nox_inox Oh que c'est sympa de revenir ici depuis tout ce temps et de voir que tu prends de nos nouvelles
Ecoute depuis le mois d'avril, il m'est arrivée bien des choses..
D'abord en Mai, j'ai organisé un voyage de 2 semaines avec mes parents aux États Unis.. mes parents vieillissants, j'avais absolument envie d'organiser un voyage en famille pour qu'on profite tous ensemble, tant qu'on était tous en
bonne santé.
Bref ce fut intense en fatigue, mais plein de bons souvenirs pleins la tête!
Seulement au retour, j'ai du "payer" car j'ai du faire toutes mes heures du mois en.. 2 semaines qui restaient! (ouais mon contrat de travail est chaud..).
J'ai donc enchainé les 24h un jour sur deux pendant 15 jours.
Au milieu de cette farandole de gardes, j'ai récupéré les clefs de ma maison (signée en Février)
!
Alors j'étais heureuse, certes, mais j'ai du signer chez le notaire, récupérer les clefs, déménager, emménager, résilier tous les contrats, prendre tous les nouveaux.. uniquement sur mes jours ENTRE les gardes de 24h.
J'ai cru y laisser ma peau cette fois.
Bref cela nous amène à presque fin juin!
Je peux enfin refaire mes trajets (je rappelle que j'ai 3h de route pour voir mes chevaux) car enfin moins de gardes rapprochées.
Je décide de combattre le noir qui est en train de m'envahir (l'impression d'être entourée de détraqueurs constamment, pour les quelques qui auront la nef'): maintenant que j'ai la maison, le jardin, je me cherche le petit chien de mes rêves, que j'ai toujours attendu d'avoir.
Cette nouvelle quête me met du baume au coeur..
Mais là, triste constat, en retournant voir mes chevaux, je sens ma Hali éteinte, elle ne pétille plus. Elle est énorme, se déplace moins bien, je ne la sens pas.
Dans le même temps, je découvre une masse à mon père dont j'organise les explorations à l'hôpital...
Je trouve mon bébé chien de rêve début juillet, quelques jours avant mon anniversaire. Un petit teckel à poil dur. Ubert Le Rouge. Il fait instantanément notre bonheur, il n'est que joie et bonne humeur.
Mais ma joie dure peu.
Le verdict tombe pour Hali: elle a un Lyme très fortement positif, mais pas que, la Pyro revient également fortement positive.. et le tout déclenche une fourbure d'emblée sévère.
Dans le même temps, mon petit Ubert tombe malade.
Il est pris de vomissements qui ne s'arrêtent pas.. il est hospitalisé en clinique pendant que j'enchaine les gardes, inquiète. J'ai l'instinct que ça va mal finir.
Au bout d'une semaine de soins, son état se dégrade encore, le vétérinaire tente une laparotomie en urgence pour éliminer un corps étranger, qui reviendra blanche, mais il y trouve un foie au tapis.
Pendant cette nuit là, je fais ma garde le coeur serré, je n'ai plus beaucoup d'espoir.
Le lendemain matin, après 24h sans sommeil, je prends ma voiture et l'autoroute sous les larmes.
J'ai prié une première fois, moi qui ne croit pas en Dieu.
Mon père m'appellera sur le trajet.. Ubert est mort.
Je n'ai pas eu le temps de le revoir vivant, je n'ai pas eu le temps d'être auprès de lui.
Il est mort seul, seul pendant que je roulais comme je pouvais défigurée par les larmes qui savaient que mon petit chien vivait surement ses dernières heures.
Je suis allée récupérer mon bébé, j'ai porté son petit corps jusqu'au pré de mes chevaux, je m'y suis effondrée de chagrin.
Mon père et mon copain ont creusé sa tombe en pleurant, tandis que je sentais son tout petit corps froid contre moi une dernière fois.
Fan dans l'âme, j'ai pensé avec un petit sourire mental, que cette scène me rappelait douloureusement la mort de Dobby (on ne se refait pas).
