Il faut te dire que, à part pour le dernier, ils ne sont pas vraiment « partis », ils sont juste allés vivre une autre vie. J’ai commencé à monter à 7 ans. Durant mes premières années, j’ai vu plusieurs coliques, souvent impressionnantes. Je rentrais chez moi en pleurant à l’idée que le poney ne soit plus là le lendemain quand j’y retournerai. C’est arrivé une fois, le cheval avait du être euthanasié. Ca m’a marqué parce que j’avais 11 ans, mais pourtant je ne l’avais jamais monté. Après ça, à 14 ans, une ponette que j’aimais bien. J’arrive au club au début des vacances, j’apprends qu’elle est malade et qu’elle va mourir « dans quelques mois ». Moins d’une semaine après, elle s’est couchée dans un coin du club, c’est le véto qui est venu pour arrêter ses souffrances. Un an après jour pour jour, c’était le tour de notre mascotte ultra vieille qui était à la retraite avant que je naisse. Pour ces 3 ponettes + le premier cheval, je les avais vus en mauvais état, voir en train de mourir, et la dernière, c’est moi qui ai constaté qu’elle ne respirait plus. Une autre en colique, qui avait tellement mal qu’on pensait à un problème neurologique. Le véto est venu, j’ai entendu la ponette s’effondrer dans son box. Il y en a eu plusieurs encore après, je n’étais au club que pendant les vacances donc je l’apprenais en arrivant. Un dont je l’ai su en voyant la bâche dans le pré en arrivant, d’autres parce que je ne les voyais plus dans l’écurie, la monitrice m’envoyait un sms (ca a été le cas pour le cheval qui m’a fait passer mon dressage du galop 6). La monitrice a perdu son cheval de coeur également, trop boiteux depuis trop longtemps, il s’est mal couché et n’a jamais pu se relever. J’ai commencé à monter il y a 15 ans, la cavalerie n’étais pas spécialement jeune à l’époque et on les garde tous jusqu’à leur mort, donc forcément c’était amené à arriver. En vieillissant, j’ai appris à moins le prendre à coeur, à m’en détacher. Aujourd’hui je repasse à peine une fois par an dans mon club, je ne connais même plus le nom de tous les poneys. Je sais qu’il y en a surement d’autres que j’ai connus qui sont morts depuis, mais c’est ok, ça fait partie de la vie. Il y en a quelques uns qui me feront plus mal que d’autre : une pour qui ca va arriver bientot (déjà plusieurs années qu’on la voit dépérir doucement de vieillesse), celle avec qui j’ai eu une vraie relation, à monter en balade en licol, sortir de la carrière au galop à cru en cordelette pour un spectacle… La jument qu’on a eue à ses 24 heures et dont j’ai été la « cavalière attitrée » pour la travailler après le débourrage. Et peut être un ou deux autres que j’ai énormément montés et qui m’ont fait valider des galops. J’espère simplement que la monitrice m’en informera. A l’époque où je vivais à moins de 2 heures en voiture, je serais venue leur dire au revoir, peut être garder quelques crins en souvenir. Aujourd’hui je suis à l’autre bout du monde donc ce ne serait plus possible.
Enfin bref, ce long message pour dire que ça fait partie de la vie. Les chevaux en question ne sont pas morts, ils sont pour la plupart partis vivre une meilleure vie. Et il n’y a rien de triste là dedans, au contraire il faut se réjouir pour eux ! Les voir monter dans un camion en sachant qu’ils vont vivre une belle retraite, c’est génial. Les voir mourir sous nos yeux, ça l’est clairement moins. Tous les chevaux que je t’ai cité, j’aurais vraiment préféré que ce soit la première configuration. Mais ce n’est pas le cas, et on ne peut pas passer notre vie à les pleurer. Donc on est triste au début, puis on sourit en pensant aux souvenirs avec eux. Et la vie continue