|  | Voici ce que dit le Dr Pradier :
"Herbivores et victimes privilégiées des prédateurs carnivores, les chevaux présentent un faible niveau d’agressivité, un niveau élevé de vigilance (ou excitabilité), des comportements innés relatifs à la sécurité (comme la fuite) que l’on constate prioritaires à tout autre comportement. Animaux sociaux, les chevaux en liberté s’organisent en petits groupes hiérarchisés avec un langage gestuel, voir vocal, et des comportements sociaux adaptatifs, comme comportement de conduite, morsures et ruades pour l’établissement de la hiérarchie, rites de toilettages mutuels, ou comportement d’approche et de déplacement conjoints. Comme dans les autres espèces, le cheval n’attend pas passivement le stimulus déclencheur de ces comportements innés, il s’y prépare par ce qu’on appelle des excitations endogènes, spécifiques de chaque comportement.
Régulièrement produites au niveau du système nerveux, ces excitations endogènes sont, de plus, susceptibles d’accumulation dans le cas où, en l’absence du stimulus déclencheur, elles ne seraient pas utilisées. Le sujet alors pourra, ou rechercher activement ce stimulus, ou effectuer un déclenchement sans stimulus, « à vide », épuisant ainsi cette accumulation.
Le meilleur exemple que l’on puisse en donner, est un cheval depuis longtemps au calme dans son box, qui, mis en liberté, va en général rester calme quelques instants, écoutant, regardant autour de lui, flairant le sol, puis partant brusquement dans un galop effréné ponctué de ruades, cabrioles, voir de cris aigus. Il a cherché le stimulus déclencheur, ne l’a pas trouvé et s’est décidé à épuiser « à vide » l’accumulation d’excitation endogène de sécurité, ici utilisé dans la fuite.
Dans les mêmes conditions, monté, la soumission aux aides va élever le seuil de déclenchement qui ne va plus pouvoir se produire « à vide » mais nécessiter un stimulus dont la ténuité va surprendre le cavalier ex : un objet se trouvant sur le chemin du box à la carrière et que le cheval a vu 100 fois). En l’absence de tout stimulus, le cheval va le rechercher, regardant partout, respirant rapidement pour humer des odeurs, hennissant même. Les cavaliers disent alors : « il a peur de tout » ou « il cherche à se faire peur »n ce qui est littéralement vrai. Enfin trouvé, le stimulus déclencherait arrêts, démarrages ou écarts, tous mouvements liés à la sécurité au même titre que la fuite.
A côté des comportements innés liés à la sécurité, les autres, liés à la cohésion sociale, à la sexualité, à la recherche de la nourriture, à la motricité, au repos, à la mastication, etc … sont sous la dépendance des mêmes processus complexes d’élaboration et de déclenchement. Ils sont, de plus, hiérarchisés dans leur mise œuvre, la sécurité étant prédominante sur tous les autres comportements. Cette hiérarchie est à peu près celle de l’ordre dans lequel nous les avons énoncés.
De plus, les excitations endogènes ont une production variable dans le temps, en fonction du milieu et de la saison. Les seuils de déclenchement eux-mêmes vont évoluer selon l’état de vigilance, le niveau des excitations endogènes et l’habituation du stimulus, voire de la saison et l’heure de la journée. " |
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