C’est dans ce petit coin de l’Aisne
Que tu courrais sur le domaine
Humant l’air des saisons
Le nez planté dans l’horizon
Petite chienne vive et légère
Tu caracolais, digne et fière
Maintenant tu reposes sous terre
A deux pas de ta maison
Je te voyais en souveraine
Effaçant mon règne déchu
De nous deux qui était le maître
Nous ne l’avons jamais bien su
Jour après jour, je dois l’admettre
Je t’ai vue peu à peu disparaitre
Tu m’as fait vieillir trop tôt
Mais tu m’accueilleras bientôt
Au paradis des chiens, peut-être ?
Où le vent bouscule ton pelage
Tu m’attendras à la fenêtre
Et nous reprendrons le même sillage
Comme au temps des vertes années
Où toi et moi ne faisions qu’une
Longtemps, longtemps je te pleurerai
Le soir, les yeux plantés dans la lune
Fidji, tu es partie bien trop loin
Je ne fais que t’appeler, en vain
Toi, Charlotte, ma petite boule noire
Ecoute l’écho de mon désespoir
De ces nombreuses années partagées
Il ne me reste rien
Tu m’as peinée, blessée, lacérée
Et tu ne m’as laissé que mon chagrin
Les jours passent et les larmes coulent
Creusant quelques sillons indélébiles
Petites rigoles où rien ne pousse
Rendant mon cœur à jamais stérile
Ma grenouille, mon bout de zan
Je vais laisser passer le temps
Prend patience, attend-moi
Il faut que je te le dise encore
Comme si tu ne le savais pas
Petit moment de ... bref, c'était Morgan Fidji Charlotte, ma boule de poils ...