J'ai enterré mon bébé, j'y ai planté des griffes de sorcières, cette plante grasse qu'il aimait tant arracher pour jouer. Plante qui recouvre tout, qui ne meure jamais, et qui fait de belles fleurs.
J'entamais dans le même temps, le traitement d'Hali que nous avons du démarrer en urgence, malgré le risque élevé de complications.
Pose de cathéter au pré, puis moi qui venait tous les jours entre mes gardes lui faire les intraveineuses..
J'ai prié une deuxième fois, pour ne pas perdre les vivants qu'il me reste.
Et puis.. les résultats d'IRM de papa sont tombés, alors que je l'y amenais en personne, avec cet instinct affreux, du médecin, ou de la fille, j'en sais rien.
Un cancer, agressif.
Mon corps et mon coeur, déjà chancelant depuis mes semaines d'insomnie, puis par la mort d'Ubert et la gravité du sort de Hali, se sont brisés tous les deux ce jour là.
C'était le dernier rempart, le dernier pilier. Que la vie est dure parfois.
J'ai prié une troisième fois.
Papa est une force de la nature, toujours positif, solide comme un roc, il fallait bien tenir pour lui.
Mes dernières forces de rage de vivre, je les ai utilisé pour l'accompagner, pour m'occuper moi même de tout son dossier médical, d'user de tous mes contacts, pour faire parvenir le dossier en urgence.
L'urgence. J'en pouvais plus de cette urgence permanente.
Je suis urgentiste, j'ai emmené mon bébé chien en urgence, j'ai soigné Hali en urgence, et là il fallait vite commencer une prise en charge pour mon père.. en urgence.
Bref, le dossier est arrivé vite entre les bonnes mains.
Hali tolérait miraculeusement ses enchaînements d'antibiotiques, une force de la nature, elle aussi.
Et j'ai accueilli un autre petit chiot, bien décidée à rendre un petit heureux coute que coute.
La encore, après une garde de 24h sans sommeil, j'ai traversé la France, un peu plus de 10h de route aller-retour en voiture, pour chercher mon petit teckel (encore un, oui).
Mon coeur, un peu racorni, a fait de la place pour Usko.
Un nez de tamanoir, et un corps de fuet catalan. Et l'odeur du fuet catalan aussi d'ailleurs.
Alors ma chance a tourné.
Le traitement d'Hali s'est terminé, définitivement sans la moindre colique. Son oeil s'est rallumé.
Pour la première fois depuis des mois, nous avons amené les chevaux sur la plage avec papa.
Cette sortie en fin de saison, était teintée de tout ce que l'on avait traversé ensemble, tous. J'en ai savouré chaque seconde plus que jamais.
Il n'a pas fait si beau, nous n'avons pris aucune photo, mais c'était notre plus belle sortie.
Hali en liberté, s'est remise à trotter comme une ballerine.
Wiko pour une fois, est rentré dans l'eau sans que je lui demande.
Il a nagé à coté de moi, même là où nous n'avions plus pied ni l'un ni l'autre..
Hali nous a rejoint spontanément.
J'avais dans mon sillon, mes deux chevaux côte à côte, naseaux plissés, bien décidés à me suivre.
Papa dans l'eau, souriait, seul témoin de cette scène.
Qu'est ce qu'on a été heureux ce jour là.
Et vous savez quoi?
Quelques semaines plus tard, à distance de son traitement de cheval, j'ai retrouvé Hali mince et plus gazelle que jamais. A friser l'insolence.
Papa a eu les résultats tant attendus de sa biopsie, et par je ne sais quel miracle (enfin si, j'ai prié 3 fois), les cellules n'étaient pas cancéreuses.. sa masse était pleine de bactéries, très virulentes certes, surement séquellaires de nos années vécues en Afrique.
Mais pour nous, cette nouvelle bataille nous a semblé si simple, comparée à celle que nous pensions affronter.
Après une hospitalisation et des antibiotiques qu'il prend toujours, mon père est sorti.
Et ce weekend pour la première fois depuis des mois, je suis allée voir mes chevaux le coeur léger.
Ils vont bien, Usko va bien, Papa va bien.
Alors franchement je peux te répondre sincèrement, moi, ça va.