et plus on progresse, plus on utilise tout son corps à la fois, à chaque fois que l'on veut quelque chose. Quand je passe à l'allure supérieure, je continue à demander mon incurvation et ma mise en main, donc je continue à utiliser les mains, à avoir du contact. De même que dans une transition descendante je garde mes jambes et mon assiette dans l'action parce que là encore je veux conserver ma mise en main.
Mais si tu demandes ça à un petit niveau, tu te retrouves avec un cavalier qui donne des coups de talons en tirant sur la bouche...[/i]
- On a parfois un enseignant qui veut nous dire la même chose, mais qui utilise des termes différents pour le dire, si différents qu'on a l'impression que c'est autre chose.
- Une demande peut être différente si elle s'adapte à la difficulté du moment du couple. Un exemple pour moi : je n'ai pas les mêmes difficultés à main droite et à main gauche, et du coup, mes actions entre "quand je suis à main droite" et à main gauche ne sont pas symétrique. A main droite, je suis parfois presque en rêne d'appui droite. --> bien sûr que ce n'est pas souhaitable, qu'il faut avoir conscience que ce n'est pas "la position nominale à rechercher", mais c'est parce qu'à l'instant T c'est mon action pour répondre à notre difficulté. Donc j'ai une prof qui me dit "fait presque une rêne d'appui", ça ne veut pas dire qu'il faut faire systématiquement une rêne d'appui à l'intérieur

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Pour ce sujet là, n'hésite pas à demander une pause dans le cours pour poser la question explicitement : "attends, jusque là on me demandait ça, toi tu me parles de ça, pourquoi ? Pourquoi tu me fais faire ça ?"
Et je reformule souvent : "ok, donc en fait avant on me demandait de ne pas tirer parce que sinon j'allais freiner le cheval, et maintenant tu me demandes de maintenir un contact pour qu'elle puisse s'appuyer dessus, parce que c'est ce qu'on veut pour qu'elle passe au dessus du mors, mais si je le fais bien, ça ne va pas être perçu comme une demande de frein ?"
J'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup posé ces questions, et encore aujourd'hui, à mon enseignante, surtout lors de la première année avec elle. Et pour les mêmes raisons que toi : j'avais parfois l'impression qu'on me demandait le contraire.
Avec le recul, parfois c'était un moyen de nous faire passer une difficulté, parfois c'était parce que dans la progression, on en arrivait à un point où les aides s'affinaient et donc on changeait un peu de façon de faire.
J'aime que les choses soient cohérentes, claires, avoir un mode d'emploi : je demande donc de la clarté à mes enseignantes, et bah écoute, ça passe bien, j'ai toujours du répondant et des explications claires en face.
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Tu n'es pas nulle. Au contraire. Que tu perçoives les différences entre ces demandes, que tu cherches à te questionner, à approfondir, montre bien que tu n'es pas nulle.
Tout le monde est en progression permanente, toi aussi.
Concernant le choix de l'enseignant : se sentir bien avec la personne est important. Perso je sais que je vais prendre un second cours si les critères suivants sont réunis :
- j'ai l'impression, le sentiment, qu'on a respecté mon cheval,
- j'ai l'impression et le sentiment qu'on m'a respectée moi,
- j'ai l'impression d'avoir appris quelque chose, et que la personne a des choses à m'apprendre,
- je descend de cheval avec le sourire.
Dans ton cas, essaie de mettre de côté un instant le fait que tu te sentes déboussolée par ces changements de méthodes, et demande toi si tu t'es sentie bien avec cette personne, si tu as eu le sentiment qu'elle pensait au bien-être du cavalier aussi. Ecoute ton intuition.
Si tu as un doute, demande un second cours, et permets toi de poser 20 000 questions dès la première incohérence. Explicite un maximum cet écart : "mon enseignante d'avant me demandait de ... J'ai l'impression que tu me parles du contraire, ça me perds."
Tu peux aussi lui dire que toi, tu as besoin d'encouragements, qu'elle te rassure aussi sur ton niveau et sur tes acquis. Quand on change de méthode, d'enseignant, ou qu'on passe un gap, on a parfois l'impression que l'océan des choses à apprendre est teeeeeeeeellement vaste que plus rien n'est acquis, on n'a rien de "solide" auquel se raccrocher, plus aucune certitude. C'est là qu'on se sent nul ("tout ce que j'ai appris avant ne compte pas, c'est à jeter à la poubelle, ça ne sert à rien"), alors que si on en est arrivé à cet océan, c'est bien qu'on a parcouru un chemin avant !
C'est aussi le rôle de l'enseignant de te rassurer sur le chemin parcouru avant, et de t'indiquer où sont les acquis auxquels tu peux te raccrocher pour le moment.
Ne serait-ce que : "ok, on va d'abord travailler sur ces points, parce que le reste c'est pas mal".
Courage

Ca n'est pas facile de se sentir bien et en confiance avec une nouvelle personne.