0 j'aime
Un vrai cheval de dressage
Posté le 11/05/2011 à 18h25
clemiae
Posté le 11/05/2011 à 18h25
J'ai monté 3 vrais chevaux de dressage:
-un anglo gagnant en Saint Georges
-deux SF dressé niveau C/B
Tous trois appartenaient à des enseignants. Pour ma part je n'aurais mis de galop 3/4 que sur l'un d'entre eux (le second). Le premier se serait inquiété et aurait sans doute chauffé. Le troisième l'aurait fichu par terre dans autre forme de procès.
L'anglo était un superbe cheval. C'était un vrai Delacroix. il était tout de cuivre vêtu, sa tête était fine et mobile, ses oreilles étaient incroyablement bien dessinées, ses jambes semblaient mesurer des kilomètres. J'aurais pu passer des heures à le regarder. Sa proprio l'avait achetée pour passer l'instructorat.
Il avait la réputation, selon ses quelques cavaliers, d'être très froid. La vérité c'est qu'il fallait le réveiller un peu mais qu'une fois réveillé il devenait inquiet, c'est comme s'il devenait alors conscient de tout. Sa morphologie laissait apparaître toute la finesse de son caractère.
Par chance, je m'entendais bien avec lui et à chaque fois que je l'ai monté, je l'ai ressenti comme un privilège exceptionnel. Pour appuyer? il suffisait de mettre du poids dans le mollet intérieur, regarder son point d'arrivée et l'appuyer se faisait. Pour s'arrêter? il fallait expirer, fermer le quatrième doigt sur les rênes et peser un peu plus dans la selle.
Pour l'allongement, c'était comme sauter de coussin d'air en coussin d'air. Il fallait être attentif car tout mouvement du cavalier était perçu par le cheval qui réagissait en fonction: si l'on mettait plus de poids sur une fesse que sur l'autre, par exemple, et c'était les changements de pied assurés.
Je n'ai jamais ressenti sensation pareille. J'avais l'impression de flotter. C'était comme s'il suffisait de penser pour obtenir, comme si tout se connectait. Il semblait y avoir d'infinies nuances dans les allures. Trot rassemblé, trot de travail, trot moyen, trot allongé? Tout ça ce sont des indications de reprise, cela c'est comme des couleurs primaires.
Le SF était moins bien dressé. Il n'avait pas la même qualité d'attention; il était par contre plus joueur et plus puissant. En somme, la sensation n'était pas aussi forte mais il était plus pratique et demandait moins de concentration à son cavalier: s'il était abandonné une foulée, quelques secondes, ce n'était pas un drame.
Il y en a eu un autre, l'an passé. Celui là, il était incroyablement puissant. il était du genre Totilas, mais en plus fin. Il était très attentif au cavalier, mais il coopérait moins: il se servait de son intelligence et de son ressenti pour trouver des "obstacles" au cavalier. C'était un super cheval d'école car si l'on ne faisait pas les choses correctement, il virait. C'était très simple ainsi. Si le cavalier faisiat les choses dans les règles, il faisait tout très bien et était aussi léger que l'anglo. Sans doute aurait-il été le meilleur des trois s'il s'était davantage laissé dressé. Il restait bien souvent moyennement contrôlable.
Ces trois chevaux étaient très différents. Ils étaient semblables sur au moins un point: ils semblaient froids à première vue mais une fois le vernis un peu gratté, c'était, chacun à leur manière, de vraies "cocottes minutes". La pression pouvant tourner bien... ou mal suivant l'état d'esprit du cavalier. il fallait les monter l'esprit libre. Il est sûr, en revanche, que chacun d'eux acceptait de se "laisser dresser". Ensuite, pour les allures et la morphologie, je ne saurais trop que dire car le cheval qui était le plus exceptionnel là dessus était issu d'une race habituellemnt peu réputée adéquate pour le dressage. Peut-être le sang de l'anglo qui couvait en lui compensait-il son manque de force. Les deux autres étaient très puissants.
les trois avaient une certaine ressemblance tout de même: ils avaient "de l'air sous le ventre" et ils avaient un dos assez court.